Deux anniversaires pour l’édition du Festival de musique de chambre 2015

Denis Brott et son violoncelle
Denis Brott, directeur artistique du Festival de musique de chambre © photo: courtoisie

Le Festival de musique de chambre de Montréal fondé par Denis Brott qui en est aussi le directeur artistique, propose une programmation très spéciale en l’honneur de son 20e Anniversaire.

Dans cette édition de 2015, dont la soprano Marie-Josée Lord se fait la porte-parole, le Festival se déroule au mois de juin avec une série pré-Festival de trois concerts qui a déjà commencée en mars et en avril et qui se poursuit en mai. Parmi les changements qui marquent cette 20e édition, il faut noter les différents lieux où se déploiera le Festival, à savoir le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, la salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal, la salle Pollack de l’Université McGill et la salle Oscar Peterson de l’Université Concordia.

Deux autres anniversaires majeurs de l’histoire mondiale seront associés à ce 20e anniversaire du Festival : la fin de la deuxième Guerre mondiale et la fin de la Shoah il y a 70 ans. « Ces deux moments bouleversants de l’Histoire m’ont incité à exprimer, en musique, l’incroyable pouvoir de l’esprit humain, [explique Denis Brott]. Cette année, le choix des artistes et du répertoire véhicule un message d’espoir. Ensemble, nous entreprendrons un périple musical qui célébrera l’extraordinaire résilience et le puissant instinct de survie de notre psyché collective. »

Et c’est ce qui fait que parmi la très riche programmation dont on peut prendre connaissance sur le site du Festival, j’ai retenu cinq concerts très différents mais qui promettent des moments exceptionnels et de grande émotion :

Le mercredi 10 juin, Salle Pollack de l’Université McGill, le pianiste Marc-André Hamelin partagera la scène avec le Dover Quartet. Leur programme comprend le Quatuor no 3, de Victor Ullmann, une œuvre composée au camp de concentration Theresienstadt en 1943, et le Quintette pour piano en fa mineur de César Franck.

Le vendredi 12 juin, encore Salle Pollack de l’Université McGill, le clarinettiste israélien Alexander Fiterstein, l’un des plus grands artistes contemporains, interprétera Contrastes de Bartók avec deux étoiles montantes du Québec, le violoniste Victor Fournelle-Blain et le pianiste Charles Richard-Hamelin. L’excellent Dover Quartet se joindra aussi à lui pour nous faire entendre aussi du Dvo?ák et du Brahms.

Le mercredi 17 juin, à la Salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts, ce sera un concert hommage au compositeur canadien Alexander Brott (1915–2005). Les membres de l’Ariel Quartet, un groupe de jeunes musiciens israéliens de grand talent se joindra à un ensemble de cordes où figurent le violoniste Jonathan Crow, le violoncelliste Denis Brott, le contrebassiste Ali Yazdanfar et des lauréats de la Banque d’instruments de musique du Conseil des arts du Canada, pour exécuter non seulement des œuvres d’Alexander Brott mais aussi la Symphonie de chambre en do mineur de Chostakovitch dédiée aux victimes de la guerre et du fascisme, et le quatuor La Jeune Fille et la Mort de Schubert.

Le jeudi 18 juin encore à la Salle Bourgie, le Festival célèbrera l’esprit humain en présentant deux œuvres du répertoire de musique de chambre du 20e siècle, interprétées par l’incroyable clarinettiste David Krakauer, l’Ariel Quartet, Denis Brott, Jonathan Crow et David Jalbert. Ces œuvres sont d’abord The Dreams & Prayers of Isaac the Blind, du compositeur argentin Osvaldo Golijov qui réfère à ce mystique du 13e siècle convaincu que l’alphabet hébreu offre l’explication de tout ce qui constitue l’univers. Ainsi la partition mélange de façon évocatrice le folklore juif, les chants liturgiques et la musique klezmer. Et le deuxième morceau ne sera rien de moins que le Quatuor pour la fin du temps, une œuvre éthérée et puissante d’Olivier Messiaen qu’il créa en 1941 quand il était prisonnier de guerre dans un camp allemand.

David Krakauer et sa clarinette
David Krakauer et sa clarinette © photo: courtoisie

Enfin et surtout, le samedi 20 juin toujours salle Bourgie, c’est le concert du clarinettiste David Krakauer qui aura retenu mon attention. Le klezmer, cette musique envoutante provenant des ghettos et villages juifs de Pologne, d’Ukraine et de Russie occidentale, connaît un succès croissant à Montréal et ailleurs. Si les musiciens populaires d’autrefois jouaient, surtout, lors des mariages et restaient des figures marginales au sein du monde juif d’Europe de l’Est, les klezmorim d’aujourd’hui sont considérés comme de vrais créateurs et d’éminents porte-parole du monde yiddish d’avant la Shoah. L’émigration de Juifs d’Europe aux États-Unis du début du 20e siècle, a aussi produit la rencontre du klezmer et du jazz, un mélange très réussi dont David Krakauer est le pur produit. Ses enregistrements de classique et de klezmer possèdent une sonorité brillante, une grande virtuosité et une imagination débridée. Son désormais célèbre Acoustic Klezmer Quartet fait de David Krakauer, l’un des plus grands musiciens de la nouvelle vague klezmer, dans le monde.

FESTIVAL de musique de chambre 2015 | 12 mars, 2 avril, 2 mai et du 6 au 21 juin à Montréal

Informations : http://www.festivalmontreal.org/fr