Première au Trident pour le Macbeth de Shakespeare en version contemporaine, avec une mise en scène saisissante de Marie-Josée Bastien et une traduction au goût du jour de Paul Lefebvre.
Écrite il y a plus de 400 ans, cette tragédie connue comme l’une des plus sombres de Shakespeare ne perd rien de sa puissance ni de son actualité. Servie par une mise en scène contemporaine et audacieuse, la pièce présente un général héroïque séduit par des prédilections alléchantes qui scelleront à jamais sa destinée. Costumes sombres à la coupe moderne, éclairage électrique et décor métallique, vous voilà spectateurs d’une guerre qui déchire l’Écosse et qui loue ses premiers héros.
À la suite d’un combat qui opposa l’Écosse à ses ennemis, le courage et la détermination du général Macbeth et de Banquo concourent à une victoire salutaire pour Duncan, roi d’Écosse. Grisés par leur succès, les deux compagnons sont rapidement troublés par les prédictions de trois sorcières mi-femmes mi-ombres qui leur susurrent des destinées glorieuses au-delà de leurs désirs. Interpellé thane de Cawdor puis futur roi, Macbeth se met à rêver d’une position suzeraine dans un pays où la primogéniture ne s’applique pas. Non en reste, Banquo est quant à lui désigné comme le père d’une lignée de rois, sans jamais être roi lui-même. Les ombres se dispersent et les paroles prometteuses laissent place au rire et à l’euphorie du récent triomphe. L’arrivée inattendue de nobles Écossais venus féliciter Macbeth de ses exploits réalise la première des prédictions pour le héros du jour en récupérant le titre du traître Cawdor, à l’instant déchu. Mais alors, si la première prédiction est vraie, cela signifie-t-il que la deuxième… ?
Hanté par l’ambition et avide de pouvoir, Macbeth imagine, rêve et échafaude les plans les plus diaboliques pour forcer le destin. Pris de doutes et de remords sur ses pensées obscures, son épouse Lady Macbeth, femme sans scrupules, l’encourage à accélérer la réalisation des prophéties, louant ses vertus d’homme quand il agit en bête. Acclamé en héros au sortir d’une bataille, il se transforme en régicide puis en tyran pour contrôler sa fortune. Superstition, obsession et fougue hantent l’espace et les personnages, les hallucinations deviennent incontrôlables. Le meurtre devient la solution devant les obstacles toujours grandissants, et le «sang attire le sang».
Les faiblesses et les passions du genre humain sont ici révélées au grand jour, on se trouve être les témoins d’actes sans cesse plus violents, barbares et il peut parfois suffire d’une parole pour précipiter une destinée.
Le jeu des comédiens est aussi mis en lumière par l’austérité des décors et le jeu des projecteurs, la bande sonore angoissante et stridente nous fait craindre le pire et anticiper les actions les plus noires, les personnages ont la mort aux trousses.
Confiant jusqu’à la fin, Macbeth méprisera les avertissements et les mises en garde, se jetant ainsi à corps et à raison vers une malédiction qui lui échappe.
Dernière pièce de la saison 2014-2015 au Trident, Macbeth est une pièce puissante à l’intrigue viscérale qui ne laissera indifférent aucun spectateur. Avec une mise en scène saisissante et audacieuse servie par des comédiens habités par leur rôle, cette première représentation est à couper le souffle. Préparez-vous à rencontrer Macbeth, ce héros devenu tyran.
Crédits photos : Courtoisie Le Trident
