Quotient Empirique : le bilan d’une rencontre

Quotient Empirique
Quotient Empirique

L’humain se réinvente à chaque rencontre et son rôle se transforme de relation en relation. C’est ce que nous propose le Groupe RUBBERBANDance avec Quotient Empirique, au terme de 10 ans de recherche sur le mouvement issu de plusieurs inspirations comme la danse classique, contemporaine, les arts du cirque et surtout, le hip-hop et la danse de rue. Du 21 au 23 mai 2015, au Grand Théâtre de Québec, en collaboration avec la Rotonde, six interprètes se croisent, se renient, s’imposent, s’affrontent, s’éprennent dans une chorégraphie de Victor Quijada, qui a depuis peu laissé les planches de côté.

Le style de Quijada est en fait une méthode qu’il peaufine depuis plusieurs années avec la codirectrice artistique du Groupe RUBBERBANDance, Anne Plamondon. L’amalgame parfait des influences disciplinaires avec la narration du corps permet une exploration complète d’une symphonie collective. Les danseurs sur scène comme une seule entité, une parcelle de sueur de l’un, de muscle de l’autre, additionnée de la souplesse de celui-ci ou de la force de celui-là : tout se mélange, se fractionne, se divise… Quotient Empirique. Même la musique originale de Jasper Gahunia se scinde, s’éclate, se segmente et atteint une fausse harmonie

Groupe RUBBERBANDance
Groupe RUBBERBANDance

envoûtante, entre violon et tambour, narration et opéra. Quijada compose une chorégraphie métronomique aux accents prononcés de waving et de popping. Entre deux vagues, les corps glissent les uns sur les autres, s’enroulent, s’entortillent. La précision dicte les mouvements de groupe et la synchronicité.

Séparé en plusieurs scènes, Quotient Empirique offre des solos, des duos, des trios et des chorégraphies des six danseurs. Trois gars, trois filles, pour l’équilibre et pour multiplier les possibles relations entre chacun. Le spectacle témoigne des corps qui mutent au contact de la société, aborde l’autre comme source de dépendance et de sevrage, teste le regret et la nostalgie, expérimente l’empathie et l’ostracisme… Quand la victime devient l’agresseur, quand l’amoureux laisse la personne qu’il aime, il y a adéquation et le drame humain opère.

Quelques petits écarts de synchronisme au début de la chorégraphie et les interprètes qui viennent visiblement de milieux artistiques différents rendent le spectacle une touche hétérogène. Quotient Empirique est tout de même visuellement très intéressant et s’insère dans le cadre d’une société individualiste moderne où le thème du contact de l’autre devient un enjeu. Pendant l’ovation instantanée du public, les artistes en profitent pour improviser sur scène à la hip-hop style, clin d’œil aux débuts artistiques de Victor Quijada, qui se joint à eux pour leur moment de gloire bien mérité.

Chorégraphie : Victor Quijada

Interprétation : James Gregg, Franklin Luy, Anne Plamondon, Zachary Tang, Lavinia Vago, Lea Ved

Musique : Jasper Gahunia

Régie son : Éric Tremblay

Lumières : Yan Lee Chan

Costumes : Julie Charland

Crédit photos : ©Michael Slobodian