Entrevue avec les artisans du film Ce qu’il ne faut pas dire de Marquise Lepage qui prend l’affiche le 29 mai.

Ce qu'il ne faut pas dire
Ce qu’il ne faut pas dire

Ce qu’il ne faut pas dire de Marquise Lepage prend l’affiche le 29 mai au Clap et au Cinéma Beaubien. Ce film parle du suicide, de deuil, de peur de l’engagement, mais le tout est traité avec amour et humour et au final, on en retient que c’est un film très lumineux. Un véritable tour de force, un film à voir!

Mon appréciation du film sera disponible dès vendredi le 29 mai sur ce site.

Voici mon entrevue avec les artisans du film qui étaient sur place après le visionnement :  La scénariste, réalisatrice et productrice Marquise Lepage, l’actrice principale du film Annick Fontaine et l’acteur de Québec Christian Michaud.

Synopsis

Annick, souffre d’une anomalie étrange : Elle ne supporte aucune déclaration d’amour. Son dernier amoureux en lice, Christian, ignore que pour Annick, l’amour est un sport extrême. Il l’apprendra brutalement lorsqu’il osera dire… ce qu’il ne faut pas dire….  Beaucoup de questions sont soulevées dans ce film, mais LA grande question est : Comment se libérer des souffrances que nous avons tuées hier… Afin qu’elles ne nous tuent pas aujourd’hui? 

Questions pour Christian Michaud

Parlez-moi un peu de votre personnage. Comment le voyez-vous? « Mon personnage, ce qu’on sait de lui c’est un gars qui aime la vie tout simplement. Il est un gars tendre, sympathique, heureux, avec une bonne base dans la vie. Et il a juste envie de transmettre son amour à Annick pour lequel il est tombé amoureux. »

C’était la première fois que vous travailliez avec Marquise comme réalisatrice? « Oui, je la connaissais de réputation, car c’est une grande documentariste québécoise. Et c’était vraiment un honneur pour moi de travailler avec elle. C’est Annick qui m’a mise en contact avec elle et m’a proposé pour le rôle.  Marquise est très humaine, très sensible et qui est à 100 % avec nous. C’est un beau partage d’idées et d’émotions entre elle et ses acteurs.» 

Et avec Annick, c’était la première fois aussi? « Effectivement. Annick et moi on se connait depuis le conservatoire, à une année de différence d’étude, mais on n’avait jamais travaillé ensemble. Et cela a été très agréable et facile de jouer ensemble. » 

De faire ce film, qui aborde des sujets lourds comme le suicide, la peur de l’engagement, le deuil, est-ce que cela vous a amené à vous poser des questions, ou amené des réflexions sur ces sujets? « Ce film je l’ai vu pour la première fois aujourd’hui. Comme j’ai perdu un ami dans les derniers jours, des suites d’une maladie, ce film a eu un effet important sur moi aujourd’hui. En regardant le film, on se rend compte qu’on ne veut jamais pousser plus loin les relations humaines. On a tendance à les rejeter dès que ça ne fait plus notre affaire. Et le lien que je fais avec la mort de mon ami, qui laisse derrière lui sa famille, ses enfants, c’est qu’on dirait qu’il faut perdre un ami pour se rendre compte combien c’est important la vie. L’humain ce n’est pas du jetable. Il y a des hauts et des bas dans des relations. Il faut les prendre et les gérer. Et le bonheur se trouve à travers le beau et le moins beau aussi. Il faut prendre le risque de plonger dans une relation. Et c’est en regardant le film que j’ai eu cette émotion. Les gens autour de moi, il faut que je leur dise que je les aime. C’est important, car ce n’est pas long la vie. »

Sur quoi travailles-tu présentement? Avez-vous d’autres projets? « Je commence à répéter Bousille et les justes qu’on va faire comme première pièce de théâtre à la Bordée la saison prochaine. Et je viens de finir Macbeth au Trident. Et je fais partie du parcours déambulatoire du Carrefour International de Théâtre de Québec qui se terminera le 6 juin prochain. Je fais partie de la station des Marionnettes dans Machineries. »   

Christian Michaud, Marquise Lepage et Annick Fontaine
Christian Michaud, Marquise Lepage et Annick Fontaine

Questions pour Annick Fontaine 

Parlez-moi un peu de votre personnage. Comment  la voyez-vous ? « C’est une femme dans la jeune trentaine qui a une peur de l’engagement et de l’amour. Elle accumule les relations, mais sans vraiment s’attacher. Elle trouve toujours quelque chose qui cloche pour terminer la relation. Cela lui vient de son enfance où elle a eu des douleurs, parce que tous les gens qu’elle aimait l’ont quitté, sont décédés. Elle s’est donc programmée pour ne plus tomber en amour. Elle aime l’amour, mais elle en a super peur.» 

Vous êtes également une productrice associée sur ce projet.  C’est quoi au juste comme mandat que vous aviez? « En tant que productrice associée, je n’ai pas investi de mon argent dans le projet (je n’en avais pas), mais j’ai investi de mon temps dans la production. Marquise m’a rencontré au théâtre, m’a offert le rôle principal de son projet et par la suite, faute de financement, le projet a été retardé.  Mais je tenais à faire ce projet, avec ou sans argent pour moi. Alors, je lui ai présenté des acteurs et actrices pour les auditions. Je me suis aussi impliqué dans l’organisation, la promotion, la page facebook.»

Il y a dans le film, plusieurs scènes de nudité partielle et de rapprochements avec divers acteurs. Est-ce difficile de faire ces scènes? Qu’est-ce qui a été le plus grand défi pour vous dans ce film? « Marquise a une manière très douce d’amener les choses, si bien que je me suis laissé guidé par elle et tout s’est bien déroulé. Le fait d’embrasser plusieurs gars, ce n’est pas plate du tout (rires). Pour les scènes de nudité, je suis à l’aise avec ça, car le contexte était bien défini. C’était justifié et naturel d’avoir de la nudité pendant les scènes d’amour. J’aurais été en fait plus mal à l’aise d’essayer de cacher mes seins, le plus possible à la caméra, et cela aurait semblé bien superficiel. Je me suis abandonnée à Marquise et j’avais entièrement confiance en elle.»

De faire ce film, qui aborde des sujets lourds comme le suicide, la peur de l’engagement, le deuil, est-ce que cela vous a amené à vous poser des questions, ou amené des réflexions sur ces sujets? « Ce film est pour moi comme une fable, qui exprime bien une réalité d’aujourd’hui, en 2015, alors qu’on a beaucoup peur de l’engagement, qu’on a tendance, à la moindre petite faille de lancer la serviette et passer à une autre relation. Et moi, en tant qu’actrice, pendant les 3 ou 4 ans où j’ai été associé à ce film, j’avais l’impression que ce personnage me rejoignait. J’avais l’impression de vivre la même chose qu’elle. Je me questionnais moi-même, pourquoi ça ne marchait pas dans mes histoires d’amour? Peut-être que moi aussi j’avais peur de l’engagement. Mais pas au point de penser au suicide par contre. » 

Sur quoi travailles-tu présentement? Avez-vous d’autres projets? «Cet été, j’ai un contrat de théâtre jeune public au Japon. J’ai bien hâte de partir. J’en ai fait beaucoup de tournées comme ça avant de tourner dans le film de Marquise, alors j’aime bien ça. Ensuite, Marquise va débuter un autre film, sur lequel je vais également travailler avec elle. » 

Questions pour Marquise Lepage 

Christian Michaud, Marquise Lepage et Annick Fontaine
Christian Michaud, Marquise Lepage et Annick Fontaine

Dans ce film, vous réussissez à parler d’un sujet tabou comme le suicide et de sujets lourds comme le deuil et la mort, mais de manière à ce que ce soit un film lumineux et rempli d’humour. Véritable tour de force. Vous avez scénarisé, réalisé et produit ce long-métrage de fiction sans aucune subvention, sur une période de 5 ans. Pourquoi y teniez-vous tant que ça à le faire?  Que voulez-vous que les gens en retiennent de ce film? « Mon projet c’est un film hybride qui faisait peur à plein de gens lorsqu’est venu le temps d’avoir des subventions. Mais moi, j’avais la conviction que ce film ferait du bien aux gens.  Et moi, j’avais besoin de le faire, de parler de ces sujets-là. Et en tant que créateur, je ne voulais pas qu’on m’impose par exemple d’enlever l’humour de mon film, ou de prendre une vedette pour attirer les foules.  Donc, je voulais faire le film que j’avais en tête, sans avoir à trop le transformer pour le goût des autres. Je voulais que ce soit drôle et que ça parle de sujets sérieux.  J’ai voulu mettre un petit côté documentaire tout en étant très claire que c’était un film de fiction que je faisais. Je n’avais pas envie de faire un film conventionnel.   Je voulais le faire à tout prix parce que je voulais créer un peu d’espoir et de lumière pour les spectateurs. Et ça me faisait du bien aussi à moi de le faire. Mais une chose est certaine, je n’aurais pas pu faire ce film sans Annick, qui a été d’une générosité sans borne.  »

Pour vous aider à financer ce film, vous avez utilisé en partie du sociofinancement (200 personnes pour un total de 17,000 $), en plus de vendre votre maison et plusieurs personnes ont travaillé bénévolement sur votre film. Pourquoi pensez-vous qu’autant de gens ont voulu vous aider à faire ce film ainsi? « Parce qu’ils m’aimaient! (rires). C’est très touchant en tout cas. Je ne sais pas en fait quelles étaient leurs motivations à chacune de ces personnes. Pour certaines personnes, cela leur a permis de se faire connaitre au cinéma. C’est donc donnant, donnant. Elles me donnent de leur temps et je leur donne de l’espace dans un film. Mais je suis convaincu que la plupart l’ont fait par générosité, car ils sont des gens extraordinaires. Je trouve ça très touchant!»

Dans le générique du début et de la fin du film, vous avez de la très belle musique qui nous fait embarquer tout de suite dans l’ambiance. Quelle était votre intention pour la musique et quelle commande aviez-vous passée à Vincent Bélanger pour la musique? «J’ai voulu laisser Vincent assez libre de créer ce qu’il voulait. (En passant, Vincent Bélanger est un musicien de Québec et c’était sa première musique de film, même s’il est un musicien accompli.) J’ai aimé un flash qu’il a eu de mettre des voix avec la musique. J’adore ça de la musique avec des voix sans paroles. Ce sont des voix de petite fille et d’une grande fille et le lien est parfait avec le film. Cette jeune femme adulte qui regarde son passé de petite fille et qui se réconcilie avec la petite fille qu’elle était. Donc, ces deux voix-là qu’on entend au début et à la fin, ça me touche, et me chavire chaque fois que je l’entends. » 

À part le financement, quels ont été les défis que vous avez dû surmonter pour faire ce film? « Parmi les défis, il y a eu celui de trouver un hôpital, ou en fait un endroit pour faire penser à une chambre d’hôpital. On a finalement réussi à trouver chez des amis qui sont dans une clinique. Aussi, tourner l’hiver dans le froid, ce n’est pas évident quand on n’a pas de camion pour se réchauffer. C’est l’équipe technique qui le subit le plus fortement. Mais le plus grand défi fut de jongler avec les horaires de tout le monde. Quand les gens avaient des contrats payants, alors ils leur donnaient priorité, c’est normal. Alors, je devais gérer tout cela.  »

Dans ce film, les acteurs conservent leur réel prénom, ceux qui sont nommés en tout cas. Pourquoi? Était-ce pour ajouter de la véracité au côté documentaire? « En partie oui, un petit clin d’œil au documentaire. Mais aussi un côté pratique et efficacité. Cela rendait le tournage plus fluide de n’avoir qu’un seul nom à retenir pour une même personne.» 

Sur quoi travailles-tu présentement? Avez-vous d’autres projets? « Je travaille sur deux projets. Le premier est un documentaire sur comment trouve-t-on l’amour maintenant, en 2015? Est-ce qu’on est encore traditionnel ou si c’est par le virtuel qu’on trouve l’amour? Et un projet de fiction, qui devrait se passer au Mexique. C’est une coproduction avec le Mexique et ce sera une histoire entre deux sœurs.»

Le film sera en salle dès le 29 mai prochain, au Clap et au cinéma Beaubien.

Fiche technique

Réalisation : Marquise Lepage

Scénario : Marquise Lepage

Décors : Christine Chevarie

Costumes : Geneviève Boulay

Photographie : Nathalie Lasselin

Montage : Dominique Champagne

Musique : Vincent Bélanger et Alexis Duval

Production : Marquise Lepage, Annick Fontaine

Société de production : Les Productions du  Cerf-Volant

Genre : Comédie romantique

Durée :86 minutes

 

Distribution

Annick Fontaine: Annick

Christian Michaud: Christian

Tova Roy : Tova

Édith Paquet : Édith

Ansie St-Martin : Ansie

Francis Martineau : Sébastien

Véronique Pascal : La psychologue

Frédérique Mousseau : Annick ados

Marie-Claude Michaud : Maman d’Annick

Hugo Lamarre : Papa d’Annick

Maxim St-Amant : Guillaume

Marc Auger-Gosselin : Le sportif

Clément Lepage : Le bouddhiste

Émile Schneider : Émile

Yvan Benoit : L’ homme marié

Marc-François Blondin : L’ermite

Roberto Mei : Le chauve

Danny Gilmore : Le comédien

Raymonde Gagnier : La psychiatre

Bande-annonce: https://vimeo.com/125259903

Facebook: https://fr-fr.facebook.com/CQNFPD

http://www.productionsducerf-volant.ca/

Crédit photo : Shirley Noel