Le film Partout ailleurs (Anderswo) a été présenté au public de Montréal, le mercredi 17 juin au cinéma Excentris sur la rue Saint-Laurent. Cette année 2015 marque en effet le 50e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre l’Allemagne et Israël. Et pour commémorer cet évènement, le Consulat général d’Israël à Montréal et le Goethe-Institut se sont associés pour présenter l’une des nombreuses coproductions cinématographiques entre Israël et l‘Allemagne de ces dernières années : Partout ailleurs de la réalisatrice israélienne Ester Amrami qui a remporté le prix Dialogue en perspective au Festival international du film de Berlin 2014.
Dans ce premier long métrage très réussi, Ester Amrami dresse le portrait de Noa, une jeune Israélienne qui vit en couple avec Jörg à Berlin. Toute sa famille demeure en Israël, dont une grand-mère très aimée, qui cristallise à elle seule les questionnements de sa petite-fille. Cette vieille dame merveilleuse qui parle de nombreuses langues (polonais, russe, yiddish, allemand et bien sûr hébreu) et dont on va assister aux derniers moments de vie, est une rescapée des camps de la mort où toute sa famille a été assassinée. Immigrée en Israël tout de suite après la guerre, son fils David y sera très vite tué comme soldat pour défendre son nouveau pays. Mais quarante ans après ce nouveau drame, elle pleure encore cet enfant, dont le prénom – David – a été donné au frère de Noa, un jeune homme quelque peu réticent à être soldat à son tour.
Le film rempli d’humour et d‘émotions nous présente la jeune femme de 33 ans à la croisée des chemins. L’Université de Berlin vient de refuser de lui attribuer la bourse qu’elle attendait pour son projet de recherche sur les mots intraduisibles dans les langues du monde. Son compagnon, musicien professionnel, est sur le point de devoir quitter Berlin pour aller vivre à Stutgart. Elle n’est pas prête à s’exiler encore. Sur un coup de tête et sans prévenir personne, Noa se rend à Tel Aviv, pour un séjour qu’elle pense ne durer que deux jours. Mais la réalité la rattrape. Sa grand-mère entre à l’hôpital d’où elle semble ne plus devoir sortir.
Si Noa et Jörg s’aiment profondément, leur relation israelo-allemande n’est pas sans difficulté. Quand Jörg arrive à son tour en Israël pour rejoindre la femme qu’il aime, le passé de son pays dont il se croyait sans doute à l‘abri le rattrape lui aussi. Avec des mots intraduisibles, ceux que Noa veut sonder à travers son sujet de recherche et dont de belles capsules vidéo sont présentés tout au long du film, Ester Amrami fait toucher avec beaucoup de délicatesse toutes les contradictions qui doivent être surmontées pour permettre malgré tout de vivre et de s’aimer. Noa se sent incomprise partout. Elle n’a d’autre choix que de vivre entre deux mondes tout autant problématiques l’un que l’autre.
Un beau film qui scelle l’amitié désormais très solide entre l’Allemagne et l’État d‘Israël.
De Ester Amrami, Israël-Allemagne, 2014, 87 min, couleur. Avec : Neta Riskin, Golo Euler, Hana Laslo Hana Rieber. En allemand, anglais, hébreu et yiddish avec sous-titres français.
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