La comédie musicale «Grease»: un spectacle électrisant et le succès de l’été

La comédie musicale «Grease»
La comédie musicale «Grease»

Créé en 1971 pour Broadway, «Grease» a été produit à maintes reprises à travers la planête en plus d’avoir été l’inspiration pour le film du même nom avec John Travolta et Olivia Newton-John. La musique, les paroles et le livret sont composés par Jim Jacobs et Warren Casey qui ont bâti leur carrière sur le succès de ce spectacle. Juste Pour Rire frappe un coup de circuit avec 25,000 billets vendus avant même la première, ce qui est un record pour une comédie musicale de JPR.  Mais ce qui m’a épaté le plus à la première, c’est l’équipe de talentueux chanteurs et surtout le renouveau apporté à ce spectacle qui nous fait oublier ces vieilles versions mielleuses.

La comédie musicale diffère quelque peu du film, mais elle raconte toujours les aventures d’adolescents de l’école Rydell High School en 1959. Le récit se concentre surtout sur l’arrivée d’une nouvelle étudiante, Sandy, qui sans le savoir, vient de passer l’été avec le second de la bande des T-Birds, Danny. L’orgueil de ce dernier et l’innocence de la petite nouvelle crée des tensions et des mésaventures. Sandy se joint à la bande des Pink Ladies qui aura tôt fait de parfaire son éducation. Le tout se termine sur une note joyeuse.

Les Pink Ladies et les T-Birds dans la chanson «Grease»
Les Pink Ladies et les T-Birds dans la chanson «Grease»

Le ton est donné dès les premiers instants avec la chanson «Grease» entièrement chantée sans orchestre en style Gospel par la troupe.  Nos oreilles sont charmées par les belles harmonies produites pour ce numéro mais aussi tout au long du spectacle.  Pour éviter le conventionnel et la répétition des autres productions de «Grease», une mise en scène originale et moderne donne une couleur renouvelée à ce classique de Broadway.  La traduction ne dérangera pas les plus traditionnels puisque plusieurs chansons clés comme «Summer Nights» sont conservées dans leur version originale tout comme certaines expressions («Grease Lightning»).  Par contre le passage du français Québécois au français international et vice-versa détone parfois.  Malgré la simplicité du décor, le visuel scénique est très réussi grâce aux éclairages soignées, aux superbes costumes et aux projections de fond de scène originales.  On aime beaucoup l’utilisation d’une (presque) vraie voiture sur scène, surtout lorsque Danny amène Sandy au ciné-parc, ce qui rend plus magique le moment.  L’ajout de trois danseurs-acrobates aux chorégraphies permet d’ajouter encore plus aux plaisirs des yeux.

Jason Roy Léveillée (Danny) et Annie Villeneuve (Sandy)
Jason Roy Léveillée (Danny) et Annie Villeneuve (Sandy)

Les deux interprètes principaux, Annie Villeneuve et Jason Roy Léveillée, brillent de tous leurs feux. L’ancienne star-académicienne qui joue Sandy surprend avec une belle interprétation vocale et réussit à jouer une Sandy toute douce, innocente mais aussi énergique.  Son «Hopelessly Devoted To You» démontre une voix solide et bien appuyée dans tous les registres, en jouant avec les nuances.  Jason Roy Léveillée, connu pour ses rôles d’adolescents rebelles à la télé et au cinéma, joue un Danny dynamique plus gros que nature, très expressif par ses mouvements, ce qui fait rire le public.  Il chante bien, sait jouer avec les nuances de sa voix, mais c’est quand il monte dans les aigus qu’il excelle en puissance. Son interprétation de «Sandy» est mémorable, avec un beau falsetto à la fin.

Normand Brathwaite (Vince Fontaine) en animateur de radio est à sa place puisqu’il y a travaillé de nombreuses années et joue finalement son propre rôle.  Peu habitué à chanter en solo, il est heureusement bien appuyé vocalement par les autres membres de la troupe et son DJ Johnny Casino joué par Jean-Marc Couture, gagnant de Star Académie en 2012.  C’est Jean-Marc qui interprète à merveille «Il pleut sur mon bal» et l’électrifiant «Born to Hand Jive», accompagné des danseurs, des acrobates et de Normand à l’harmonica.  Monik Vincent (Miss Lynch) joue une vieille fille et professeur d’anglais délicieuse, sans compter ses quelques pas de danse bien placés.

Gardy Fury (Ange gardien) dans la chanson «Retourne à l'école»
Gardy Fury (Ange gardien) dans la chanson «Retourne à l’école»

Dans les rôles secondaires, la production nous réserve de belles surprises.  À commencer par Gardy Fury (Ange gardien) qui fait l’effet d’une bombe atomique.  Dans son numéro «Retourne à l’école», il vole la vedette avec ses envolées vocales, son énergie et sa sensualité.  Il a une présence et une voix incroyable.  Joëlle Lanctôt surprend dans son interprétation de Rizzo, autant en jeu que vocalement.  Elle chante d’une voix chaude et puissante avec un vibrato bien placé.  On ne se lasse pas d’entendre son «Look at Me, I’m Sandra Dee» et «Flirter avec plein de beaux gars» (version francophone de «There Are Worse Things I Could Do»).  On remarque aussi Isabelle Giroux (Marty) pour sa bonne voix de poitrine et son énergie dans «Freddy mon homme».  Bryan Audet (Roger) impressionne aussi par la version francophone de «Mooning» avec sa voix chaude et accrochante.

Les numéros «Grease Lightning» et «We Go Together» offrent de belles trouvailles et montrent les talents de la troupe.  La finale «You’re The One That I Want» avec une partie en harmonie sans orchestre termine bien ce spectacle.  Et parlant d’orchestre, ils ne sont que cinq mais ça sonne comme une tonne de brique. Malheureusement parfois on a de la difficulté à entendre les paroles des chanteurs (surtout les garçons) à cause d’un mauvais équilibre de son occasionnel.  La nouvelle production de «Grease» de Juste Pour Rire est définitivement le succès de l’été.  Je recommande d’acheter vos billets tôt car ils partiront rapidement. C’est une des très bonnes comédies musicales des dernières années. Vous passerez une soirée très divertissante à fredonner tous ces airs connus.

Les T-Birds
Les T-Birds

Les bons coups: mise en scène renouvelée, bonnes voix et belles harmonies de groupe, chorégraphies acrobatiques, chansons entraînantes, excellent orchestre

Les moins bons coups: micros des chanteurs pas toujours assez forts

Équipe de création
Mise en scène: Andrew Shaver
Conseillère artistique: Denise Filiatrault
Traduction et adaptation: Yves Morin
Direction musicale: Guillaume St-Laurent
Chorégraphie: Annie St-Pierre

 

Les Pink Ladies
Les Pink Ladies

Distribution
Annie Villeneuve (Sandy), Jason Roy Léveillée (Danny), Normand Brathwaite (Vince Fontaine), Jean-Marc Couture (Johnny Casino), Matthew Raudsepp (Johnny Casino les 26 juin, 1er et 4 juillet), Gardy Fury (Ange gardien), Isabelle Giroux (Marty), Joëlle Lanctôt (Betty Rizzo), Philippe Touzel (Kenickie), Maxime-Olivier Potvin (Doody), Monik Vincent (Miss Lynch), Éléonore Lagacé (Patty Simcox), Bryan Audet (Roger), Mathieu Lorain Dignard (Sonny LaTierri), Jade Bruneau (Cha-Cha), Marie-Ève Perron (Jan), Dominic St-Laurent (Eugène) et Gabrielle Fontaine (Frenchy).
Acrobates: Publio Alberto Rabago, Charlotte O’Sullivan et Nicolas Jelmoni.

Orchestre
Guillaume St-Laurent, William Côté, Nicolas Bédard, Paul Audy et Philippe Bouffard.

 

Présenté en français au Théâtre St-Denis 1 (1594 rue St-Denis, Montréal) du 17 juins au 8 août 2015.
Billets disponibles (40$-129$) sur  http://www.hahaha.com/fr/show/grease ou par téléphone 514-790-1111.

Photos: Vivien Gaumand (Juste Pour Rire)