Léo: une course contre la honte», un point de vue original et audacieux sur le cheminement d’un jeune homosexuel

Alexandre Iannuzzi dans «Léo: une course contre la honte»
Alexandre Iannuzzi dans «Léo: une course contre la honte»

Produite par «Productions Boy About Town», commanditée par «Fierté Montréal» et «Fugues», la pièce de théâtre «Léo: une course contre la honte» est présentée au Café Cléopâtre du 11 au 23 août prochain. Cette pièce, écrite par le Montréalais Puelo Deir, est inspirée de moments de vie de ce dernier pour créer l’environnement dans lequel évolue Léo qui est le seul personnage sur scène. Joué par une jeune finissant en art dramatique, Alexandre Iannuzzi, la mise en scène de Philippe Gobeille se veut à la fois sobre et poignante pour raconter les étapes de la découverte de soi d’un jeune gay de 17 ans, Léo.

Après le succès de «St-Jude du Village» l’an dernier, la même équipe de création revient avec une tragi-comédie crue et audacieuse. Le binôme Puelo et Philippe est une combinaison gagnante: Puelo utilise souvent la musique dans ses pièces pour établir le contexte, et Philippe est un expert des mises en scène de comédies musicales. J’ai pu m’entretenir avec le metteur en scène, Philippe Gobeille, et pour terminer avec l’interprète de Léo, Alexandre Iannuzzi. Philippe explique que Puelo Deir a d’abord écrit la pièce en anglais pour le Festival Fringe il y a quelques années, mais Philippe en a fait une traduction qui détache Léo de l’auteur pour lui donner plus d’indépendance, et qu’Alexandre lui donne un autre niveau d’autonomie. «Ici, la musique sert à compléter les idées du personnage» dit-il. Il explique que Léo raconte sa vie de sa naissance à ses 17 ans, tout seul sur scène dans l’univers où il est à l’aise, le vestiaire sportif. «Léo a vécu son expérimentation sexuelle de façon précoce et il a franchi beaucoup d’obstacles trop tôt dans sa vie ou dans les pires conditions possibles, ce qui amènera Léo à découvrir qui il est, malgré que sa seule solution est toujours la fuite» révèle-t-il. Ironiquement, à force de fuir, il découvre la course et devient un athlète. «Sera-t-il sauvé à la fin, il faut venir voir pour le savoir!»

Philippe Gobeille (metteur en scène)
Philippe Gobeille (metteur en scène)

Selon le metteur en scène Philippe Gobeille, on peut catégoriser en trois groupes les thèmes de la pièce. Ceux dont Léo parle facilement, comme son attirance envers les garçons, son conflit culturel ayant eu un père anglophone et une mère francophone et la misère dans laquelle il a grandi. Suivent ceux qui échappent au filtre de sa pensée à cause de son déficit d’attention, comme ses désirs, ses fantasmes et ses ambitions. Puis les thèmes qu’il n’aborde pas parce que trop jeune pour en parler et qui sont sous-entendus. «Il y a deux histoires en une: celle qui est racontée par Léo et l’autre qu’on comprend en lisant entre les lignes» avoue-t-il. Mais l’originalité du spectacle c’est d’avoir le point de vue d’un enfant à différentes étapes de sa vie, comme lorsqu’il raconte à ses 6 ans les premières péripéties à connotation sexuelle vécues. Il conclut «Je veux que le spectateur perçoive la vulnérabilité puérile dans laquelle on se retrouve quand on est confronté à une situation inconnue et qu’on se sente désemparé, comme si on était un oiseau fraîchement sorti de l’oeuf.»

Alexandre Iannuzzi explique qu’il est heureux de jouer Léo, un «jeune homme qui n’a jamais eu la chance de s’épanouir et qui s’empêche d’être lui-même, car tout le monde a toujours été contre lui, alors il se cherche en s’éclatant dans les partys et la drogue». Léo est un être oppressé, qui manque d’encadrement avec le rejet de son orientation sexuelle et de sa culture. «C’est le but de trouver qui il est vraiment à la fin» dit-il. «Sortirais-tu avec Léo?» lui ai-je demandé. «Oui pour le Léo de la fin, mais absolument pas avec celui au début: contrairement à Léo, je suis un enfant sage et Léo est toujours en train de fuir, je ne réussirais jamais à le rattraper».

Puelo Deir (auteur)
Puelo Deir (auteur)

Le spectacle est présenté au Café Cléopâtre pour deux raisons bien spéciales. Premièrement c’est une pierre angulaire pour la communauté LGBT. Ensuite c’est aussi un des endroits que fréquentait Léo quand il a commencé à sortir dans les bars. D’une durée de 90 minutes avec entracte, «Léo: une course contre la honte» promet d’être une réflexion profonde et intense sur des expériences de vie dont plusieurs pourront s’identifier.

Équipe de création
Texte original: Puelo Deir
Mise en scène et adaptation francophone: Philippe Gobeille

Distribution
Alexandre Iannuzzi (Léo)

 

Présenté en français du 11 au 23 août 2015 au Café Cléopâtre (1230 Boul. St-Laurent, Montréal) à 20h.
Billets (27$) disponibles sur http://lepointdevente.com/billets/?m=0&t=0&v=cafe-cleopatre&q=leo

Lien: http://boyabouttown.ca/

Photos: Matthew Clemente