« J’eux », un spectacle de marionnettes pour sensibiliser au drame des enfants soldats

Lucile Prosper, qui co-dirige avec Mathieu Marcil la compagnie Aluma, est une jeune marionnettiste installée depuis quatre ans à Montréal. Dans un spectacle solo de 45 minutes conçu pour les enfants de 11 à 111 ans, elle ose évoquer avec des termes simples – et sans jamais se priver de poésie et d’humour – du drame des enfants soldats que l’on retrouve un peu partout dans le monde.

J'eux © Photo de courtoisie
J’eux © Photo de courtoisie

Etre enfant soldat, cela signifie obéir à chef – parce que c’est le chef – et être amené à commettre des atrocités sur autrui et sur soi-même, sans jamais faire intervenir son propre jugement critique.

Lorsque l’on regarde le monde autour de soi (et au lendemain de la série d’attentats effroyables qui ont frappé la France au cœur de sa capitale), il semble bien difficile de parler d’un sujet pareil sans précipiter le spectateur dans l’horreur et le cauchemar le plus sombre. Aussi la compagnie Aluma a-t-elle choisi de monter un spectacle de marionnettes et d’objets en abordant le sujet de façon très légère, pour donner juste à réfléchir sur les conséquences des actes que chacun de nous peut poser dans sa vie.

La qualité du spectacle vient paradoxalement de la simplicité des objets et des marionnettes à gaines utilisés. Avec un castelet mobile, un rideau et une estrade, quelques balles de tennis grimaçantes, des marionnettes aux visages simples faits d’une sphère ou d’un cube avec des yeux ; et la présence de Lucile qui joue le rôle d’un garçon un peu bête et gentil mais qui fait partie des soldats enrôlés avec son amie Myriam.

Victimes ou bourreaux ? La pièce pousse le spectateur à considérer les enfants enrôlés comme des victimes, alors qu’ils sont quand même bourreaux. Sans doute le chef exerce-t-il une influence sur eux. Une idéologie forte et dévastatrice est probablement en arrière fond. Mais il faut des personnes pour agir.

J'eux © Photo de courtoisie
J’eux © Photo de courtoisie

Dans la réalité, les enfants enrôlés n’ont souvent pas le choix. La bande dans laquelle ils s’insèrent les oblige – sous peine de mourir eux-mêmes – à assassiner leurs propres familles. Et ce rite d’initiation terrible accompli les transforme à la fois en combattants efficaces et sanguinaires, et en chair à canon. De tout cet arrière-plan, le spectacle J’eux ne parle pas vraiment et c’est tant mieux.

La performance de Lucile Prosper est excellente ; sa manière de débuter le spectacle en interpellant le public, des plus originales ; entre son visage qui apparaît et ses mains couvertes ou non de marionnettes, ce sont plusieurs personnages plus ou moins recommandables qu’il nous est donné de découvrir.

Le spectacle sera donné cet hiver à Yaounde au Cameroun. Mais avant cela, il est possible encore d’y assister à Montréal, le samedi 14 novembre à 14.00 à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal et le 26 novembre au Mainline Theater.

J’eux de Lucile Prosper et Mathieu Marcil

Avec Lucile Prosper et ses marionnettes à gaine

Informations : http://facebook.com/alumacompagnie

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