Entrevue avec les artisans du film Les êtres chers qui prend l’affiche au cinéma dès le 20 novembre

Anne Émond et Karelle Tremblay pour les êtres chers
Anne Émond et Karelle Tremblay pour les êtres chers

Les êtres chers, le tout nouveau long métrage d’Anne Émond, mettant en vedette Maxim Gaudette, Karelle Tremblay, Valérie Cadieux, Mickaël Gouin et Louise Turcot arrive sur nos écrans de cinéma le 20 novembre 2015. Un film à la fois sombre et lumineux, qui parle des relations familiales, de l’amour entre un père et sa fille, mais aussi de la sournoise dépression qui mène au suicide et les effets d’un tel acte sur la famille immédiate. Il faut voir ce film, pour se donner le goût de vivre, même si ce film parle du suicide, car au final, ce film est une belle leçon de vie. On en ressort en se disant qu’il fait bon de vivre!

J’ai rencontré la scénariste et réalisatrice du film Anne Émond ainsi qu’une des actrices du film Karelle Tremblay.

Mon appréciation du film est disponible via ce lien :

https://info-culture.biz/2015/11/19/les-etres-chers/#.Vk5-RNIvfvY

Synopsis

Le film suit les destins de David et de sa fille Laurence. L’histoire débute en 1978 dans un petit village du Bas-St-Laurent, alors que la mort tragique de Guy ébranle la famille Leblanc. Pendant de nombreuses années, la cause réelle de son décès est cachée à certains membres de la famille, dont son fils David. À son tour, celui-ci fonde une famille avec sa femme Marie. Il élève ses enfants, Laurence et Frédéric, avec tout son amour, mais porte au fond de lui un vague à l’âme persistant. Les êtres chers est un film sur l’amour filial, le secret, la transmission et la rédemption

Anne Émond
Anne Émond

Questions pour Anne Emond

Comment vous est venue l’idée de ce scénario ?

«Cela fait 15 ans que je sais que j’allais raconter cette histoire. Ce n’est pas autobiographique, mais il y a certaines choses dans mon histoire personnelle familiale qui m’a amené à écrire sur ce sujet. J’ai inventé énormément dans cette histoire, mais il y reste des personnages, des secrets de famille qui viennent de moi là-dedans. Donc, je crois que cela m’a permis de parler de ce sujet délicat, de manière tendre et délicate. C’est du moins ce que j’ai essayé de faire

Comment s’est fait le choix des acteurs principaux, Maxime et Karelle ?«On savait, moi et les producteurs du film que le casting des personnages principaux serait crucial. C’est vraiment un film de personnages, de famille, alors il fallait qu’on y croie à cette famille. On a donc commencé par trouver Maxime Gaudette par les auditions. Et bien que j’aime beaucoup Maxime comme acteur, je l’associais plutôt à des rôles plus durs et obscurs. Je ne m’attendais pas qu’il soit parfait pour le rôle, jusqu’à ce que je le vois en audition. Maxime est lui-même papa de deux jeunes enfants. Et c’est là que j’ai vu qu’il avait toute la douceur et la sensibilité qu’il fallait pour ce rôle. Par la suite, on a trouvé Karelle beaucoup plus tard. On a vu 40 filles en auditions. Il fallait une jeune comédienne de 20 ans ou moins, capable de jouer autant une fille de 15 ans qu’une autre plus mature de 20 ans et avec la capacité de jouer de grosses scènes d’émotions. Quand on a vu Karelle, on a su que c’était notre Laurence. Ensuite, on a composé le reste de la famille autour d’eux, tout en essayant de faire découvrir de nouveaux visages autant que possible. »

Comment s’est créée la complicité entre les acteurs de cette petite famille ?«Une chose qui a beaucoup aidé c’est qu’on a tourné à 4 h 30 de Montréal, dans le Bas-Saint-Laurent, à Notre-Dame-du-Portage. Ce qui fait qu’on était toute l’équipe, une quarantaine, incluant les techniciens, sur le bord du fleuve, dans des petits chalets. Tous les soirs, il y avait des soupers, des partys, des feux, on riait et donc, on sentait une ambiance familiale ou fraternelle qui s’est développée

Une grande partie du film se situe à la maison familiale de David, dans le bois, ou sur le bord de l’eau. Comment et où avez-vous trouvé cet endroit paradisiaque ? «Je suis originaire de Saint-Roch-des-Aulnaies, donc j’ai grandi à côté de La Pocatière. Pour trouver cet endroit, on est parti en repérage en voiture, à Montmagny et on a roulé jusqu’à Rimouski, qui était pas mal la limite qu’on pouvait se permettre. Et on cherchait quelque chose de bien précis. La maison, un peu figée dans le temps, sur le bord de l’eau, avec rien qui ne bloque la vue et une forêt à l’arrière. Quand on est arrivé devant cette maison, il pleuvait dehors, et en sortant de l’auto, il a arrêté de pleuvoir et il y a eu un arc-en-ciel, comme si on avait là un signe de Dieu (haha)! Et les gens qui possèdent la maison ont été hyper généreux avec nous. »

La musique est magnifique dans ce film. Comment s’est fait le choix des pièces musicales, et quelle était votre intention avec la musique ? « La plupart des chansons étaient écrites au scénario. Dès le début je savais qu’il fallait aller libérer les droits pour des pièces comme La bamba, puis la chanson de Gilles Vigneault, qui faisait vraiment partie de l’histoire. Et plusieurs de ces chansons permettaient de traverser le temps. Par exemple, la pièce Live is Life, c’est les années 80, cela a marqué cette époque. Donc, je pouvais marquer le passage du temps avec une chanson. Pour la collaboration avec Martin Léon, cela s’est fait au tout début. Il a lu le scénario et il a composé une mélodie qui lui a été inspirée par mon film mélancolique, tendre et généreux. Je voulais que la musique aussi accompagne et adoucisse les moments difficiles. Pas besoin de gros violons pour faire pleurer. C’est assez triste comme ça. Et Martin Leon a aussi eu la lourde tâche de créer une chanson pour remplacer une pièce dont on n’a pas pu obtenir les droits. Et cette chanson était nécessaire pour un moment-clé du film, à des funérailles et Martin a composé une pièce très belle et de circonstance.»

Vous avez eu plusieurs visionnements du film à ce jour, je crois, dans plusieurs festivals ?«Ça fait un petit bout de temps que le film circule.  La première fois cela a été au mois d’aout, où on a présenté le film en première mondiale à Locarno en Suisse. Depuis, il a été présenté dans une dizaine ou sinon une quinzaine de festivals. Et là, on a fait une première à Montréal, Toronto et maintenant à Québec.» 

Avec un sujet aussi difficile que le suicide, la dépression, est-ce que vous avez eu des réactions, commentaires de gens sur le sujet, au cours des projections que vous avez eues à ce jour ? «La réaction des gens a été très bonne. Une réaction très émotive même. Les gens sont restés pour la période de questions-réponses. On a remarqué que durant le film, tout le monde sortait les mouchoirs en même temps. Tout le monde riait en même temps. Et il y a des gens de tous les âges qui ont vu le film et ont tous réagi de la même façon. Que ce soit une grand-mère, un frère, un adolescent, un père de famille. Comme tout le monde a une famille, même s’ils ne vivent pas les mêmes drames que dans le film, ils se reconnaissent quand même dans l’histoire d’une famille avec leurs hauts et leurs bas, leurs propres drames, peines et deuils. Et il est certain qu’avec le sujet de la dépression et le suicide, après la projection il y avait toujours quelqu’un pour venir me voir et me dire qu’il avait reconnu son frère, son père, son ami, sa sœur, etc…Mais les plus beaux compliments qu’on a dit à la suite de la projection, c’est que cela leur a donné le goût de reconnecter avec leur famille, d’appeler leurs proches pour leur dire qu’ils les aiment. »

Karelle Tremblay
Karelle Tremblay

Questions pour Karelle Tremblay

Qu’est-ce qui te plaisait dans l’idée de jouer ce rôle dans ce film ?«Mon personnage vit des deuils, des pertes des drames familiaux que je n’ai jamais vécus. Et en tant qu’actrice, c’est un défi de pouvoir jouer des choses que je n’ai jamais eu l’occasion de ressentir. Le scénario était très fort et cela m’était vraiment rentré dedans quand je l’ai lu.» 

Vous semblez avoir une belle complicité Maxime et toi. On croit vraiment à cette relation père-fille. Cela s’est-il fait facilement cette complicité ?« Je pense que Maxime et moi, on est des comédiens très instinctifs. Alors je ne pense pas qu’on a eu besoin de se créer une zone, de se rencontrer avant pour se développer une chimie. On a été complice tout de suite.»

Belle transformation, de jeune adolescente aux cheveux rouges, à jeune universitaire en contrôle de sa vie. Qu’est-ce qui a été un défi pour toi sur ce tournage ? Est-ce justement de jouer une fille plus jeune, puis une fille plus mature de 20 ans ?« Au moment du tournage, j’avais 18 ans, donc j’étais vraiment entre les deux âges à jouer. Mais le défi de jouer des âges différents ce n’était pas si complexe. C’était vraiment de jouer des émotions que je n’ai jamais vécues. Pour le reste, tout a été fait de manière naturelle. Il y a Anne qui m’a guidé à l’occasion, et le fait qu’elle me faisait entièrement confiance, qui a probablement fait en sorte que cela a semblé tout naturel pour moi. » 

Tu as été sélectionnée à titre de Rising Star au TIFF 2015 pour ton rôle. Que penses-tu de ce titre ? ça amène de la pression ? des opportunités ? «C’est certain que de recevoir ce titre, cela a de quoi de valorisant, à se faire dire que les gens aiment notre travail, et que tu mérites d’être là. En plus, de savoir qu’ils sélectionnent 4 personnes, dont 2 au Québec chaque année, c’est très intéressant. Et par la suite, on peut sentir une pression, oui à recevoir un tel titre et ce que ça implique ce programme. Par la suite, je dirais qu’à court terme cela m’a donné de la visibilité, et à long terme, on verra bien. »

Le film prend l’affiche au cinéma le vendredi 20 novembre 2015

David : Maxim Gaudette

Laurence : Karelle Tremblay

Marie :  Valérie Cadieux

André :  Mickaël Gouin

Aline :  Louise Turcot

Simon Landry-Desy

Antoine Desrochers

 

Durée : 102 minutes

 

SCÉNARIO et RÉALISATION   Anne Émond

PRODUCTION   Sylvain Corbeil et Nancy Grant

IMAGE    Mathieu Laverdière

DIRECTION ARTISTIQUE     Éric Barbeau

COSTUMES   Patricia McNeil

PRODUCTION DÉLÉGUÉE    Germain Petitclerc

ASSISTANCE À LA RÉALISATION    Cédrick Kluyskens

MAQUILLAGE  Kathryn Casault

COIFFURE  Martin Lapointe

SON    Marcel Chouinard, Simon Gervais et Luc Boudrias

DIRECTION DE POSTPRODUCTION    Mélanie Gauthier

MONTAGE         Mathieu Bouchard-Malo

MUSIQUE ORIGINALE    Martin Léon

Studio de production Metafilms

Distributeur au Québec

Les Films Séville

 

Crédit photos :  Réjeanne Bouchard