Émotion et splendeur pour « Pelléas et Mélisande » au TNM

Pelléas et Mélisande © Yves Renaud
Pelléas et Mélisande © Yves Renaud

À la fin du XIXe siècle, beaucoup ont dû se demander ce qui distinguerait le théâtre du tout nouveau cinématographe. Représentée pour la première fois en 1893 sur une scène parisienne, Pelléas et Mélisande, la célèbre pièce de l’écrivain belge Maurice Maeterlinck, était contemporaine des débuts de ce septième art qui envahirait nos salles. C’est que contrairement au théâtre, la mobilité de la caméra allait permettre des changements de scène, du montage et de très gros plans sur les visages des personnages.

Plus de cent ans après, Christian Lapointe prend le parti du mélange des genres et propose une mise en scène à couper le souffle de ce texte mystérieux et intemporel de Pelléas et Mélisande.

Pelléas et Mélisande est un drame de la jalousie conçu comme un conte populaire dans un temps mal défini. Avec ce type de récit, un chasseur égaré dans la forêt risque bien de rencontrer près d’une fontaine une créature surnaturelle et attirante, mais qui causera sa perte.

Trois protagonistes principaux pour ce drame : Golaud un veuf d’âge mur, Mélisande d’aspect très jeune mais aussi très fragile, et Pelléas, demi-frère de Golaud et modèle d’indécision quant à ce qu’il doit faire, partir rejoindre son ami mourant ou demeurer au chevet de son père. Quand Golaud chassant perd son chemin et rencontre Mélisande dans une forêt profonde, celle-ci s’est enfuie on ne sait d’où. Elle est incapable de dire qui lui a fait du mal ou qui lui a donné cette couronne désormais au fond des eaux et qu’elle refuse de récupérer. Mélisande finira par suivre Golaud pour l’épouser mais croisera ensuite le jeune Pelléas sur son chemin…

Toute l’atmosphère de mystère du texte et de ses personnages – spécialement Mélisande dont la chevelure incroyablement longue en fait une créature de l’au-delà dont il est difficile de percer les sentiments – est appuyée avec un talent incroyable par le jeu des acteurs et la mise en scène cinématographique et en direct de Christian Lapointe.

Pelléas et Mélisande © Yves Renaud
Pelléas et Mélisande © Yves Renaud

Pelléas (Éric Robidoux) et Mélisande (Sophie Desmarais) sont d’une beauté incroyable. Leurs visages émus projetés sur d’immenses écrans à la fois opaques et transparents produisent un trouble d’émotion extrême chez le spectateur. Les décors reproduits sur des maquettes miniatures se projettent en noir et blanc par le biais d’une petite caméra, pour offrir le spectacle d’un château médiéval, d’un ruisseau ou d’une grotte profonde et particulièrement étrange, voire des coulisses d’un théâtre pour une sorte d’intermède humoristique. Du coup, ce texte très beau mais dont on aurait pu craindre l’austérité devient un pur moment d’enchantement sans la moindre lassitude pour le spectateur. Les quelque deux heures de spectacle ne suscitent pas une seconde d’ennui et le spectateur sort de la salle ému et troublé, la tête pleine d’images splendides et émouvantes. Une très grande réussite !

Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck, du 12 janvier au 6 février au TNM à Montréal

Mise en scène Christian Lapointe

Avec Sylvio Arriola, Marc Béland, Lise Castonguay, Sophie Desmarais, Éric Robidoux, Paul Savoie, Gabriel Szabo

 Conseillère dramaturgique Andréane Roy

Conception Geneviève Lizotte, Elen Ewing, Martin Sirois, Lionel Arnould, Nicolas Basque, Claire Renaud, Sylvie Rolland Provost

Assistance à la mise en scène Alexandra Sutto

Informations : www.tnm.qc.ca

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