Rencontre de presse avec les artisans du film Premières Neiges

Paul Doucet, Michael Rowe, Serge Noel (producteur)
Paul Doucet, Michael Rowe, Serge Noel (producteur)

Réalisé et scénarisé par Michael Rowe, Premières neiges (Early Winter), une coproduction Australie-Canada, a été tourné à Montréal en décembre 2014. Le film met en vedette dans le rôle du couple de parents en proie aux aléas de la vie moderne, Suzanne Clément et Paul Doucet. Micheline Lanctôt, Lise Martin, Didier Lucien, Céline Bonnier et Alexandre Marine complètent la distribution. Le réalisateur ainsi que Paul Doucet et le producteur Serge Noël étaient présents à Québec après la projection de presse pour répondre aux médias sous forme de rencontre de presse. Mon appréciation du film  se retrouve ici :

https://info-culture.biz/2016/01/29/premieres-neiges-early-winter-avec-paul-doucet-et-suzanne-clement-en-salle-des-aujourdhui/#.VqtNsdLhDvY

Voici un résumé de cette conférence de presse.

 Résumé

David, la quarantaine, mène une existence routinière avec sa femme Maya et leurs deux enfants. Pour combler son épouse des derniers gadgets, il travaille seul jour et nuit comme concierge dans une maison de retraite. Mais quand il commence à soupçonner que Maya le trompe, c’est toute son existence qui vacille, le passé menaçant de tout emporter sur son passage.

Ce film a été écrit par l’Australien Michael Rowe en anglais, mais une grande partie du film se passe en français. Comment s’est faite l’adaptation entre les deux langues, car Michael ne parle pas français?

Paul Doucet
Paul Doucet

Paul Doucet «Le scénario a été écrit en anglais d’abord, puis de grandes portions ont été traduites, de base par la script. Mais surtout, Michael a fait énormément confiance aux acteurs sur place pour s’approprier le texte, mis dans leurs mots et même improvisé parfois, avec dans l’idée de respecter l’essence de ce que Michael voulait dire et voir dans la scène. Pour ma part, j’étais un peu son oreille française. Notre collaboration date d’un peu plus d’un an sur le projet. Alors, il avait confiance en mon opinion pour juger d’une scène, si le résultat voulu y était. » 

Michael Rowe (en anglais que je traduis) : «Je travaille en étroite collaboration avec les acteurs, et ce, dans tout ce que je fais. Je les vois comme mes partenaires de création lorsque je fais un film, plus que quiconque. J’ai été très choyé d’avoir de très bons acteurs qui comprennent les dialogues en profondeur. Et Paul a aidé beaucoup pour ajuster les dialogues par exemple. »

Votre langue maternelle est l’anglais, mais vous tournez des films majoritairement en espagnol ou comme ici en grande partie en français. Pourquoi? Et d’où vous est venue l’idée de ce film? Michael «J’ai quitté l’Australie pour aménager au Mexique, il y a 22 ans et j’y vis maintenant avec ma petite fille en autres. Je connais donc bien la réalité biculturelle, d’avoir une famille, dont la langue maternelle, n’est pas la même que la majorité des gens autour. Donc j’ai dû m’adapter et tourner en espagnol pour pouvoir travailler. Pour ce qui est de ce film en particulier, j’ai rencontré Serge, il y a 4 ans, au festival du film de Guadalajara. On a eu une conversation ensemble. On parlait de l’hiver au Canada. Comme je viens de l’Australie où il fait chaud et même du Mexique où on ne connaît pas l’hiver non plus, Serge me parlait des effets psychologiques d’un long hiver, comment les signes de dépressions surviennent vers la fin de l’hiver et comment cela peut avoir des effets négatifs dans un couple par exemple. Le fait de ne pas voir le soleil autant, et d’être encabané pendant si longtemps à l’intérieur de nos quatre murs ensemble peut agir négativement sur le couple. Et cela m’a fasciné et a été ma prémisse pour ce film.» 

Comment s’est fait le casting, puisque vous ne connaissiez pas les acteurs québécois?

Scénariste et réalisateur Michael Rowe
Scénariste et réalisateur Michael Rowe

Michael «J’ai collaboré avec Bruno Rosato pour le casting, mais au final, c’est moi qui ai choisi tous les rôles. Et une fois que le rôle principal a été donné à Paul, ce fut surtout avec ce dernier que j’ai collaboré pour trouver les autres acteurs pour les divers rôles. Lorsque j’ai auditionné Paul, ce que je recherche toujours chez l’acteur, c’est l’émotion qu’il va engendrer en moi. Ce n’est pas important le physique, comment cela a l’air à la caméra, c’est le feeling qu’il dégage pour moi. Et pour l’audition de Paul, on a fait la scène au bord du précipice puis à la table de cuisine et Paul m’a littéralement amené les larmes aux yeux. Alors, j’ai su que c’était lui.» 

Serge Noel «Comme Michael n’avait pas de type prédéfini qu’il recherchait dans le rôle principal, il a été assez difficile pour moi d’aller voir les agents de casting pour leur demander de me proposer des acteurs. Donc, ce que j’ai fait, c’est que j’ai proposé plusieurs acteurs de grand talent que je respectais beaucoup et dont je pensais qu’ils pouvaient être différentes façons de voir le personnage.» 

Michael «Pour la suite du casting, Paul m’a aidé beaucoup, en suggérant plusieurs personnes pour les divers rôles, comme Didier Lucien et Céline Bonnier. Même chose pour Micheline Lanctôt, une actrice exceptionnelle, il me l’a suggéré, mais il l’a aussi appelé pour la convaincre de participer à ce projet. Malgré qu’elle fût assez occupée avec son propre film qu’elle finalisait, elle a accepté de venir tourner avec nous. Ce fut seulement une journée de tournage, mais tellement une superbe rencontre avec elle, une réelle connivence s’est développée. » 

Paul «Effectivement, je lui ai proposé Micheline, même si le casting initial de ce rôle était plutôt celui d’une femme frêle, en fin de vie. On aurait plutôt dit du style de Jeannine Sutto. Ce n’est pas du tout ce que Micheline projette par contre. Cependant, lorsqu’il a vu un extrait que je lui ai présenté de Micheline, il a tout de suite voulu qu’elle participe au projet. Son personnage a donc été réécrit pour passer de la femme frêle et victime à une femme très revendicatrice, qui fut un jour communiste et une battante. C’est même Micheline qui a amené ses propres idées d’improviser le texte sur les fondations qui paient des jeunes pour étudier, lors de la scène de backgammon. Et Michael a été très ouvert à ses idées.» 

Et pour le casting de Suzanne Clément, cela s’est fait comment?

Paul «Michael et moi, on parlait, discutait, travaillait le scénario, deux hommes ensemble, pour parler de la relation de couple, entre un homme et une femme. Et un moment donné, on commençait à trouver qu’il manquait un élément important dans nos discussions, soit la femme. J’ai donc pensé à Suzanne Clément pour ce rôle. Elle et moi on se connaît depuis 15 ans. On a travaillé ensemble sur Jean Duceppe à l’époque. Elle jouait ma femme. Et on a toujours eu une grande amitié, de grandes affinités ensemble pour le jeu. Alors, je l’ai appelé et heureusement pour nous, elle était disponible dès le lendemain. Au final, c’est quand même Michael qui a fait le choix final. Mais je pense qu’il l’a adoré, car elle a amené plusieurs éléments cruciaux pour le film. » 

Qu’est-ce qui vous a attiré à vouloir faire ce film, Paul?

Paul : « Tout d’abord, c’est le scénario qui m’a beaucoup plu. Plus précisément, la qualité d’écriture de Michael. Avec de tout petits détails, il réussit à représenter la vie d’une façon incroyablement réaliste. Et ce sont des choses simples, qui ressemblent à la vie. Il n’y a rien de trop lourd, ou trop souligné. Mais en même temps, c’est coup de poing. Et cela me parlait beaucoup. Ensuite, la rencontre avec Michael. La façon qu’il dirige. Sa voix, son émotion et son humanité. Il donne ses indications, et c’est par ces indications qu’il a réussi à m’amener à un endroit qui m’a permis de l’émouvoir à son tour. »

Pouvez-vous nous parler de la scène d’ouverture du film, cette scène d’intimité, entre les deux personnages joués par Paul et Suzanne.

Paul «L’intimité c’est particulier. Quand t’as une connivence, une complicité avec quelqu’un et que ça se fait dans le respect ce sont des moments qui se passent quand même bien. On a beaucoup réfléchi avant de la faire cette scène. On a été 3 heures environ à en faire le tour de ce que cela pourrait être et dans quel angle la prendre cette scène. Et c’est là aussi que le directeur artistique a eu à réagir assez rapidement et efficacement. Pour présenter la scène dans l’angle qu’on voulait, il a fallu faire un trou dans le mur et installer la caméra dans la salle de bain. Et ainsi, il a pu nous filmer en provenance de la tête du lit, ce qui est un angle qu’on a jamais vu au cinéma, je pense, et qui est très original et réussit à tout montrer, sans plan de couple. »

Serge Noel le producteur
Serge Noel le producteur

Où s’est déroulé le tournage du film?

Serge «À Saint-Isidore, sur la rive Sud de Montréal. »

Quels sont vos prochains projets de film Michael?

Michael «Je ne sais pas si je peux le dire, mais je vais le faire quand même. Je travaille présentement au scénario du remake de Belle de jour. Un producteur mexicain a acquis les droits d’adaptation et j’en écris le scénario présentement.  Je n’ai pas encore fait le casting, car je me concentre sur une chose à la fois, et là, je suis en écriture. »

Le film a été récompensé par le prix du jury Venice Days (Giornate degli Autori), à la suite de sa présentation en première mondiale à la Mostra en septembre dernier, qu’il a été projeté en première Nord-Américaine au 44e Festival du nouveau cinéma de Montréal en octobre, puis aux festivals de Rouyn-Noranda, Melbourne, Brisbane, Halifax et Kerala. Notons qu’il sortira en France le 6 janvier prochain ainsi qu’en Australie au mois de mars.

La galerie de photos https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/albums/72157663817432342

 

Distribution

Paul Doucet (David)

Suzanne Clément (Maya)

Micheline Lanctôt (Lucille)

Lise Martin (Dominique)

Alexandre Marine (Alexandre)

Michel Riendeau (Sergei)

Ambrosio de Luca (Maxim)

Céline Bonnier (Julie)

Didier Lucien (Jean-François)

Jane Gilchrist (Henriette)

Maxime Laferrière (André)

Antonio Bavaro

Alain E. Cadieux (Alcooliques anonymes)

Bill Corday (Normand)

Charles Licha (Grégoire)

Jean Guimond

Raymond Boudreau (Résidents)

 

Genre: drame psychologique

Origine: coproduction Québec-Australie, 2015

Durée: 1h36

Langue V.O.: Anglais, français

Première: 3 septembre 2015, Mostra de Venise

Sortie en salles: 29 janvier 2016

Tournage: 23 jours entre le 16 novembre et le 13 décembre 2014 dans la région de Montréal –Budget approximatif: 2,5 M$

Réalisation: Michael Rowe

Scénario: Michael Rowe (consultant: Peter Haynes)

Production: Serge Noel, Trish Lake

Coproducteur: Dan Lake

Producteur exécutif: Richard Cohen

Sociétés de production: Possibles Media, Freshwater Pictures avec la participation de Film Festival Premiere Fund, Screen Queensland, Screen Australia, Téléfilm Canada, SODEC, crédits d’impôts fédéraux et provinciaux

Distribution: Filmoption International

 

Équipe technique

Assistante réal.: Éleonore Létourneau

Conception viseulle: Pierre Allard

Costumes: Alexandra Sawicki

Décors: Elise De Blois

Distribution des rôles: Bruno Rosato

Montage son: Michael Newton

Montage images: Geoff Lamb

Musique: Peter Hoyland, Amy Bastow

Photographie: Nicolas Canniccioni

Son: Simon Hicks

 

Crédit photos : Réjeanne Bouchard