En ce jeudi soir du 4 février, en la salle Raoul-Jobin, les amateurs de jazz ont été gâtés lors du concert de Charles Lloyd, illustre saxophoniste américain. Ce dernier, âgé de 77 ans était entouré de très grandes pointures du domaine, soit le formidable Bill Frisell à la guitare, Reuben Rogers à la basse et Eric Harland à la batterie.
Tout doucement, le quartet a débuté la soirée en s’installant musicalement de façon très complice. Charles Lloyd partage la scène avec ses collègues à la basse et à la batterie depuis plus de dix ans. De plus, il faut souligner que le guitariste Bill Frisell offre à Lloyd un échange, un dialogue musical des plus riches. Bill Fisell a eu aussi l’occasion de s’illustrer seul en compagnie de la basse et de la batterie.
Dès les premières pièces, Lloyd va laisser le saxo pour utiliser assez fréquemment une grande flûte traversière. Tout comme pour le saxophone, il en joue avec une maîtrise impressionnante. Or, les sonorités de Lloyd et celles de ses amis-musiciens sont remarquables pour leur immense musicalité. C’est là qu’ils vont rejoindre et plaire à leur public. Habiles techniciens, bien sûr, ils proposent des échanges musicaux, tissés avec une subtilité tant dans des moments doux et fins que dans des envolées fortes et intenses. Les sonorités sont toujours magnifiques, feutrées et même veloutées. Entre eux, il y a une chimie, une cohésion musicale simple et complexe, demeurant toujours accessible, sans intellectualisation.
Charles Lloyd a tiré de son répertoire et interprété nombre de pièces de son dernier album intitulé I long to see you. Avec ses compères, il est libre. On sent que ce magnifique et habile routier a intégré tous les styles musicaux, du pop au free, entre autres. Ensemble, tous ces musiciens sont heureux de jouer. Le grand Lloyd se déplace passablement sur la scène. Enthousiaste, il va même faire un peu de percussions avec Harland, le batteur. Ce dernier a impressionné tout le monde. Il est d’une habilité, d’une virtuosité et d’une créativité de haut niveau. Il en est de même pour Rogers à la basse qui jouera quelques solos superbes. Sans oublier les intéressants solos et échanges entre Bill Frisell et Charles Lloyd.
Ces moments de musique au Palais Montcalm vont demeurer mémorables. Il y a une fraîcheur, une disponibilité, une liberté musicale exceptionnelles chez ses musiciens. Une anecdote à mentionner, dans un solo de batterie, Reuben Rogers va même utiliser adroitement sa bouche et ses joues comme instruments de percussion Par ailleurs, le saxophoniste septuagénaire est vert et jeune comme pas un. Incroyable. Il faut le voir et l’entendre.
Également, le quartet a été d’une grande générosité en offrant près de deux heures de concert et en accordant trois rappels. L’une des mélodies en rappel est le fameux You are so beautiful. Une des forces du groupe de Lloyd est de prendre une mélodie populaire et de l’enrichir, de l’enjoliver pour en faire véritablement un joyau musical.
À la sortie de la salle, il fallait voir les spectateurs souriants et comblés de leur soirée de jazz inoubliable.
Les musiciens:
Charles Lloyd, saxophone et flûte
Bill Frisell, guitare
Reuben Rogers, basse
Eric Harland, batterie
Crédit-photos: Peter Marcoux
Galerie de photos: http://www.petermarcoux.com/charles-lloydbill-frisel/
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