L’Épicerie de Jean-Denis Beaudoin, à Premier Acte, une pièce unique en son genre, à voir assurément!

L'épicerie
L’épicerie

C’est mardi le 16 février dernier qu’avait lieu la première représentation de la pièce l’Épicerie de Jean-Denis Beaudoin, à Premier Acte. Une pièce unique en son genre, où le malaise et l’éclat de rire se côtoient, et où l’histoire invraisemblable, mais captivante nous tient en haleine sur le bout de notre siège, pendant 2 heures. À voir assurément!

Résumé

Chris a un rendez-vous important. Mais avant, il doit acheter de la gomme. Son rendez-vous est dans quinze minutes, il ne peut pas être en retard, mais il lui faut de la gomme. Heureusement, l’épicerie est sur son chemin. Le temps presse. Il n’y a qu’une seule caisse d’ouverte à l’épicerie et il y a une immense file de monde. Et s’il était en retard? S’il était vraiment en retard? En retard pour de bon. Qu’est-ce qui pourrait bien lui arriver maintenant que plus rien ne l’attend? Et si l’épicerie devenait sa porte de sortie? Son échappatoire?
Et si Épicerie était plus qu’une histoire d’épicerie?
Et qu’est-ce qu’une épicerie au fond ?

Jean-Denis Beaudoin avait gagné le prix du concours dramaturgique 2014 au Carrefour international de théâtre avec ce texte L’Épicerie, qui avait été présenté sous forme de lecture dans les Chantiers du Carrefour en 2015. Maintenant, c’est à Premier Acte que les gens ont la chance de voir cette pièce en action.

Réjean Vallée et David Bouchard
Réjean Vallée et David Bouchard

C’est avec un texte à la fois  rythmé, et déjanté, avec une certaine poésie, et surtout une grande folie d’originalité que le public est amené à suivre Chris dans une situation banale, d’aller s’acheter un paquet de gomme à l’épicerie, pour ensuite sombrer dans un cauchemar à donner des frissons. On se croirait dans un mauvais rêve dont on tente de s’éveiller en vain.

Une belle gamme d’émotion est au rendez-vous. Vous pourriez même en sortir un peu ébranlé, voire même totalement déstabilisé et apeuré peut-être. Chose certaine, votre vision de votre épicerie du coin sera changée à jamais.

Jean-Denis Beaudoin a eu une belle idée de briser le mur qui sépare la scène du spectateur, en installant son coloc et meilleur ami (Samuel Corbeil) dans la salle, avec le public. Ainsi, lorsque le personnage de Chris (excellent David Bouchard)  lui raconte sa soirée à l’épicerie, il le fait en lui parlant directement dans le public. Ainsi, une intimité, une proximité se créent entre Chris et le spectateur qui se sent totalement impliqué dans cette mise en scène.

Pour décor, ce sont des rangées d’épicerie (étagères remplies de bidons vides) sur roulettes qui se déplacent pour représenter divers endroits dans l’épicerie, un bureau ou deux et un panier d’épicerie comme accessoire. Il n’en faut pas plus pour créer cette ambiance banale d’une épicerie qui va sombrer habilement dans une ambiance d’horreur.

Je dois lever mon chapeau aux neuf acteurs qui, pour plusieurs, incarnent deux personnages, en plus de servir aux déplacements du décor. David Bouchard incarne Chris de manière très convaincante. Il alterne entre l’anecdote absurde, le malaise et la sensation de peur dans la voix. Le tout avec un naturel désarmant.

Laurie-Ève Gagnon est le bouquet de fraicheur dans cette pièce, puisqu’elle est la seule femme de la distribution. Elle est naïve, douce et frivole et peu à peu, on sent qu’elle a le béguin pour Chris.

Mustapha Aramis  et David Bouchard
Marc-Antoine Marceau et David Bouchard

Il y a aussi Gabriel Fournier qui est tordant de rire dans le rôle du commis. Il est expert pour créer le malaise et faire de blagues douteuses (clin d’œil, clin d’œil).

Mais c’est Réjean Vallée qui vole la vedette dans cette pièce. Autant il peut amener le public à rigoler un instant, autant il peut nous glace le sang par son revirement de ton, d’attitude et de regard. Un rôle fabuleux qui reste imprégné en nous bien après notre sortie de salle.

En résumé, cette pièce à l’histoire totalement tordue, et au ton parfois grinçant est un magnifique thriller psychologique, dont on ne s’attendait pas au départ, et qui au final, nous fait réfléchir sur le bien et le mal et ce qui peut faire chavirer quelqu’un dans l’inacceptable et l’inconcevable.

Pièce d’une durée de 2 h présentée du 16 février au 5 mars 2016

Billets: 27 $

Info: 418 694-9656 ou www.premieracte.ca

Production : La Bête Noire

Texte et mise en scène : Jean-Denis Beaudoin

Assistance à la mise en scène : Jessika Aubé

Concepteurs :  Keven Dubois, Jean-François Labbé, Karine Mecteau Bouchard et Gabrielle Doucet

Distribution :

David Bouchard (Chris)

Samuel Corbeil (Thomas)

Laurie-Ève Gagnon (la caissière)

Réjean Vallée (Le gérant)

Mustapha Aramis

Gabriel Fournier (Le commis)

Marc Auger Gosselin (Le gars de la bière, Lucas)

Marc-Antoine Marceau

Maxime Perron

Premier Acte

http://www.premieracte.ca/

 

Crédit photos : Cath Langlois Photographe