Entrevue avec les artisans du film Chasse-Galerie : La légende

Chasse-Galerie la légende
Chasse-Galerie la légende

Chasse-Galerie : La légende réalisé par Jean-Philippe Duval et scénarisé par Guillaume Vigneault, met en vedette Caroline Dhavernas, François Papineau, Vincent-Guillaume Otis, Francis Ducharme et Fabien Cloutier. Ce thriller historique, à saveur fantastique, est très réaliste, et raconte un pan de notre histoire du Québec. Il prendra l’affiche dès vendredi 26 février 2016.

Synopsis

Lavaltrie, 1888. Joe Lebel et Liza Gilbert sont amoureux. Mais Liza a une dette; elle n’en sait rien, mais vingt-deux ans plus tôt, son père a conclu un pacte occulte… qu’il a rompu. Et aujourd’hui, le sinistre Jack Murphy débarque en ville, comptant bien obtenir réparation… Bien vite, un incendie suspect force Joe à retourner sur les chantiers forestiers; le notaire Boisjoli rôde autour de la belle Liza… et l’hiver arrive. Le chantier semble maudit et, sans nouvelles de son amoureux, le doute s’installe chez Liza comme une gangrène. Joe parviendra-t-il à revenir des chantiers et déjouer la machination de ces forces obscures? Son dernier espoir, son ultime recours réside peut-être en… une dernière Chasse-Galerie.

Mon appréciation du film se trouvera sur ce site dès le 25 février.

J’ai rencontré les artisans du film pour en savoir un peu plus sur ce film et les dessous du tournage.

Le réalisateur Jean-Philippe Duval
Le réalisateur Jean-Philippe Duval

Réalisateur Jean-Philippe Duval : 

Dans ce film, au-delà de raconter une légende, vous montrez la vie des bûcherons de cette époque avec un grand réalisme, qui survivent du mieux qu’ils peuvent. C’est vraiment poignant et réaliste. Avez-vous fait des recherches sur cette époque-là ? Et jusqu’à quel point c’est fidèle à ce qui se passait dans ce temps-là ? «C’est très fidèle. Mais ce qu’il faut savoir aussi, c’est que je viens de Québec et j’ai habité à Cap-Rouge dans les années 70, aux abords du bois. Mon grand-père était un ingénieur forestier et il a travaillé dans les années 30 avec les Indiens en forêt. J’ai aussi un oncle qui a étudié à l’Université Laval en Foresterie. J’ai une terre à bois et je suis bûcheron de fin de semaine. C’est vraiment quelque chose qui me passionne. Pour moi, faire la chasse Galerie c’était aussi de raconter l’histoire des bûcherons. Je suis allé assez loin dans la reconstruction historique. Ce qu’il y a dans le film c’est une réplique exacte d’un camp de bûcheron du X1X siècle. Je voulais vraiment parler du début de la foresterie, alors qu’il n’y avait pas encore de chemin forestier. Les gars se rendaient là en canot. L’hiver c’était extrêmement dur de s’approvisionner. On a utilisé dans le film de vrais outils anciens. Il y avait des bûcherons conseillers qui nous montraient comment on coupait les arbres à cette époque… Je n’ai pas voulu faire un conte fantastique, mais plutôt une légende historique, un thriller historique.»

Comment s’est fait le choix des acteurs principaux? Caroline et Francis par exemple : «Je vous dirais que pour moi, le plus grand défi lorsque je fais un film c’est de faire le casting.  Je travaille beaucoup avec les acteurs. C’est avec eux que je raconte l’histoire. Je crée avec eux, avant de penser à la caméra et aux décors. Pour le duo de Liza et Joe, j’ai fait ce que je ne fais jamais pour trouver mes acteurs. J’ai fait faire une audition double, en jumelant Caroline et Francis ensemble pour voir s’il y avait une chimie. D’habitude je travaille pour trouver le premier acteur, puis ensuite, je lui trouve une partenaire de jeu. Et c’est ma directrice de casting qui a eu l’idée de les jumeler, et ce, même s’ils ne se connaissaient pas. Lors des auditions, j’étais en retard et je suis arrivé une heure après le début. En entrant, j’ai vu Caroline et Francis qui jasaient et riaient. On aurait dit tout de suite que c’était des amis de longue date et pourtant non, ils venaient de se rencontrer, il y a une heure. Il y avait des étincelles qui fonctionnaient.  »

Pour les rôles de Vincent-Guillaume et François Papineau, vous les avez choisis comment?  «Pour eux, ce fut différent, je les connaissais déjà et c’est moi qui les ai appelés pour leurs rôles.  Et François est de tous mes projets ou presque. Il est un acteur versatile à l’infini. Il peut tout jouer. Il a un talent incroyable. Et il se métamorphose lorsqu’il joue un personnage. » 

Vous avez Fabien Cloutier qui est surtout connu pour son humour, il est excellent comme acteur dans son rôle. Vous l’avez choisi comment? «Il est venu en audition. Et il a eu le rôle tout de suite, car quand je l’ai vu, je me suis dit oh wow! Et aussi c’est un film que j’ai voulu faire assez représentatif au niveau historique et je voulais avoir un amérindien (il est joué par Samian) , un britannique (François Papineau) et un irlandais. Car au Québec à cette époque, il y avait ce mélange de gens. Et Fabien était parfait pour jouer l’irlandais au niveau du look. Et j’ai découvert toute la palette de jeu de cet acteur que je ne connaissais pas beaucoup.  Il a même appris à jouer du banjo pour le film. »

 Et finalement pour la musique, qu’est-ce que Jorane et Éloi Pinchaud  ont créé? « Je voulais qu’on s’inspire de musique diabolique. On avait des instruments traditionnels comme le violon. Mais cela prenait un côté rock. Une de mes inspirations du début du film c’est le premier album de Black Sabbath.  Il y a des changements d’accord dont Jorane s’est inspiré. À cela on a ajouté de la musique traditionnelle et du rock pour donner une musique de tension et de malaise parfois. »

ROMAIN BOISJOLI Vincent-Guillaume Otis
ROMAIN BOISJOLI Vincent-Guillaume Otis

Acteur Vincent-Guillaume Otis (Notaire Boisjoli) 

Décrivez-moi un peu votre personnage. «Tout d’abord, mon personnage peut être perçu comme un des vilains. Par contre, j’ai voulu l’aborder du côté de l’amoureux éperdu de Liza. Je pense que Romain est un homme qui aime trop et mal. Et c’est pour cela qu’il va commettre des actes qui sont irréparables. Mais je ne pense pas que de prime abord c’est quelqu’un de fondamentalement méchant. N’eût été sa rencontre avec Jack Murphy, probablement qu’il ne se serait jamais rien passé avec Liza. Elle lui avait dit non il y a trois ans et Romain avait comme abandonné l’idée de la reconquérir, jusqu’à ce que le diable lui donne les moyens de se rapprocher d’elle.»

De faire un film qui se passe dans une autre époque, est-ce que vous l’abordez différemment?  «Oui définitivement. On ne peut pas jouer de manière contemporaine un personnage qui se passe au XIXe siècle. Il y a une contemporanéité à respecter et il faut aborder ces rôles avec beaucoup de rigueur. La posture, le maintien sont différents, les expressions, les us et coutumes de l’époque aussi diffèrent. Et ce n’est pas le même rapport entre les gens non plus. L’approche est donc différente. C’est sûr que souvent l’approche est amenée par le texte et les costumes. Par exemple, le port du pantalon, aujourd’hui c’est taille basse, à l’époque ça se portait au nombril. Par le fait même, la posture sera différente. » 

Comment c’était sur le plateau de tournage avec Jean-Philippe comme réalisateur? C’était votre premier tournage ensemble? «Oui effectivement et j’ai adoré. Quand on s’attarde à faire un film épique, à grand déploiement, la machine du cinéma prend énormément de place. Car il y a beaucoup d’effets spéciaux, beaucoup de monde, de chevaux, diverses locations, et l’acteur peut facilement se perdre à travers tout ça. Jean-Philippe est un réalisateur très enrobant, très humain. Alors même si on était dans un film très épique, on était souvent dans une relation très personnelle avec lui, voire même dans un huis clos. Jean-Philippe est un directeur d’acteur et il est un grand accompagnateur. Donc, c’est un grand bonheur pour moi, car j’aime ce métier-là pour ça, pour ce rapport entre l’acteur et le réalisateur, pour développer un personnage en profondeur. Pour Jean-Philippe, l’humain est plus important que le conte. J’espère bien pouvoir retravailler avec lui un jour si c’est possible. »

Comment percevez-vous ce film? Comment le décrire? « Il y a en fait 3 films dans ce film, je dirais. Il y a d’abord la prémisse, ou le prologue qui se passe en 1863, qui est en fait l’histoire de la chasse-galerie, telle qu’on la connaît, comme légende. La deuxième partie ensuite est une histoire inventée qui ne fait pas partie de la légende vraiment. Et dans cette deuxième partie, il y a 2 histoires qu’on nous raconte. Il y a ce qui se passe au village, avec Liza et moi entre autres. Et il y a la vie des bûcherons dans le camp à couper du bois. La vie dure qu’ils y mènent, c’est une des choses que Jean-Philippe tenait à montrer dans ce film, au-delà de juste parler de la légende.»

LIZA GILBERT Caroline Dhavernas
LIZA GILBERT Caroline Dhavernas

Actrice Caroline Dhavernas (Liza Gilbert) 

Décrivez-moi un peu votre personnage.«Liza est une femme forte, comme bien des femmes de cette époque. Je me disais justement pendant le tournage que nos ancêtres étaient sûrement des gens faits fort, car ils ont survécu à de gros hivers et ces femmes étaient fortes pour avoir des fois jusqu’à 12 enfants et s’occuper de leur maison. Il leur fallait une bonne force de caractère.»

De jouer un personnage d’une autre époque, versus un personnage contemporain, est-ce qu’on se prépare différemment ? «Moi, je ne vois pas de différence au niveau de la préparation. C’est le costume, les décors qui changent. Mais l’humain sera toujours l’humain. Il y aura toujours des rapports d’amour, de jalousie, de colère, qui se vivent et pour cela, je n’ai pas eu besoin de me préparer autrement.»

Qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de jouer ce rôle, de jouer dans ce film ? «Justement, le fait que ce soit un film d’époque. On n’en fait pas beaucoup ici. C’est souvent des projets qui coûtent très chers à faire. Et pour un acteur c’est agréable de pouvoir se replonger dans une autre époque, grâce aux coiffures et costume et en plus de tourner dans un village comme celui de Rawdon, où il y a justement toutes sortes de petites maisons d’époque et l’on y croit vraiment. Et de tourner là, au lieu d’être en studio, cela rend notre travail beaucoup plus facile. J’aimais beaucoup aussi l’approche de Jean-Philippe par rapport au film. Il voulait parler de notre histoire au Québec, la réalité très dure de l’époque, pas juste un conte fantastique dans une réalité qui n’existe pas. Il voulait rendre hommage à ces hommes et femmes qui ont passé avant nous.»

Le tournage a dû être assez pénible, parlez-moi en ? «On a tourné en deux temps. Un premier tournage en automne, en octobre je crois. Ensuite, on a tourné en février toute la portion d’hiver. La portion d’hiver a été très difficile, car cela a été le mois le plus froid depuis 115 ans. On tournait souvent de nuit, dans la forêt, en costume d’époque, à -30, ou -40 avec le facteur vent. C’était vraiment éprouvant physiquement. Cela a été mon tournage le plus difficile au niveau de la survie du corps. Ce n’est pas évident de jouer dans ces conditions-là, parce que ton corps est occupé à te garder en vie.  Il était donc difficile d’aller chercher en nous les émotions à jouer. »

Aviez-vous déjà tourné avec Francis ? La chimie s’est faite rapidement ? «Je ne connaissais pas Francis, mais je le croisais souvent, car on est voisin. Et on s’est vraiment rencontré pour la première fois en audition. Ils nous ont fait auditionner ensemble pour voir si la chimie amoureuse y était. Et elle y était.»

JACK MURPHY François Papineau
JACK MURPHY François Papineau

Acteur François Papineau (Jack Murphy) 

Comment en êtes-vous venu à incarner le diable dans ce film ? «Jean-Philippe et moi on se connaît depuis très longtemps et chaque fois qu’il est sur un projet avec un rôle particulier à jouer, il m’appelle. C’est d’ailleurs lui qui réalise Unité 9 et qui m’a donné le rôle de Despins, et voilà, un autre méchant pour ce projet-ci. Il m’a appelé et il a voulu qu’on le développe ensemble ce personnage du diable. » 

Vous avez travaillé souvent avec Jean-Philippe comme réalisateur, quelles sont ses forces ? «Ça fait longtemps que je travaille avec lui et ce que j’aime, c’est qu’après chaque prise, il vient me voir et me signifie ce qui était vraiment bon. Donc, d’avoir ces indices-là, ça met en confiance. Et au final, je sais que ce qui est vraiment bon va se retrouver au montage aussi. » 

Comment s’est créé ce personnage du diable en fait. « Il y a Francesca Chamberland qui nous a aidés à créer son look et au fil des essayages, on a vu apparaître le bonhomme. Ensuite, le maquillage et la coiffure ont ajouté au look. Ce travail commun a donné le bon vieux Jack. De mon côté, j’ai eu comme mandat d’en faire quelqu’un de concret. Car le diable, il ressemble à quoi au juste? Alors Jean-Philippe et moi, on s’est imaginé que le mal, le malin, s’est incarné dans ce corps, pour venir créer ce tourbillon que l’on connaît dans le film. Et c’est avec ce corps terrien qu’il va faire son œuvre. Et le diable, sans les humains, il n’est rien. Il est un révélateur des options que tu peux prendre pour satisfaire ton égo ou autre besoin immédiat. Il exerce un pouvoir sur les autres grâce aux options que les gens choisissent. » 

C’était cela votre défi, de rendre concret et crédible ce diable ? «Définitivement. Ce n’est pas dans ma nature d’incarner le mal, ou d’être comme Despins dans Unité 9. J’ai une nature beaucoup plus enfantine, débonnaire. Je suis plus épais que ça (rires). Mais je sais que je peux dégager une autorité naturelle. Et Jean-Philippe me fait confiance. Alors, je sais que je peux prendre le temps pour faire ce qu’on me demande. C’est quelque chose qu’on ne fait pas souvent ça. Et c’est ça la réussite, d’assumer que tu dois prendre du temps pour arriver au meilleur résultat possible. » 

Pour la galerie de photos : https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/albums/72157662451838434

Chasse-Galerie : La légende prendra l’affiche dès vendredi 26 février 2016

FICHE ARTISTIQUE

JOS (JOSEPH) LEBEL Francis Ducharme

LIZA GILBERT Caroline Dhavernas

JACK MURPHY François Papineau

ROMAIN BOISJOLI Vincent-Guillaume Otis

JEAN JEAN Samian

McDUFF Fabien Cloutier

BAPTISTE Hubert Proulx

TAILLON Gabriel Forest

THÉODORE Emmanuel Schwartz

CURÉ DUMOUCHEL Gilles Pelletier

FLORENCE Julie Le Breton

 

FICHE TECHNIQUE

 

RÉALISATEUR Jean-Philippe Duval

SCÉNARISTE Guillaume Vigneault

PRODUCTEURS Christian Larouche et Réal Chabot

DIRECTEUR PHOTO Mario Janelle

DIRECTEUR ARTISTIQUE Jean Babin

MONTEUSE Myriam Poirier

SUPERVISEUR DES EFFETS SPÉCIAUX Mario Dumont

COSTUMES Francesca Chamberland

DIRECTEUR DE POST-PRODUCTION Erik Daniel

MUSIQUE Éloi Painchaud et Jorane

DISTRIBUTEUR Les Films Christal (sousdistribution

Les Films Séville)

 

GENRE: Drame

VERSION ORIGINALE: Française

LIEUX DE TOURNAGE: Rawdon, St-Alphonse, Chertsey, St-Constant et Montréal

SORTIE EN SALLES: 26 février 2016

DURÉE : 109 minutes

 

 

www.chassegalerie-lefilm.com

https://www.facebook.com/LesFilmsChristal/

 

Crédit photos : Patricia Viau