Daran et son Monde perdu : musique, dessin et poésie…

Daran © Photo de courtoisie
Daran © Photo de courtoisie

Des accords délicats joués sur sa guitare sèche, le silence dans la salle bondée du petit Outremont, Daran siffle un moment puis se met à chanter de sa voix douce et chaude. Daran est très loin de ces stars qui cherchent à se mettre en valeur en apparaissant bien au centre devant les spectateurs venus pour lui. Au contraire.

Un écran géant occupe la scène et projette un film en noir et blanc. De l’intérieur d’une voiture, défile une route éclairée par des phares. Il fait nuit et le paysage sombre et trouble au début apparaît au fur et à mesure que le jour se lève. Tout devient net progressivement, d’autant que de grosses gouttes de pluie s’abattent d’abord sur le pare-brise pour faire place à un ciel clair. Daran, avec ses deux guitares – sèche et électrique – et son harmonica, est assis à gauche de la scène. Il laisse toute la place à l’écran et à ses images animées, faites de films qui se métamorphosent sous les yeux du spectateur. Car à droite, à l’opposé de lui, l’artiste Geneviève Gendron penchée sur son pupitre, dessine en live, à partir d’une tablette graphique sur les images animées qui apparaissent à l’écran et accompagnent la musique. Invitation au voyage s’il en est. Atmosphère douce et mélancolique. Le spectateur embarque avec Daran pour explorer son Monde perdu

Onzième album de Daran, Le Monde perdu a été enregistré à Montréal où cet artiste français – depuis toujours très inspiré par le blues et le folk nord-américain – s’est installé depuis cinq ans. Avec des mélodies toujours réussies, d’excellents arrangements et des textes souvent très émouvants, Le Monde perdu aborde des thèmes qui sont chers à cet artiste discret et plein de délicatesse, l’exil, les populations déplacées et autres drames sociaux, sans oublier l’amour.

Mais au-delà de la découverte ou de la redécouverte de ce dernier album enregistré en 2014, c’est la forme du spectacle qui innove en ajoutant à la poésie de l’œuvre musicale. Il a fallu élaborer un logiciel spécial pour y parvenir. Chaque chanson est illustrée par ce mixte de films et de graphismes. Les dessins apparaissent au fur et à mesure qu’ils sont élaborés sous la main de l’artiste en s’harmonisant non seulement avec le film projeté mais avec le texte de la chanson et sa musique. Ce sont mille détails subtils, ajouts d’accessoires ou transformations qui apparaissent, comme ces fils électriques qui deviennent les lignes d’une partition de musique où s’accrochent les notes comme des oiseaux, ou bien ce voilier sur l’océan dont on entend à la guitare le grincement du mas et des amarres…

Un spectacle qui va bien au-delà du plaisir de l’album Le Monde perdu, déjà excellent en lui-même.

Pour visionner un extrait du spectacle : http://bit.ly/1oX67Wh

Daran, Le Monde perdu, les 7 et 8 avril 2016 au petit Outremont à Montréal

Guitares, harmonicas et voix : Daran

Dessins : Geneviève Gendron

Conception du logiciel informatique : Serge Maheu

Films : Daran et Serge Maheu

Informations: http://www.daran.ca/ http://www.theatreoutremont.ca/fr/accueil/