PHOTO: FOURNIE PAR LE RIDEAU VERT
En grande première à Québec, le même soir que la finale de La Voix, la compétition était forte pour cette pièce biographique d’une heure quarante du populaire dramaturge français Feydeau. Les gens dans la salle étaient heureux d’entendre des textes savoureux, livrés par des acteurs exceptionnels et cette pièce en valait largement le déplacement.
Cette comédie est le théâtre de la vie de Feydeau, imaginé dans sa chambre d’hôtel dans les derniers moments de sa vie. On y voit un rassemblement de chassés-croisées entre maris, femmes et amants, des quiproquos, des événements inattendus, des situations plus rocambolesques les unes que les autres racontées d’une façon intelligente et sensible.
La mise en scène de Normand Chouinard se déroule à Paris en 1919 et l’action côtoie le tragique autant que le ridicule avec les répliques du texte subtil du comédien Gabriel Sabourin. (Des bijoux de phrases mémorables et véridiques). La pièce a bien été rendue par tous les comédiens et la pression était grande pour Alain Zouvi qui incarnait Georges Feydeau, cet épicurien grand jouisseur insolent et sympathique. Feydo reconnu comme un gars excessif et naïf, mais aussi malade, vulnérable, et souffrant de solitude.
Cette comédie a provoqué des rires, mais aussi quelques moments touchants. On raconte la vie d’un épisode de Feydeau juste avant son internement à Rueil-Malmaison.
Normand Chouinard est un habitué de l’univers de Feydeau et a su avec l’aide des comédiens, des décors et des costumes d’époques, rendre un hommage hilarant à ce maître de Vaudeville. (La superbe brochette de comédiens est composée de Frédéric Desager, Hélène Mercier, Jonathan Michaud, Geneviève Rioux, Rachel Graton, Gabriel Sabourin et Alain Zouvi).
Un des thèmes abordé est la relation père-fils. Lorsque le fils banquier, veut écrire et marche dans les traces de son père, il souffre de la popularité de celui-ci.
Voici l’histoire de la pièce pour vous mettre dans le contexte
« Georges Feydeau, maître incontesté du vaudeville, vit présentement des moments difficiles :sa mémoire flanche, son ex-femme débarque sans prévenir, son fils banquier est perturbé et sa femme de chambre ne répond pas à ses avances! En plus, il est prisonnier de la page blanche, car il faut se rappeler que Feydeau puisait son inspiration de sa vie nocturne, notamment lors de ses beuveries chez « Maxim’s ».
Pour résoudre son problème de page blanche, il fait appel au copiste Sicard afin de l’aider à terminer sa dernière œuvre, déjà promise au directeur du théâtre.
Mais comment écrire lorsqu’il est constamment pris dans le tourbillon et les péripéties des personnages qui peuplent ses journées? Son esprit, déjà hanté par la maladie, entremêle sa vie et son œuvre et l’on ne distingue plus la réalité de la fiction ».
On aime le jeu impeccable de Zouvi et plusieurs de ses phrases tout au long de la pièce qui étaient de purs bijoux. Le fils, Jonathan Michaud, dans son imitation d’homosexuel qui ne l’est pas est étonnant, Sicard, le secrétaire jaloux, joué Gabriel Sabourin, réussit à nous faire croire qu’il est frustré. Pour ce qui est des trois femmes, elles sont coquettes chacune à leur façon et elles ont tous eu un rôle à jouer dans la vie de ce grand séducteur qu’était Feydo.
Plus la représentation avance, plus on sent Zouvi soulever son masque comique pour nous montrer la vulnérabilité de Feydeau. Malheureusement tout ne finit pas bien, et c’est éprouvant de savoir que ce grand dramaturge est mort de la syphilis à 58 ans, délirant, dans une maison de fous.
De Gabriel Sabourin
Mise en scène de Normand Chouinard / Assistance à la mise en scène : Geneviève Lagacé
Distribution: Frédéric Desager, Hélène Mercier, Geneviève Rioux, son ex-femme, Rachel Graton, Jonathan Michaud, son fils (banquier constipé et hypocondriaque, lui fait honte.) Alain Couvi, Gabriel Sabourin, secrétaire de Feydo (auteur sans argent).
Scénographie : Jean Bard, /Costumes : Suzanne Harel / Musique originale : Yves Morin/ Éclairages : Claude Accolas / Accessoires : Normand Blais / Coiffures et perruques : Rachel Tremblay / Maquillages : Jacques-Lee-Pelletier
SPECTACLES
16 avril à St-Hyacinthe
26 avril à Trois-Rivières
27 avril à Granby
30 avril à Ste-Geneviève
Crédit photos : courtoisie
