La comédie musicale «Last Night at the Gayety»: un bon divertissement musical et burlesque

La comédie musicale «Last Night at the Gayety»
La comédie musicale «Last Night at the Gayety»

Hier soir avait lieu la Première de la nouvelle comédie musicale «Last Night at the Gayety» au théâtre Centaur dans le Vieux-Montréal. C’est une création montréalaise de Rick Blue et George Bowser qui nous avait déjà donné la comédie musicale «Schwartz’s The Musical» en 2011. Racontant l’histoire du cabaret burlesque Gayety à Montréal, la trame historique s’avère une bonne idée pour amuser et divertir les spectateurs.  De bons numéros bien chorégraphiés et chantés font de ce spectacle un divertissement original tout en nous montrant une facette du Montréal d’autrefois, sans négliger certains parallèles avec l’actualité d’aujourd’hui.  Avec 10 interprètes et 3 musiciens, cette comédie musicale est présentée en primeur au Centaur jusqu’au 22 mai 2016.

Jonah Carson (policier), Daniel Brochu (Pax) et Michel Perron (Father d'Anjou)
Jonah Carson (policier), Daniel Brochu (Pax) et Michel Perron (Father d’Anjou)

Se situant dans le Montréal de 1951, Tommy (maître de cérémonie et gérant du club Gayety) fait vivre le burlesque sur la scène de son club grâce à la complicité de la police de l’époque.  Le nouveau chef de police, “Pax” Plante, mène une croisade pour éliminer le vice en multipliant les descentes dans les bordels et les boîtes de nuit, avec comme point de mire tout particulier le Gayety et son étoile, Lili St. Cyr.  Pendant ce temps, une idylle se développe entre un policier et une jeune ouvrière de Griffintown.  Encouragé par Father d’Anjou, Pax arrêtera Lili St. Cyr qui sera innoncentée pour cause de technicalités.  Le dénouement final des intrigues permet une fin heureuse pour certains, et moins pour d’autres.

Cette nouvelle création est un beau divertissement qui en met plein la vue et les oreilles tout en étant basé sur des faits historiques.  La musique de «Last Night at the Gayety» est entrainante et les arrangements de Chris Barillaro donnent une couleur d’époque véritable à ces mélodies.  Le trio de musiciens est excellent et approprié à ce style, tout spécialement quand une des actrices vient les rejoindre à la clarinette pour certaines chansons. Chacune des chansons est bien placée dans l’histoire pour raconter une partie de l’action ou pour ajouter une touche d’humour à l’intrigue. Le texte original est rempli de gags et de « one-liners » pour s’amuser de chaque situation. Le style fait penser à celui utilisé pour «Saturday Night Live» avec son rythme rapide et son humour direct, mais comme la célèbre émission de télé, il y a des gags qui réussissent mieux que d’autres à faire rire tandis que d’autres tombent à plat.  D’une durée de plus de 2 heures plus un entracte de 20 minutes, la trame de l’histoire aurait avantage à être resserrée pour la rendre plus courte et captivante.  Même si le récit est assez léger, l’intérêt historique contribue à donner de l’intelligence à l’oeuvre et la rendre intéressante.

Daniel Brochu (Pax) et Julia Juhas (Lili St. Cyr)
Daniel Brochu (Pax) et Julia Juhas (Lili St. Cyr)

Côté mise en scène, le défi de raconter une histoire qui bouge autant dans un petit espace et avec une distribution réduite est très réussi par Roy Surette.  Il a su garder un rythme rapide pour chaque scène et faire du spectacle un feu d’artifice bien nourri.  Simples mais efficaces, les chorégraphies de Jonathan Patterson accompagnent presque tous les numéros musicaux, et c’est tant mieux car c’est très réussi.  On apprécie beaucoup les numéros de danse à claquette qui rappellent bien cette époque.  Les costumes, décors et éclairages très colorés ajoutent une touche finale à ce bon divertissement.  L’interprétation et les performances vocales sont un peu inégales, mais de très fortes pointures occupent les rôles clés pour donner au final un vrai bon spectacle.  Petite note historique: à la fin du spectacle, on dit que la salle du Gayety est devenue le TNM, mais on oublie qu’entre les deux il y a eu le Radio City géré et animé par Jean Grimaldi, puis la Comédie Canadienne sous la gouverne de Gratien Gélinas.

Frayne McCarthy (Tommy)
Frayne McCarthy (Tommy)

Julia Juhas dans le rôle de Lili St. Cyr est la star du spectacle. Sa performance autant vocale que physique dépasse toutes les attentes.  La vraie Lili St. Cyr pourrait aller se rhabiller tellement Julie Juhas excelle dans son interprétation.  Sa voix suave et puissante dans tous les registres n’a d’égal que sa grâce et son charme qui transperce chacune de ses scènes.  Sans compter qu’elle danse et bouge à merveille.  Frayne McCarthy excelle aussi dans le rôle central de maître de cérémonie et gérant du Gayety.  Sa voix chaude, toujours juste et tout en nuance, est très agréable à écouter à chacune de ses apparitions.  Son interprétation naturelle et sa présence scénique font de lui un pivot auquel se rattache les autres personnages.

D’autres interprètes se démarquent comme Michel Perron dans le rôle du Father d’Anjou.  Son interprétation est amusante et très crédible. Daniel Brochu en chef de police livre une belle performance convaincante.  Le propriétaire du Gayety joué par Davide Chiazzese a aussi ses moments forts, surtout du côté humoristique avec ses répliques cinglantes livrées toujours au bon moment.  Jonah Carson en policier naïf surprend vocalement dans son duo sentimental avec Holly Gauthier-Frankel dans le rôle de Molly.

Malgré quelques bémols, «Last Night at the Gayety» est un pur divertissement qui vous fera rire tout en écoutant de belles voix nous raconter les déboires de la belle époque du burlesque à Montréal.  Le spectacle plaira aux amateurs de comédies musicales et aussi à ceux et celles qui ont connu cette époque. Les amateurs de burlesque seront aussi comblés grâce à certains numéros.

Julia Juhas (Lili St-Cyr)
Julia Juhas (Lili St-Cyr)

Les bons coups: mise en scène, chorégraphies, musique et orchestre, plusieurs bonnes voix

Les moins bons coups: interprétation inégale

Équipe de création
Musique, paroles et livret: Rick Blue et George Bowser
Mise en scène: Roy Surette
Directeur musical et arrangements: Chris Barillaro
Choréographe: Jonathan Patterson
Directeur musical adjoint/Chef d’orchestre: Benjamin Kwong
Décors et costumes: Francis Farley
Éclairages: Luc Prairie

 

Distribution
Daniel Brochu, Tamara Brown, Rosie Callaghan, Jonah Carson, Davide Chiazzese, Holly Gauthier-Frankel, Julia Juhas, Frayne McCarthy, Shannon T. McNally, Michel Perron.

Musiciens
Parker Bert, Mike De Masi, Benjamin Kwong.

Présenté en anglais au Centaur Theatre (453 St-Francois-Xavier) à Montréal du 21 avril au 22 mai 2016.
Billets (50-55$ et prix spéciaux âge d’or/étudiants/moins de 30 ans) disponibles sur http://www.centaurtheatre.com/ et au 514-288-3161.

Photos: Andrée Lanthier