Pôle Sud : spectacle de quartier à l’Espace Libre du 10 au 21 mai

Anaïs Barbeau-Lavalette
Anaïs Barbeau-Lavalette

« Leur parole. Leur monde. Leurs histoires. » Celles  d’hommes et de femmes du quartier Centre-Sud.

Il y a là Jackie Star, effeuilleuse à la retraite parfumée, Serge l’Écarté, ferronnier romantique patron de café, Richard Le Chercheur de trésors de papier imprimé… et d’autres gens du quartier. Ce sont eux, ces Messieurs Tout-le-monde et ces Mesdames de la rue Panet, qui montent sur scène pour interpréter les personnes-personnages qu’au fil de leurs parcours respectifs ils se sont créés.

« Comment représenter la vraie vie sur scène? » Après Vrais mondes : documentaires scéniques en 2014, Émile Proulx-Cloutier et Anaïs Barbeau-Lavalette sont revenus à cette forme hybride qu’est le documentaire scénique et qui, entre spontanéité et artificialité, permet cette fois-ci de faire entendre au plus près la parole vraie de celles et ceux qui se sont embarqués dans l’aventure Pôle Sud.
Sur le terrain, Anaïs Barbeau-Lavalette est allée deux, trois mois durant à la rencontre des habitants de Centre-Sud. Chez eux, elle a recueilli les « récits, fous rires, lapsus, hésitations, perles involontaires, déferlantes verbales et silences éloquents » qu’elle a enregistrés. Ces échanges bruts, une fois montés, constituent la trame sonore du spectacle qu’incarnent ces hommes et ces femmes présentés dans leur décor quotidien.

Un mélange de vrai et de faux dans le but de « rendre nobles les choses simples », en évitant de tomber dans le piège du freak show. La démarche entreprise par Émile Proulx-Cloutier et Anaïs Barbeau-Lavalette est au contraire altruiste; le show repose sur la confiance mutuelle installée entre les professionnels du spectacle et ces hommes, ces femmes pour qui Pôle Sud aura plus ou moins d’influence sur la vie de tous les jours. Parce qu’on les connaît, parce qu’on les reconnaît. Il leur aura fallu du courage pour se livrer ainsi en toute sincérité et sur scène, Anaïs Barbeau-Lavalette, dans l’ombre est à leurs côtés, elle qui s’est efforcée de ne pas trahir la parole écoutée.

Touchante, cette suite sans commencement ni fin d’intimités partagées avec générosité laisse une certaine impression d’inachevé. Les personnes-personnages sont apparus, ont passé. Mais ce n’est que pour mieux laisser le champ libre à chacune et chacun d’aller les rechercher dans les rues, les parcs, les cafés, les librairies, les écoles, les centres communautaires… de Centre-Sud, et les autres légendes aussi qui restent à trouver là où elles attendent de s’offrir à l’imaginaire engagé.

C’est à un spectacle citoyen que nous convie Pôle Sud, puisqu’il travaille à faire éclater la cloison entre le lieu de représentation et le quartier auquel il appartient. Première pierre d’une action de solidarité et d’ouverture projetée par le directeur d’Espace Libre Geoffrey Gaquère pour les saisons futures.

Pôle Sud, du 10 au 21 mai à l’Espace Libre.

Interprétation : des hommes et des femmes du quartier Centre-Sud

Conception et mise en scène : Émile Proulx-Cloutier
Recherche et entrevues : Anaïs Barbeau-Lavalette
Prise de son : Martyne Morin, Catherine Van der Donck, Jocelyn Lauzon
Montage des entrevues : Michel Cordey, Mélanie Chicoine
Conception sonore : Nicolas Basque, Ilyaa Ghafouri
Montage archives : Louis Chevalier-Dagenais
Recherchiste : Anette Gonthier
Assistance à la mise en scène : Catherine Comeau
Décors, costumes et accessoires : Karine Galarneau
Éclairages : Lucie Bazzo
Assistance aux éclairages : Catherine Fournier-Poirier
Direction technique son et vidéo : Dominic Dubé

Crédits photographiques : David Ospina