Ils étaient quatre, au carrefour international de théâtre, Un texte explosif et percutant…un excellent moment, divertissant et énergisant !

Ils étaient quatre
Ils étaient quatre

Présenté au théâtre La Licorne à Montréal en avril 2015, c’est maintenant le Carrefour International de théâtre de Québec qui accueille la pièce Ils étaient quatre, pour trois soirs seulement. Un texte explosif et percutant qui traite de la condition masculine chez les trentenaires d’aujourd’hui, écrit par Mani Soleymanlou et Mathieu Gosselin et mise en scène de Mani Soleymanlou.

Résumé

Ils étaient quatre gars dans la trentaine, quatre acteurs, quatre grands amis, réunis ce soir-là pour faire la fête. Mani, bête de théâtre et « party animal » obsédé par le sexe; Éric, le beau gosse, vedette de la télé, en manque de tendresse; Guillaume, le sentimental récemment devenu papa et banlieusard; Jean-Moïse, solitaire désabusé aux prises avec un sentiment d’échec. Et puis, il y avait Elle, superbe rousse aux yeux de feu, qui semblait les avoir ensorcelés, tous… L’alcool, la dope et la musique surexcitent les corps et les esprits; cocktail explosif qui délie les langues, abat les inhibitions, déchaîne la libido. Évidemment, ça dérape.

Mani Soleymanlou
Mani Soleymanlou

Après avoir écrit la trilogie Trois, sur la quête identitaire culturelle, Mani Soleymanlou nous présente avec ils étaient quatre, le premier volet de la trilogie Cocktail, qui sera suivi éventuellement de Cinq à sept, qui mettra en scène quatre filles. Le dernier volet réunira les huit acteurs le soir du party.

Au départ, cette pièce a fait parti d’un projet scolaire, alors que les quatre interprètes étaient à l’école nationale de théâtre. C’était l’histoire de quatre gars sur le party, quatre amis, quatre hommes qui se cherchent et ne savent plus trop où donner de la tête. Mathieu Gosselin et Mani Soleymanlou ont remis les textes à jour, en fonction de la réalité de chacun des interprètes aujourd’hui. Par le fait même cette pièce alterne entre la réalité et la fiction. Puisque les comédiens ont gardé leur nom et que cela ressemble étrangement à leur biographie, on pourrait avoir tendance à croire que cela parle de leur vie. Mais dans les faits, la fiction est bien présente et seuls les acteurs peuvent vraiment savoir ce qui est vrai et ce qui est faux. Il y a aussi le double jeu au niveau de la narration et de l’interprétation qui est intéressante. À tout moment, on alterne entre un des personnages qui se raconte au public, qui fait la narration des événements, et le party lui-même où les quatre personnages interagissent, dansent, boivent, prennent une ligne de coke, flirtent…

Guillaume Cyr et Éric Bruneau
Guillaume Cyr et Éric Bruneau

Pendant 1 h 15 minutes, le public est entrainé à une vitesse folle dans la vie de ces quatre hommes, lors de cette soirée de party, où personne n’en sortira indemne, et ce public en ressortira rempli d’émotions diverses, de musique plein la tête et un peu étourdi, comme s’il venait de faire la fête toute la soirée.

En fait, la pièce débute avec les quatre hommes sur la scène, face au public, dans le noir et en quelques minutes, une fois présentés par Marie Gignac (en voix off), on entre dans la frénésie de leur party, de leur défoulement individuel et collectif. Avec de la musique composée par Philippe Brault à laquelle est ajouté de gros succès populaires de hip-hop, de pop, de danse, bref de la musique de bar, avec aussi les éclairages criants, les effets stroboscopiques, les lasers, on les regarde s’éclater, s’amuser, cruiser, boire, et surtout se défouler, réfléchir sur leur vie d’homme dans la trentaine. Tous les sujets s’y trouvent. L’argent, le couple, la famille, la pression de la performance, la réussite, l’amour, le sexe, la drague. Le tout est agrémenté de danse, de shooters, de lignes de cokes, et cela dégénère….De discussions parfois sérieuses, cela devient un peu loufoque ou encore totalement incohérent, sur des sujets tels que la politique, les enjeux sociaux et la belle jeune femme rousse que tous les quatre ne peuvent quitter des yeux pour des raisons différentes.

Ces discussions, réflexions et narrations sont amenées avec beaucoup d’humour, d’autodérision et avec un rythme soutenu, dans une ambiance survoltée. On peut bien avoir l’impression de reprendre notre souffle lorsque la pièce se termine.

Jean-Moïse Martin
Jean-Moïse Martin

Les quatre comédiens sont excellents pour jouer ensemble. Il y a de multiples chorégraphies,  de mouvements à faire en simultanées, des paroles à coordonner avec la musique et les éclairages. Tout cela semble rodé au quart de tour. Le fait que ces quatre interprètes soient de meilleurs amis dans la vie doit aider aussi pour garder le rythme et le synchronisme. Mais il faut dire aussi qu’on a une belle brochette de comédiens devant nous à l’œuvre, alors on peut dire que cette pièce est un réel succès.

À la fin de la représentation, l’ovation debout a été instantanée et il a plu un tollé de Bravo!

En résumé, cette pièce décrit assez bien la réalité des hommes dans la trentaine aujourd’hui et on passe un excellent moment, divertissant et énergisant en compagnie de quatre acteurs de très grands talents et un texte criant de vérité comme Mani sait si bien les concocter.

Alors que demander de mieux?

Cette pièce est présentée à nouveau au théâtre Les Gros Becs, lundi le 30 mai à 20 h.

Galerie de photos pour les pièces du Carrefour international de théâtre :

https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/albums/72157668847214585

 

Crédits

Texte Mani Soleymanlou et Mathieu Gosselin
Mise en scène Mani Soleymanlou

Conception avec la collaboration des interprètes
Interprétation Éric Bruneau, Guillaume Cyr, Jean-Moïse Martin et Mani Soleymanlou
Assistance à la mise en scène et régie Jean Gaudreau
Scénographie Max-Otto Fauteux
Lumières Erwann Bernard
Musique Philippe Brault
Scripte Béatrice Gingras
Directrice de production Catherine La Frenière
Directeur technique Simon Cloutier
Secrétaire général Xavier Inchauspé
Une création de Orange Noyée
Coproduction Théâtre français du Centre national des Arts

 Durée 1h15

http://www.carrefourtheatre.qc.ca/

 Crédit photos Lise Breton