« Opéra pour sèche-cheveux » au festival Montréal complètement cirque

Opéra pour sèche-cheveux © Benoit Dochy
Opéra pour sèche-cheveux © Benoit Dochy

Complètement cirque et complètement déjanté. Opéra pour sèche-cheveux présenté dans le cadre du Festival Montréal complètement cirque, c’est pour la compagnie Blizzard concept l’art d’être spirituel avec du vent… Du vent… Entendez, du rien, du souffle, de l’air, de la légèreté… Entre le sèche-cheveux et l’aspirateur – que tout le monde possède chez soi –, c’est une lutte pour le déplacement de l’air, dans un sens ou dans l’autre. Car le sèche-cheveux souffle et éloigne les objets légers, et l’aspirateur les aspire et les avale.

C’est de cette respiration mécanique que Julien Mandier et Antoine Terrieux tirent leur création drôle, délirante, loufoque à souhait. On rit à en perdre le souffle. Les deux acteurs sur scène exploitent à fond cette dialectique respiratoire qui, comme toute dialectique, renverse la thèse et l’antithèse. « Thèse, antithèse, foutaise » (plutôt que synthèse), pourrait-on dire dans le cas du spectacle Opéra pour sèche-cheveux. Car on n’y trouvera rien de solide ni de sérieux – sauf le talent –, juste des astuces, de l’humour et divers procédés légers pour faire rire le public.

Les deux acteurs – Antoine et Julien – semblent tenir les rôles du maître et de l’élève. L’élève, comme il se doit est un mauvais élève, qui a du mal à exécuter les consignes de son maître, et dont le statut glisse fatalement vers celui de l’esclave. Du coup, il est assigné aux tâches les plus ingrates dans ce spectacle qui dégénère progressivement dans son exploitation de tous ces appareils électriques qui soulèvent la légèreté. Les deux artistes de cirque sont des jongleurs mais des jongleurs à l’envers. Défiant les lois de la gravitation universelle, leurs balles blanches sont entraînées vers le haut par le souffle des sèche-cheveux, et il s’agit pour eux non pas de les soulever, mais de les maîtriser d’une manière ou d’une autre et de les maintenir vers le bas, elles qui ne songent qu’à s’élever.

Opéra pour sèche-cheveux © Frederick Guerri
Opéra pour sèche-cheveux © Frederick Guerri

Avec très peu de décor sur la scène, juste au début une sorte de paravent noir derrière lequel apparaissent d’abord les divers appareils transformés en être vivants puis leurs manipulateurs, la compagnie Blizzard concept a l’art de retourner toutes les situations avec esprit. Les deux acteurs clownesques jonglent avec des balles blanches de différentes tailles, sauf une rouge un peu gênante, des ballons de baudruche, des avions en papier, un peu de fumée qui les fait tousser, autant d’objets aériens peu couteux, et tous ces sèche-cheveux d’une certaine marque que les acteurs prétendent devoir nommer puisqu’elle les aurait commandités… Et puis il y a Cyril à la technique, l’homme qu’on ne voit pas mais qui est aux manettes de l’éclairage ou du courant électrique, et il en faut pour que tous ces sèche-cheveux s’animent en même temps.

Opéra pour sèche-cheveux est un spectacle clownesque, drôle, tendre et poétique par moments, plein d’ironie à d’autres, un spectacle fait de petits riens mais de beaucoup d’inventivité, et qu’il ne faut pas manquer au Festival Montréal complètement cirque.

Opéra pour sèche-cheveux, du 9 au 14 juillet 2016, au Théâtre Centaur à Montréal

Festival Montréal complètement cirque

Création Blizzard Concept, France

De et par Antoine Terrieux et julien Mandier

Regard extérieur Sylvain Cousin
Suivi artistique dans le cadre du Studio-PACT Christian Coumin
Régie lumière Margot Falletty

Informations : https://montrealcompletementcirque.com/fr/programmation/spectacles/opera-pour-seche-cheveux/