887 de Robert Lepage au Trident, une œuvre scénique et cinématographique incontournable. Nostalgie, passion et émotions sont au rendez-vous!

Robert Lepage dans 887 présenté au Trident
Robert Lepage dans 887 présenté au Trident

Après avoir remporté un succès monstre au TNM de Montréal récemment, la pièce solo 887 de Robert Lepage arrive enfin à Québec. Présentée au Trident du 13 septembre au 8 octobre 2016, cette pièce intimiste et autobiographique est une œuvre scénique et cinématographique incontournable. Nostalgie, passion et émotions sont au rendez-vous!

Résumé

Robert Lepage renoue avec le solo dans cette pièce bouleversante et touchante où ses souvenirs d’enfance et d’adolescence font écho à l’histoire du Québec des années 60, violemment déchirée entre le nationalisme et le fédéralisme. Plongé dans le dédale de sa mémoire où se superposent les anecdotes savoureuses sur les voisins de pallier du 887 avenue Murray, sa découverte du théâtre dans sa chambre d’enfant ou les actualités de l’époque, Robert Lepage expose au spectateur les affres d’un comédien qui doit se souvenir, d’abord de son texte, le célèbre poème de Michèle Lalonde, Speak White, mais également de son passé et de la réalité historique et sociale dont il hérite et où il s’inscrit.
Comment peut-on se souvenir parfaitement du numéro de téléphone de son enfance et oublier celui que l’on a aujourd’hui? Comment cette mémoire fonctionne-t-elle? Quels en sont les mécanismes? De quelle façon un souvenir personnel trouve-t-il écho dans la mémoire collective?
 

La mémoire !
La mémoire !

Robert Lepage est un de nos plus grands créateurs reconnus mondialement et avec cette pièce 887, il nous montre à nouveau toute l’immensité de son talent créatif, autant au niveau de la scénographie, que dans l’art de raconter une histoire, de nous faire rêver, de nous instruire, et surtout de nous émouvoir.

Il n’y a que Robert Lepage qui peut réussir ce tour de force de nous faire revivre les années 60, comme si on y était, nous plonger dans ses souvenirs d’enfance et nous faire rigoler en nous décrivant les locataires qui habitaient le bloc appartement du 887 rue Murray, tout en nous rappelant de manières très intéressantes les événements marquants de l’Histoire de Québec et de la politique dans les années 60-70 et de nous faire éclater de rire en le regardant tenter de se trouver des trucs pour apprendre un texte de 3 pages par cœur.  Tout cela, en nous proposant un dispositif scénographique et technologique des plus original, impressionnant et captivant. Et pour clore la soirée, Robert Lepage nous donne une sublime démonstration de son énorme talent d’acteur, en proclamant avec passion, émotion et conviction le célèbre Speak White de Michèle Lalonde. Personnellement, j’en ai eu des frissons de l’entendre!!

Le parc des Braves dans les années 60
Le parc des Braves dans les années 60

887 c’est aussi un superbe hommage à son père, lequel il personnifie à quelques moments dans la pièce et cela est tellement attendrissant de le voir se transformer pour lui donner vie. Dans cette pièce, Robert Lepage mélange les genres, les styles et les histoires qu’il raconte. Il est parfois le narrateur qui décrit son enfance, avec des anecdotes très drôles qui surprennent le public, comme lorsqu’il nous parle d’un des locataires d’un des appartements, un certain Johnny Farago. C’est hilarant! Il se transforme ensuite en orateur ou conférencier qui explique le fonctionnement du cerveau et de la mémoire. Cela est captivant! Il devient historien en racontant parfois en alexandrin certains moments marquants de la ville de Québec. Puis, il est le petit garçon qui se remémore ses souvenirs avec son père, sa sœur Lynda, sa grand-mère atteinte d’Alzheimer… Et finalement, il est aussi ce comédien qui n’arrive plus à apprendre un texte par cœur. Ce personnage est mon préféré. Il est drôle, touchant, sans filtre avec un humour très sarcastique et beaucoup d’autodérision. À tout moment, il alterne entre les diverses formes, styles, personnages, tout en inter changeant les décors. De l’immeuble 887, où l’on voit les gens vivre à travers leurs fenêtres, on passe à la maison d’un oncle de Robert, où l’on peut voir à l’intérieur, comme dans une maison de poupée, grâce à une caméra de téléphone qu’il introduit dans la petite maison et projetant les images sur grand écran. Puis en un instant, on se retrouve chez le Robert Lepage actuel, dans son appartement, pour se transporter ensuite près du Parc des Braves à Québec dans les années 60. Tous les changements de décor se font habilement, sans qu’on y voie presque rien, sans défaire la dynamique et le rythme installé par l’acteur. Plusieurs figurines, jeux de caméras, petits vidéos sont utilisés de manières fort habiles pour nous présenter cette pièce de manière fluide, interactive et captivante.

Un hommage à son père!
Un hommage à son père!

Le seul élément de reproche que je pourrais faire à ce très grand acteur, c’est qu’il ne prend pas le temps de laisser s’estomper les rires, avant de continuer son récit, si bien que parfois, on perd quelques phrases, lorsque les gens éclatent de rire. On aime tellement tout ce qu’il a à nous dire que c’est dommage d’en perdre, même juste des petits bouts.

Si vous n’avez qu’une seule pièce de théâtre à voir cette année, 887 est la pièce à ne pas manquer !

Naturellement, après 2 heures sans entracte de cette pure magie, les gens ont donné à Robert Lepage une ovation debout de plusieurs minutes, avec des cris, des bravos, des encore à profusion. Et les 7 techniciens travaillant derrière la scène sont même venus saluer également la foule.

Mes émotions à la fin de cette soirée étaient très variées. Un sentiment de pur bonheur que d’avoir passé une soirée très divertissante, alliant à la fois humour, nostalgie du passé et retour dans notre mémoire collective pour un rappel de nos grands moments de notre Histoire. J’étais également très émue du bel hommage que Robert a offert à son père et la générosité qu’il a envers nous de bien vouloir nous faire découvrir son passé, sa famille, son enfance, avec des photos de sa famille alors qu’il était un tout jeune enfant.

Un moment chez le comédien
Un moment chez le comédien

Décidément, Robert Lepage est assurément un personnage marquant de notre Histoire à Québec et il demeurera accroché dans notre mémoire collective pendant longtemps!!

 

Au Théâtre du Trident
Du 13 septembre au 8 octobre 2016

Avec deux représentations les samedis et dimanches.

Après Québec, Robert Lepage poursuivra sa route et ira présenter son solo en Australie, en Angleterre et à New York.

La pièce sera présentée à nouveau au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) en 2018

 

Texte, mise en scène et interprétation ROBERT LEPAGE
Production EX MACHINA

DISTRIBUTION ROBERT LEPAGE

Durée du spectacle
2 HEURES

CONCEPTION

Steve Blanchet, direction de création et idéation

Peder Bjurman, dramaturge

Adèle Saint-Amand, assistance à la mise en scène

Jean-Sébastien Côté, musique et conception sonore

Laurent Routhier, éclairages

Félix Fradet-Faguy, images

Sylvain Décarie, collaboration à la conception du décor

Ariane Sauvé, collaboration à la conception des accessoires

Jeanne Lapierre, collaboration à la conception des costumes

www.letrident.com/

http://www.grandtheatre.qc.ca/spectacles/le-trident-887-1959.html

 

crédit photos  :  Érick Labbé