C’est le 3 novembre qu’avait lieu la grande première médiatique de l’adaptation théâtrale du long-métrage Les bons débarras, au Théâtre du Trident. Pour l’occasion, le metteur en scène de la pièce Frédéric Dubois était présent de même que deux des acteurs du film de 1979 Marie Tifo et Germain Houde.
Résumé
Manon, 13 ans, vit dans une maison isolée avec sa mère célibataire, Michelle, et son oncle Guy, simple d’esprit. Ils survivent en coupant du bois de chauffage qu’ils vendent. Manon est une enfant précoce, sensible et diaboliquement intelligente. L’école ne l’intéresse pas et son obsession est d’obtenir l’amour exclusif de sa mère.
Guy vit dans son propre univers, attiré physiquement par la riche madame Viau-Vachon. Comme une source apparemment intarissable, Michelle est entourée de personnes qui demandent son affection : Manon, Guy, son amant, le policier Maurice et Gaétan, mécanicien et ami de Manon. Lorsque Michelle découvre qu’elle est enceinte, elle tente de partager sa joie avec sa fille, mais la nouvelle de sa grossesse bouleverse Manon.
Adapter pour la première fois au théâtre un des films les plus marquants de la cinématographie québécoise, Les bons débarras, du célèbre écrivain québécois Réjean Ducharme, voilà tout un défi que s’est lancé Frédéric Dubois. Et assurément, il a relevé ce défi avec brio, car cette pièce nous fait revisiter autrement ces personnages si touchants, si criant de vérité, ces écorchés de la vie, qui aiment démesurément!
Avec un décor des plus minimalistes, quelques buches de bois, deux caisses de bois qui servent de banc, une niche de chien et deux escaliers pour aller sous la scène pour se changer, et un écran en fond de scène qui projette des images vidéos pour créer l’horizon, voilà, c’est tout ce qu’il faut pour donne le ton et créer cet univers Ducharmien des Bons Débarras.
Le jeu des éclairages est très sobre, et est utilisé au bon moment pour éclairer l’essentiel de ce qui se passe sur scène. Il y a parfois deux scènes qui se passent en même temps, dans deux lieux différents, et ce sont les éclairages qui nous mènent d’une scène à l’autre, d’un lieu à l’autre.
Pour représenter les ballades en auto, ce sont plutôt à dos d’homme que les filles se promènent. C’est original et cela permet une proximité des deux personnages. Également, les effets sonores omniprésents, nous permettent de nous sentir dehors, le soir, avec le bruit des criquets, ou bien le matin, alors que les oiseaux chantent. Une petite musique parfois accompagne aussi certaines scènes, donnant des allures cinématographiques à l’occasion. Et pour reproduire la scène du camion pris dans la boue, ce ne sont que les sons qui nous guident, le reste est laissé à l’imagination. Et c’est très bien comme ça, un décor épuré qui laisse toute la place aux acteurs, aux dialogues, aux échanges entre les interprètes.
Il y a également la scène à la patinoire qui est vraiment réussie. Avec projection vidéo, et les interprètes qui patinent vraiment, cela est absolument innovateur au théâtre et on a senti dans la salle que les gens appréciaient beaucoup.
Au niveau des acteurs, le défi aussi était de taille, surtout pour les interprètes principaux, qui devaient jouer Michelle, Manon et Ti-Guy, et tenter de faire oublier les prestations de Mari Tifo, Charlotte Laurier et Germain Houde. Dès les premiers mots, les premières minutes de la pièce, le public a été conquis et s’est attaché à ces personnages. Sans être les mêmes que dans le film, ils ont gardé l’essence même et l’esprit dès ces personnages légendaires. Nicola-Frank Vachon, sans presque parler, nous touche grandement avec son personnage de Ti-Guy, dont on sent le mal de vivre. Érika Gagnon est sublime dans son personnage de Michelle qui tente de sauver tout le monde et aimer tout le monde. On la sent démunie face à la tâche à accomplir, mais fonceuse, qui n’abandonne jamais ceux qu’elle aime. Manon, interprétée cette journée-là par Léa Deschamps, nous cloue sur notre siège. Une interprétation sans faille, tout en émotion. Une minute, elle nous fait rigoler par son langage coloré, ensuite, elle nous émeut par ses déclarations d’amour infinies pour sa mère, et tout de suite après, on voudrait l’étriper lorsqu’elle sabote l’univers de sa mère. Toute une performance!
Naturellement, ce sont les mots de Réjean Ducharme qui nous charment littéralement. Cette musicalité dans ses dialogues, la justesse du mal de vivre de l’adolescence qu’il réussit pleinement à saisir et à faire transparaitre dans le personnage de Manon. C’est criant de vérité.
Une histoire d’amour tordu qui émeut profondément, empreint d’humour, des personnages touchants à souhait, voilà ce que nous offre cette magnifique adaptation théâtrale des Bons Débarras au théâtre du Trident jusqu’au 26 novembre 2016.
Le Trident
Les bons débarras
Du 1er au 26 novembre 2016
Pour consulter l’horaire des représentations, cliquez ici
Salle : Salle Octave-Crémazie
Prix des billets : 45,50 $ (avant-premières)
50,50 $ (mardi au dimanche)
* taxes et frais de service inclus.
CONCEPTION
Réjean Ducharme (Scénario original)
Frédéric Dubois, adaptation du scénario et mise en scène
Marie-Renée Bourget Harvey, Scénographie
Denis Guérette, Éclairages
Pascal Robitaille, Musique
Virginie Leclerc, Costumes
Émile Beauchemin, Assistance à la mise en scène
Louis-Robert Bouchard, Vidéo
Coproduction : Théâtre des Fonds de Tiroirs
DISTRIBUTION
Lise castonguay (Madame Viau-Vachon)
Érika Gagnon (Michelle Desroches)
Nicolas Létourneau (Maurice)
Steven Lee Potvin (Gaétan)
Vincent Roy (Fernand)
Nicola-Frank Vachon (Guy Desroches)
Léa Deschamps (Manon Desroches en alternance)
Clara-Ève Desmeules (Manon Desroches en alternance)
Théâtre du Trident
Crédit photo : Stéphane Bourgeois Théâtre du Trident
