L’Opérette «La grande Duchesse de Gerolstein»: de belles voix pour un classique d’Offenbach renouvelé

«La grande Duchesse de Gerolstein»Du 11 au 13 novembre, Productions Belle Lurette présente un des grands succès d’Offenbach, l’opérette «La grande Duchesse de Gerolstein».  Étienne Cousineau (mieux connu depuis son passage à la première saison de La Voix) est le maître d’oeuvre de ce bon divertissement.  Présenté à Paris pour l’Expo Universelle il y a 150 ans, cet opéra-bouffe est une des plus sérieuses de l’auteur, tout en étant dans la plus pure tradition de l’époque. La mise en scène d’Étienne Cousineau a su insufler à la production un vent de modernisme qui permet au spectacle de lever et divertir, tout en conservant la style propre à Offenbach.  En prime, les personnages principaux offrent une performance vocale impeccable.

Sylvain Paré (Fritz) et Étienne Cousineau (Duchesse)
Sylvain Paré (Fritz) et Étienne Cousineau (Duchesse)

L’histoire est centrée sur la Grande-Duchesse de Gérolstein et de son royaume.  Le général de l’armée, Boum, et la baronne Puck s’allient pour empêcher la Duchesse d’épouser le Prince Paul dans le but de conserver leur influence.  La Duchesse s’amourache d’un simple soldat un peu naïf, Fritz, qu’elle nomme général en chef au grand dam de Boum.  Fritz est un peu confus de ces attentions, surtout qu’il est amoureux d’une jeune paysanne, Wanda.  Après la victoire de Fritz au front, le prince Paul s’allie à Boum et Puck pour renverser le nouveau général.  Lorsque la duchesse réalise que Fritz veut épouser Wanda, elle décide de se venger en épousant le Prince Paul et en complotant avec les autres pour éliminer Fritz. Le tout se terminera sur une grande scène de mariage avec tout l’esprit festif d’Offenbach.

Étienne Cousineau (Duchesse)
Étienne Cousineau (Duchesse)

Même si l’histoire est simple et prévisible, on reconnaît la signature d’Offenbach tout au long de l’oeuvre.  Fidèles à leur habitude, Belle Lurette et son directeur artistique, Étienne Cousineau, ont modernisé une oeuvre classique pour en faire un bon divertissement.  Les chorégraphies dans le style d’Offenbach sont aussi rajeunies par des mouvements contemporains, comme la danse du mariage qui se transforme en continental après quelques pas.  Le spectacle alterne des numéros plus intimes à deux ou trois et des numéros de groupes, tous très réussis grâce aux talents vocaux des 17 chanteurs.  La mise en scène avec un jeu exagéré, un peu comme à l’époque du cinéma muet, réussit à relever un texte qui a pris de l’âge à un bon niveau de divertissement.  Il faut souligner l’excellent travail du pianiste Pierre McLean qui assure un accompagnement impeccable même avec les partitions les plus complexes.

Une grande partie du succès du spectacle s’appuie sur la qualité des voix des interprètes principaux.  À commencer par Étienne Cousineau en Grande-Duchesse, avec sa voix claire et puissante de sopraniste, sans oublier sa présence et son autodérision qu’il utilise pour faire rire.  Ses aigus sont excellents et il réussit à nous faire oublier que c’est un homme qui joue le rôle d’une duchesse.  Sylvain Paré dans le rôle de Fritz est aussi excellent, avec sa voix chaude de ténor, puissante dans tous les registres, spécialement quand il pousse les aigus.  Sa bien-aimée, Wanda, jouée par Eugénie Préfontaine, offre aussi une performance vocale qu’on remarque.  Leur duo (Fritz et Wanda) dans «Au diable la consigne» est un des bons numéros de la soirée.

Jocelyne Cousineau (Puck), Benoît Godard (Boum) et Serge Turcotte (Prince Paul)
Jocelyne Cousineau (Puck), Benoît Godard (Boum) et Serge Turcotte (Prince Paul)

Le triumvirat composé de Boum, Puck et Prince Paul n’est pas en reste en offrant chacun une belle performance vocale en solo ou ensemble.  Serge Turcotte (Prince Paul) a composé un personnage unique et sincère auquel on s’attache pour sa candeur.  Benoît Godard (Boum) avec sa voix profonde et juste est convaincant est général déchu.  Dans l’original, le baron Puck est joué par un homme qui s’est transformé en baronne dans cette nouvelle version.  Jocelyne Cousineau, a su insuflé au personnage la force et l’austérité d’une baronne qui nous rappelle qu’en 2016, les femmes ont leur place à la gouvernance de tout état.  Ensemble, ce trio apporte plusieurs moments comiques par leur complot et leurs jeux.

D’une durée de 2h40 (avec entracte de 20 minutes), le premier acte gagnerait à être resserré.  Plusieurs numéros sont à souligner, comme la «Chanson du régiment», la scène de lit entre la duchesse et Grog, le numéro des conspirateurs avec leurs couteaux dans le style «Sweeney Todd», sans oublier la finale du mariage.  Avec toutes ces bonnes voix, «La grande Duchesse de Gerolstein» est un spectacle à voir pour les amateurs d’opérettes et ceux qui cherchent à passer une bonne soirée à s’amuser.

Les bons coups: bonnes voix lyriques, adaptation moderne et mise en scène, musique d’Offenbach entraînante

Les moins bons coups: longueur en première partie

Jocelyne Cousineau (Puck), Sylvain Paré (Fritz), Eugénie Préfontaine (Wanda) et Benoît Godard (Boum)
Jocelyne Cousineau (Puck), Sylvain Paré (Fritz), Eugénie Préfontaine (Wanda) et Benoît Godard (Boum)

Équipe de création
Mise en scène et chorégraphie: Étienne Cousineau
Costumes: Étienne Cousineau, Jocelyne Cousineau, Suzanne Lemay, Diana-Carmen Ratycz
Perruques: Marie-Josée Corneau
Décors: Étienne Cousineau, Jocelyne Cousineau, Robert Cousineau, Philippe Gobeille, Michel Pagé, Maude Serrurier
Accessoires: Jocelyne Cousineau
Éclairages: Maude Serrurier
Pianiste: Pierre McLean

Distribution
Sylvain Paré (Fritz), Eugénie Préfontaine (Wanda), Benoît Godard (Général Boum), Tristan Roy (Népomuc), Jocelyne Cousineau (Baronne Puck), Soleil Dion (Iza), Cassandra Beck (Amelie), Catherine Leroux (Olga), Mélissa Grenier (Charlotte), Étienne Cousineau (Grand Duchesse), Serge Turcotte (Paul), Michaël Beaulieu (Grog), Jonathan D’Amour, Éric Lamarche, Jean-Sébastien Lavoie, Justin Muniz et Francis Toupin.

Présenté en français à la Maison des arts de Laval (1395 boul. de la Concorde Ouest, Laval) le 11 novembre (20h), 12 novembre (14h/20h) et 13 novembre
Billets (35$/étudiants 30$) disponibles au 450-667-2040 ou à la billetterie.

La scène du mariage
La scène du mariage

Liens:
Productions Belle Lurette http://www.bellelurette.org/
Événement Facebook https://www.facebook.com/events/118996685229451/

Photos: Martin Alarie