« J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened »… à La Chapelle à Montréal

J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened © Nans Bortuzzo
J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened © Nans Bortuzzo

Toutes les sociétés possèdent leurs codes de l’honneur, de la politesse, code vestimentaire et du comportement selon que l’on est un homme ou une femme ; et tant d’autres contraintes auxquelles tout le monde se soumet – avec une marge de liberté personnelle – mais sans que personne n’ait conscience de leur existence même. Ainsi, les individus acceptent-ils toutes ces règles venues des temps lointains et les suivent dans les limites, elles aussi édictées par ces mêmes règles.

On peut se demander qui décide de ces codes. La réponse est personne et tout le monde en même temps. Ils s’imposent par le jeu de l’acceptation et du refus de manière empirique, au fil des temps et au hasard des tentatives et des risques pris par les individus de les transgresser. Qui a décidé que la féminité s’exprimait par des robes moulantes et des talons hauts ? Que les hommes se devaient d’exhiber leur musculature, revêtus de chemises à carreaux rouge et boire de la bière ? Que la femme avec ses cheveux longs était bien plus faible que l’homme avec ses cheveux plus courts ? Et tant de comportements que l’on a fini par trouver naturels alors qu’ils ne sont que le fruit de notre culture au sens anthropologique du terme.

C’est à tous ces codes masculins / féminins que s’attaque le spectacle J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened de Philippe Dandonneau. Au fil d’une succession de scénettes de danse et de performance, deux hommes (Philippe Dandonneau et Sébastien Provencher) et une femme (Claudia Chan Tak) interrogent ces nombreux codes en les mettant à mal de façon caricaturale et souvent très comique. Les trois sont d’excellents danseurs qui valent au spectateur quelques très beaux moments comme le combat au corps à corps des deux hommes, ou les deux chorégraphies que Claudia Chan Tak réalise successivement avec chacun de ses partenaires. D’autres sont amusants comme le jeu de la barbichette ou le feu de camp qui clôture la séance de coupe de bois de chauffage, ou encore irrévérencieux comme l’interrogation sur la manière d’uriner selon que l’on est un homme ou une femme.

J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened © Nans Bortuzzo
J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened © Nans Bortuzzo

L’ensemble fait passer un bon moment grâce au talent des artistes, au choix des musiques et des sons, et à la qualité des éclairages, tout en permettant de réfléchir à la pertinence de ces codes et à l’intérêt de les transgresser. Car au bout du compte, comme le dit bien la deuxième partie du titre, no sex happened… Reste donc à se demander peut-être si ces règles qui différencient de manière forte les hommes et les femmes ne sont pas aussi ce qui aide à leur rencontre hétérosexuelle.

 

J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened, du 21 au 25 novembre 2016, au théâtre La Chapelle à Montréal

Idée originale Philippe Dandonneau

Interprétation et collaboration à la création Claudia Chan Tak, Sébastien Provencher, Philippe Dandonneau

Direction technique et éclairages Nicola Dubois

Direction des répétitions Christine Charles

Information: http://lachapelle.org/fr/calendrier/jai-rase-mes-jambes-six-fois-and-no-sex-happened