En ce jeudi 24 novembre, au Palais Montcalm de Québec, Les Violons du Roy présentaient avec eux un claveciniste hors frontières qui aborde autant la musique baroque que la musique contemporaine.
Or, le programme de la soirée était conçu de façon très explicite en ce sens avec deux œuvres de Jean-Sébastien Bach et deux œuvres contemporaines. Le concert a débuté avec l’interprétation d’une composition contemporaine de Claude Vivier, un Québécois des plus brillants, décédé il y quelques décennies.
Vivier a vécu un moment à Bali où il a étudié la musique pour gamelan, orchestre traditionnel indonésien. La pièce bien contemporaine du compositeur s’inspire de cette musique balinienne. Ouverte à l’interprétation par différents types d’instruments et voulu comme tel par Vivier, Les Violons du Roy avec leurs instruments à cordes en offrent une magnifique présentation. Le tout est vif, rythmé, entraînant, subtil, merveilleusement complexe. Ce compositeur sait créer des microclimats musicaux mystérieux avec envolées lyriques ou des moments sombres et dramatiques. Relevons un passage superbe opposant le jeu lent des altos et celui très rapide et vif des violons. On comprend très bien la raison pour laquelle, Claude Vivier demeure le compositeur contemporain le plus joué au monde.
Puis, on met en place un très beau clavecin et aspect inusité, un micro est installé avec un petit haut-parleur sur la scène, au bas de l’instrument. C’est le choix du musicien invité pour permettre une meilleure audition du clavecin. Et avec l’orchestre, on débute le Concerto en ré mineur de Bach en trois mouvements. Très sérieux, intensément concentré sur son instrument, Mahan Esfahani impressionne. Les solos dans l’œuvre nous permettent d’apprécier sa grande musicalité et sa virtuosité. Et l’accord entre lui, l’orchestre et le chef est très réussi.
Et en deuxième partie du concert, le claveciniste revient pour interpréter avec l’orchestre un œuvre de Henryk Gorecki, un compositeur contemporain polonais. En deux mouvements, cette composition est une montée, une ascension musicale intense, tant de la part du claveciniste que de l’orchestre. La fin du second mouvement est intense. À l’audition, on retient son souffle, tellement c’est puissant. Époustouflant et décoiffant, cette virtuosité affichée par Esfahani. Du rarement vu et entendu de la part d’un claveciniste. C’est éblouissant et fascinant.
Pour la plus grande joie du public présent, Mahan Esfahani, d’origine iranienne, s’exprimant parfaitement en français, nous propose en rappel un extrait des Variations Goldberg de Bach. Un moment très apprécié de finesse et de délicatesse.
En fin de concert, une jeune artiste invitée est la flûtiste québécoise Arianne Brisson. Elle se joint à l’orchestre pour interpréter une suite pour orchestre de Bach. Nous avons alors le plaisir de découvrir une artiste remarquable, élégante et tellement douée. L’aisance musicale, l’équilibre sonore et la musicalité de cette musicienne sont remarquables. On comprend très bien qu’elle ait eu le Prix d’Europe en 2013. Souhaitons le retour de cette flûtiste en concert avec Les Violons du Roy.
Les musiciens du concert :
Les membres des Violons du Roy
Mathieu Lussier, chef
Mahan Esfahani, clavecin
Ariane Brisson, flûte
Le programme du concert :
Claude VIVIER Pulau Dewata, orchestration pour cordes de M. Oestere
Johann Sebastian BACH Concerto pour clavecin en ré mineur, BWV 1052 Soliste : Mahan Esfahani, clavecin
Henrick GÓRECKI Concerto pour clavecin et orchestre, op. 40 Soliste : Mahan Esfahani, clavecin
Johann Sebastian BACH Suite pour orchestre no 2 en si mineur, BWV 1067 Soliste : Ariane Brisson, flûte
Crédits-photos: Courtoisie
CE CONCERT EST REPRIS EN SOIRÉE LE VENDREDI 25 NOVEMBRE À 19 H 30 À LA SALLE BOURGIE DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL.
http://www.violonsduroy.com/fr/evenements/bach-sans-frontieres/2016-11-25-19-30
http://www.violonsduroy.com/fr/programmation/saison-quebec
