« Huit », à la Cinquième Salle à Montréal

Huit © David Ospina
Huit © David Ospina

Huit acteurs, cinq hommes et trois femmes, alignés sur une scène de théâtre. Pas de décor, pas de costume de scène (ils sont tous revêtus de pantalons et de tee-shirt noirs), seulement des effets de lumières qui éclairent celui ou celle qui parle ou qui, mêlés à une sorte de vibration sonore, semblent électriser les autres personnages par moments. Pas non plus d’histoire à raconter ou à jouer, en apparence. Seulement un questionnement sur le bien-fondé, la légitimité de la présence de ces huit acteurs devant tous ces spectateurs qui ont payé et se sont déplacés pour les voir.

Que vont-ils leur proposer ? Un party comme annoncé, mais pour fêter quoi ? L’interprétation de leurs propres personnages, en référence à d’autres spectacles de la même compagnie théâtrale ? La narration d’une histoire, comme on en a généralement au théâtre ? L’exposition d’un procès ? de quel procès, alors ?

« Je sais que ça va être weird » annonce d’emblée l’acteur qui fait office de maître de cérémonie et qui dirige la troupe, Mani Soleymanlou. Et chacun d’y aller de son opinion, de son ressenti ou en tout cas de ce qui lui passe par la tête.

Leur malaise est sensible avec pas mal d’effets comiques. Comment se rendre utile ? Quel sens cela a-t-il d’aller voir du théâtre ? L’actualité du monde n’est-elle pas suffisamment bouleversante comme ça ? Et à travers cette soi-disant recherche d’un sujet pour la pièce, ce sont toutes les difficultés et les interrogations, toutes les contradictions et les sentiments de porte-à-faux ou de culpabilité de chacun de ces huit personnages – acteurs qui se révèlent sur scène. Comme pour dire au spectateur que pendant qu’il joue, l’acteur veut se rendre témoin de la petite actualité (celle qui touche tout un chacun dans sa vie quotidienne plus ou moins confortable au Québec) et de la grande actualité (avec ses guerres, son terrorisme, l’élection d’un nouveau président aux États-Unis, et tant d’autres événements qui dépassent la compréhension et la capacité d’absorption des personnages).

Huit © David Ospina
Huit © David Ospina

Finalement, ce sera bien une fête qui réunira les huit acteurs. Une fête pour être ensemble, une fête où l’on danse pour ne pas trop penser, pour échapper à la confusion mentale qui rend immense nos petits problèmes et minuscules les très grandes catastrophes de notre monde.

Huit, du 11 au 28 janvier 2017, à la Cinquième Salle de la Place des Arts à Montréal

Production Orange Noyée, Place des Arts

Texte : Mani Soleymanlou, avec la collaboration des interprètes

Mise en scène : Mani Soleymanlou

Avec Éric Bruneau, Guillaume Cyr, Kathleen Fortin, Julie Le Breton, Jean-Moïse Martin, Geneviève Schmidt, Emmanuel Schwartz, Mani Soleymanlou

Assistance mise en scène et régie : Jean Gaudreau

Lumière : Erwann Bernard

Conseiller à la scénographie : Max-Otto Fauteux

Musique : Philippe Brault