« La cantate intérieure » ou le lieu de la rencontre lumineuse

La cantate intérieure © Slim Dakhlaoui
La cantate intérieure © Slim Dakhlaoui

Artiste reconnue, elle propose des installations in situ. Livreur de colis chez UPS, il ne fréquente nullement les expositions d’art contemporain. Rien vraiment ne les destinait à une rencontre. Pourtant leurs vies à tous deux s’en trouveront transformées, illuminées de l’intérieur par des révélations inattendues en découvrant ce qui était devant leurs yeux mais qu’ils ne parvenaient pas à voir, rien de moins que leurs origines et ce qui semble donner sens à leurs vies.

Dans cette rencontre fugitive et fortuite, un croisement de destins plutôt, à lui seront révélées les circonstances de sa naissance, à elle le pourquoi de la récurrence du thème de la mémoire dans ses créations (notons au passage qu’il est erroné de dire que c’est l’État d’Israël qui a décidé qu’on était juif par sa mère; ceci appartient à ce qu’on nomme la Halakhah, c’est-à-dire la loi, depuis que le judaïsme existe, et l’on peut toujours se convertir si l’on veut). Un troisième protagoniste fait le lien entre les deux personnages principaux, le livreur et l’artiste. Il en reste à peine le nom, inventé de toute part, mais qu’une voix audible – à travers un casque mis à la disposition du visiteur de l’installation – matérialise, et qui résonne de façon bouleversante dans les oreilles de l’employé d’UPS…

Trois acteurs donc dans cette création de Sébastien Harrisson, trois acteurs excellents, et toute une scénographie très élaborée dans ce qu’on imagine d’abord être une maison ordinaire, mais qui est le lieu même de l’installation artistique au 6e étage d’un immeuble, avec mouvements et projections vidéo d’écritures et d’images. Ce lieu, ancien appartement transformé en salle d’exposition, est comme hanté par son passé, possédé par une histoire croisée qui réunit de manière éphémère le livreur et l’artiste.

La cantate intérieure © Slim Dakhlaoui
La cantate intérieure © Slim Dakhlaoui

Le texte est essentiel dans cette pièce. La vidéo n’est pas destinée à s’y substituer. Elle est un plus, tout comme l’est la musique bien choisie et le décor qui tourne devant nos yeux. L’ensemble permet de réfléchir aux hasards de nos propres rencontres qui, parfois, quand le hasard est bon, ouvre soudainement et de manière quasi magique à des aspects de soi qu’on ne comprenait pas, qu’on ne soupçonnait même pas.

La cantate intérieure fut créée en 2015 au Théâtre de Quat’sous à Montréal. La pièce revient pour quelques jours au Théâtre aux Écuries pour entamer ensuite une grande tournée à travers toute la province dont le Théâtre La Bordée à Québec.

La cantate intérieure, du 14 au 18 mars 2017, au Théâtre aux Écuries à Montréal

Compagnie Les Deux Mondes

Texte Sébastien Harrisson

Mise en scène Alice Ronfard

Avec Dorothée Berryman, Marie Bernier, Roger La Rue

Assistance à la mise en scène Jérémie Boucher

Scénographie Gabriel Tsampalieros

Costumes Sarah Lachance

Maquillages et coiffures Sylvie Rolland Provost

Musique Michel Smith

Éclairages Caroline Ross

Vidéo Gagnon

Régie son et vidéo Dominique Hawry

Direction technique Julie-Anne Parenteau-Comfort

Direction de production Kathleen Gagnon

Information : http://auxecuries.com/projet/la-cantate-interieure/