« Vol au-dessus d’un nid de coucou » au Théâtre du Rideau Vert à Montréal

Vol au-dessus d’un nid de coucou © François Laplante Delagrave
Vol au-dessus d’un nid de coucou © François Laplante Delagrave

Personne n’a oublié le film aux nombreux Oscars de Milos Forman, One Flew Over the Cuckoo’s Nest en 1975, avec Jack Nicholson dans le rôle principal. Mais ce que l’on ignore souvent, c’est que cette œuvre intelligente et bien ficelée est d’abord un roman signé Ken Kesey paru en 1962 qui, dès l’année suivante, a été transformé par Dale Wasserman en une pièce de théâtre jouée sur de nombreuses scènes des États-Unis puis dans le monde entier. C’est l’adaptation par Michel Monty de cette très belle pièce que le Théâtre du Rideau Vert a la bonne idée de présenter à son public montréalais.

Dans le décor réaliste et bien pensé de la salle commune de ce service de l’hôpital psychiatrique, où un groupe d’une dizaine de pensionnaires masculins passe le plus clair de son temps, agrémenté d’éclairages variés qui transforment efficacement l’atmosphère du lieu, quinze acteurs sur scène – pas moins, tous excellents, et dont certains vivent une situation de réel handicap – font progresser l’action dramatique du héros, un intrus qui, pour éviter le risque d’une peine de prison, se fait passer pour fou.

Qui est fou? Qui ne l’est pas? Qui est le plus fous parmi les soignés mais aussi les soignants? On sait depuis l’expérience de Rosenhan sur le diagnostic psychiatrique qu’il n’est pas si facile de détecter un imposteur parmi les patients d’un service. Mais la pièce pose davantage de questions encore. Celle de la maltraitance qui peut exister dans ce type d’institution censée aider les malades, celle des traitements de psychochirurgie qui ont abondamment été utilisés par le passé ou de l’administration de médicaments psychotropes trop souvent préférée à un traitement par la parole, celle de la perversion qu’on peut trouver n’importe où, mais qui s’épanouit tout à son aise dans une structure où le pouvoir se substitue à l’autorité, celle enfin plus générale de la vie et de la liberté, et qui concerne tout le monde.

La pièce est menée tambour battant, avec ses moments tragiques, ses moments révoltants et ses moments drôles et joyeux. Le héros et, finalement, tous les malades aussi sont vraiment attachants. Le personnage de Billy, celui de Harding et bien sûr du géant indien sont particulièrement touchants. Mathieu Quesnel dans le rôle de Randle McMurphy est un garçon sympathique à souhait, bien plus salutaire pour les malades que tout le service hospitalier réuni; Julie Le Breton dans le rôle de l’infirmière Ratched est, comme il se doit, terrorisante de perversion malsaine et d’une efficacité malheureusement redoutable…

Vol au-dessus d’un nid de coucou © François Laplante Delagrave
Vol au-dessus d’un nid de coucou © François Laplante Delagrave

Vol au-dessus d’un nid de coucou, du 24 mars au 23 avril, au Théâtre du Rideau Vert à Montréal

Une pièce de Dale Wasserman

D’après le roman de Ken Kesey

Traduction, adaptation et mise en scène Michel Monty

Avec Julie Le Breton, Mathieu Quesnel, Sylvio Archambault, Anne-Marie Binette, Catherine Chabot, Philippe David, Stéphane Demers, Jacques Girard, Jean-François Hupé, Renaud Lacelle-Bourdon, Justin Laramée, Benoit Mauffette, Jacques Newashish, Frédérick Tremblay, Gilbert Turp

Information : http://www.rideauvert.qc.ca/