Au grand soleil, cachez vos filles de Abla Farhoud, un roman sensible et émouvant!

Au grand Soleil, cachez vos filles
Au grand Soleil, cachez vos filles

Alba Farhoud vient de publier son tout denier roman, Au grand Soleil cachez vos filles. Cette fiction est inspirée d’une partie de la vie de l’auteure, qui est elle-même née au Liban, a émigré au Canada très jeune, y a passé 15 ans de sa vie, est devenue comédienne, puis est retournée au Liban. Là, elle a tenté de poursuivre sa carrière d’actrice. Après 4 ans, elle est partie à Paris étudier pour revenir ensuite au Québec.

Résumé

Les Abdelnour ont passé près de quinze ans au Québec avant que le père ne les force à rentrer au pays natal, le Liban. Après quelques mois d’émerveillement devant le paysage lumineux de la côte, il leur faut bien s’installer dans leur nouvelle vie, apprendre les codes culturels, s’inventer un avenir. Pour la jeune Ikram, profondément attachée à l’indépendance et à la liberté dont elle jouissait en Amérique, l’épreuve est particulièrement ardue. Dans la chaleur entêtante et sous le regard oppressant des hommes, comment rester fidèle à ses ambitions? Comment exercer son métier de comédienne dans un monde ou « actrice » est synonyme de « putain »? Au Grand Soleil, comment s’épanouir sans se brûler?

J’aime beaucoup cette auteure qui écrit avec une très grande sensibilité. J’ai adoré ses livres précédents et celui-ci est probablement mon préféré. Dans cette fiction, elle donne la parole à plusieurs personnages, où tour à tour, ils deviennent narrateurs et témoignent de leur difficulté d’adaptation à leur nouvel environnement. Il y a les trois aînés de la famille Abdelnour, Faïzah, Adib et Ikram, ainsi que leur oncle Youssef qui lui, amène ses réflexions extérieures sur cette famille qui revient du Canada. Les autres membres de la famille, le père (qui se laisse facilement avoir du côté des finances), la mère (qui sait si bien s’effacer comme la majorité des femmes au Liban), et les deux plus jeunes enfants, font également partie de l’histoire racontée.

Faïzah, l’ainée, c’est la travaillante, débrouillarde, fonceuse, qui découvre son pouvoir de séduction auprès des hommes au Liban. Elle n’a jamais rien à payer, les hommes sont là pour ça. Mais elle découvre aussi l’envers de la médaille, l’homme veut sa femme soumise, et vierge pour le mariage. Puis, une fois mariée, la femme ne travaille plus, elle est sous le contrôle de son mari. Quel changement de culture pour elle, qui est difficile à accepter!

Adib, pour sa part, ayant vécu des moments ardus, et une maladie qui l’a presque anéantie, il y a quelques années, il est hésitant à reprendre sa vie au Liban. Il s’enferme chez lui avec sa mère et regarde la ville du haut des toits. Aura-t-il le courage de refaire sa vie?

Et Ikram, avec son parcours de comédienne, autant ses parents étaient fiers d’elle au Québec, autant les actrices au Liban sont vues comme des femmes de mauvaise vie, des putains. De plus, les conditions de travail au Liban sont beaucoup moins intéressantes qu’au Québec pour son métier. Au fil des années, elle doute de pouvoir s’émanciper et s’épanouir dans un tel contexte.

Ce que je trouve intéressant dans ce roman sensible et touchant, c’est que l’auteure nous dresse un portrait très réaliste du Liban des années soixante. Elle nous dépeint avec honnêteté, sans détour, le rôle des femmes dans cette société, le choc des cultures, et nous donne un accès privilégié au sein d’une famille d’immigrants qui retourne dans son pays d’origine, mais qui s’y sent complètement dépaysé, étrangers dans leur propre pays.

Les personnages sont des plus attachants, leur histoire est émouvante, leurs combats nous inspirent et leur sentiment d’échec, de rejet nous touche profondément.

Abla Farhoud
Abla Farhoud

Née au Liban, Abla Farhoud immigre au Canada avec ses parents en 1951. Comédienne dès l’âge de 17 ans, elle joue principalement à la télévision de Radio-Canada. En 1965, elle retourne dans son pays d’origine et, en 1969, elle s’installe à Paris. Après des études en théâtre à l’Université de Vincennes, elle revient au Québec en 1973. Elle écrit sa première pièce, Quand j’étais grande, en 1982, lors d’un cours de maîtrise en théâtre à l’Université du Québec à Montréal.
Auteure à temps plein depuis 1990, elle a écrit douze pièces de théâtre dont Les Filles du 5-10-15¢, Jeux de Patience et Les Rues de l’alligator. Elle est aussi l’auteure des romans Le Bonheur a la queue glissante (Les Éditions de l’Hexagone, 1998),Splendide Solitude (Les Éditions de l’Hexagone, 2001) et Le fou d’Omar (VLB éditeur, 2005), Le sourire de la petite juive, Toutes celles que j’étais (2015).
Les livres d’Abla Faroud ont été traduits en plusieurs langues et ses pièces ont été jouées autant au Canada qu’à l’étranger.

Prix 26,95 $

Nombre de pages 232 pages

Parution : 24 avril 2017

VLB Editeur

http://www.edvlb.com/