Électrisant et magnifique « Some Hope for the Bastards » au FTA

Some Hope for the Bastards  © Photo de courtoisie
Some Hope for the Bastards © Photo de courtoisie

Étonnant Frédérick Gravel! Étonnant, surdoué, capable d’électriser une salle et de proposer un spectacle plutôt génial, magnifique, inédit, surprenant, électrisant.

Sur la scène éclairée, pas de décor. Seulement neuf chaises alignées quand les spectateurs s’installent. Certains artistes sont déjà là, en tenue de ville, qui regardent immobiles les spectateurs entrer. Debout, assis, une bière à la main, ils attendent pendant qu’un bourdonnement sourd se fait entendre.

Les artistes ressemblent un peu à des poupées sans vie, sortes d’automates à peine mouvants qui se figent dans de subtiles et irrésistibles convulsions intérieures. Le public qui prend place n’a pas l’air de s’en rendre compte et poursuit ses bavardages. Mais sur la scène, les danseurs se tordent, lentement, tiennent à peine debout. Certains s’affalent sur le sol en se retenant entre deux chaises. Tout est très lent, progressif.

Au fond de la scène, trois musiciens s’installent autour de la batterie. Les guitares électriques résonnent et font s’animer davantage les danseurs. Ils ressemblent encore à des automates qui se tordent irrésistiblement mais toujours au ralenti. La musique cesse brutalement, les danseurs s’immobilisent, et Frédérick Gravel à la guitare électrique souhaite la bienvenue au public. Curieuse entrée en matière. Nous avons assisté au premier début du spectacle. Car il y a deux débuts… Le ton un peu fou de la représentation est donné…

Le « deuxième début » est sublime. Sur les voix superbes d’un Miserere baroque, voici de nouveau les danseurs animés de ces curieuses convulsions nerveuses. L’anachronisme des corps et de la musique, leur contraste produit un effet jubilatoire, presque comique et pourtant extrêmement beau. Puis la chorégraphie se métamorphose en danses de boites de nuit au son de la batterie et des guitares électriques qui reprennent.

Some Hope for the Bastards  © Photo de courtoisie
Some Hope for the Bastards © Photo de courtoisie

Désormais, la musique rock est puissante, les décibels élevés – trop peut-être. Les chorégraphies se font collectives. Les danseurs sont incroyablement talentueux. Ils m’ont fait un peu penser à ceux du clip de Michael Jackson, Thriller, même si les danses sont très différentes. Some Hope for the Bastards dégage une grande mélancolie en même temps que l’énergie du désespoir, celle qui fait qu’on ne doit pas baisser les bras. Les danseurs ne ressemblent pas exactement à des zombies mais pas loin. Ils dansent et se convulsent jusqu’à l’épuisement, mais tout en beauté, dans de fausses coordinations et des postures étonnantes.

Par moments l’amour est évoqué. À d’autres c’est l’impuissance que l’on ressent. Et tout ça exprimé par des danseurs d’un talent incroyable, qui dégagent à la fois un tragique découragement et une immense énergie pleine de ressources et d’espoir.

Some Hope for the Bastards, les 1er et 2 juin 2017 à la Salle Ludger-Duvernay du Monument National à Montréal

FTA

Création : Frédérick Gravel

Un spectacle de Grouped’ArtGravelArtGroup

Direction artistique et chorégraphies Frédérick Gravel

Interprétation David Albert-Toth, Dany Desjardins, Kimberley De Jong, Francis Ducharme, Hanako Hoshimi-Caines, Louise Michel Jackson, Frédéric Tavernini,  Lucie Vigneault, Jamie Wright

Musique Philippe Brault

Interprétée par Philippe Brault, José Major

Lumières Alexandre Pilon-Guay

Coproduction Festival TransAmériques + Daniel Léveillé Danse + Fonds de création CanDanse et ses partenaires (FTA, CNA, PuSH Festival, Banff Arts Centre) + Centre chorégraphique national de Caen – direction Alban Richard + Muffathalle

Information: http://fta.ca/