« Quatuor pour la fin du Temps » par Bop au FTAoff

Quatuor pour la fin du Temps © Photo de courtoisie
Quatuor pour la fin du Temps © Photo de courtoisie

Il y a chez Olivier Messiaen, le bien nommé, quelque chose de messianique, qui évoque la fin du monde ou peut-être son recommencement. Son Quatuor pour la fin du Temps composé alors qu’il était emprisonné à Görlitz, sur l’actuelle frontière germano-polonaise, aurait été inspiré de l’Apocalypse de Saint Jean.

En marge du Festival TransAmériques, le FTAoff s’est donné pour vocation de présenter au public montréalais des œuvres complexes d’où doit émerger une certaine beauté. L’œuvre inspirée d’un fragment du Quatuor pour la fin du Temps par Bop m’est apparue comme un éloge à l’étrangeté où, en plus des quatre excellents musiciens qui composent le quatuor au piano, au violon, au violoncelle et à la clarinette, quatre danseurs plus seize performeurs donnaient un avant-gout de fin du monde.

Avant que les musiciens prennent leur place, pendant dix bonnes minutes silencieuses, un couple de danseurs semble bien maladroit à former un duo. Rencontre amoureuse difficile? Les deux vont occuper la scène pendant le début de l’interprétation musicale dans une danse faussement maladroite, où le couple semble entrer dans une bataille d’amour très physique. Puis, petit à petit, c’est l’entrée sur scène de seize corps nus, sortes de zombis, hommes et femmes, toutes morphologies et corpulences confondues, dont les corps par moments servent d’écran à des projections vidéo qui permettent de ne pas en rester à la surface des choses mais montrent leur intérieur, fragile, périssable, et qui finit par se confondre avec le rien. Un danseur enfermé dans un grand sac plastique installé sur une table se débat, suffoque, mais on assiste finalement à sa renaissance. Il perce sa coquille transparente comme un oiseau qui nait et exécute sa danse de vie, éphémère elle aussi. Enfin, une danseuse endormie s’éveille le visage recouvert d’un immense masque de papier coloré, sorte de mutante mi humaine mi végétale. Le masque la rend aveugle et l’oblige à se guider sur les parois de la scène au son suraigu des dernières notes du quatuor.

Olivier Messiaen ne donne pas à entendre de mélodies. Avec des propositions de musique contemporaine, l’auditeur a du mal à le suivre et doit accepter l’expérience sonore plutôt que musicale au sens classique du terme. Les performances des danseurs aident considérablement le spectateur, même si, comme c’est le cas dans cette interprétation, elle l’oblige à se questionner encore plus.

Quatuor pour la fin du Temps © Photo de courtoisie
Quatuor pour la fin du Temps © Photo de courtoisie

À la fin du spectacle la scène était déserte et les applaudissements n’ont pas fait revenir les artistes. Et c’est à l’extérieur de la salle que, telle une installation d’art contemporain, les spectateurs en étaient encore pour leur étonnement dans ce spectacle complexe, étrange, expérimental et non dépourvu de beaucoup d’intérêt.

Quatuor pour la fin du Temps, les 7 et 8 juin 2017, Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau à Montréal

Une production de BOP | Ballet-Opéra-Pantomime en codiffusion avec le OFFTA.
Clarinette: Hubert Tanguay-Labrosse
Violon: Grace Park
Violoncelle: Valentin Bajou
Piano: Gaspard Tanguay-Labrosse
Chorégraphes et interprètes: Karina Champoux, Dave St-Pierre, Frédéric Tavernini, Anne Thériault

Éclairages:  Hubert Leduc-Villeneuve
Visuel: Alex Huot

Informations : http://offta.com/fr/event/quatuor-pour-la-fin-du-temps/