Louis Riel, un bouleversant et spectaculaire opéra au Grand Théâtre de Québec dans le cadre du Festival d’opéra de Québec

Steeve Wadohandik Gros-Louis
Steeve Wadohandik Gros-Louis

Dimanche le 30 juillet débutait la première de trois représentations de Louis Riel, un opéra, une fresque du grand personnage historique métis, fondateur de la province du Manitoba et de la conquête des terres de l’ouest canadien. Un tableau de Louis Riel, cette personnalité historique controversée ayant marqué l’histoire du Canada et également du Québec car ce métis francophone a étudié dans un collège francophone catholique de Montréal et ayant été en dépression pour une période, il a été en cure dans un hôpital de la région de Montréal et à Saint-Michel-Archange (Robert-Giffard) à Québec. Ce dernier a aussi été élu député de sa région au parlement d’Ottawa.

En 1967, pour les 100 ans de la Confédération canadienne on a eu l’idée de bâtir un opéra avec le compositeur canadien Harry Somers et d’en confier les textes à l’écrivain Mavor Moore en collaboration avec l’auteur Jacques Languirand.

Or, pour le 150 anniversaire de la Confédération canadienne, on a repris cet opéra. On vient de le présenter à Toronto et à Ottawa.

À Québec, voici maintenant cet opéra exceptionnel dans le cadre du Festival d’opéra de Québec.

La production est grandiose car plus de cent artistes sont requis sur la scène auxquels s’ajoutent les musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec. La mise en scène spectaculaire est de Peter Hinton.

Russell Braun, Louis Riel
Russell Braun, Louis Riel

Au plan musical, la composition de Harry Somers est vraiment intéressante. Ce grand musicien torontois, un des meilleurs au Canada de sa génération durant les années 60, a conçu une musique moderne, contemporaine qui fait appel à différentes sources. Musique symphonique, piano, percussion et autres aspects de cette composition; le tout est un assemblage aux sonorités intéressantes et brillantes. Cette musique est très bien exécutée par l’OSQ, sous la direction du chef Jacques Lacombe, rompu aux opéras ici et à l’étranger.

Le texte, le livret de l’auteur, comédien et producteur Mavor Moore est percutant, tout comme son sujet d’ailleurs. Ça nous prend et ça rebondit tout au long des trois actes du drame opératique.

Le texte est chanté en anglais, français, michif et cri avec surtitres, entre autres, en anglais et français.

Les personnages nous confrontent sur la scène lorsque l’on considère les enjeux politiques ainsi que les préjugés de l’époque, le racisme et le mépris concernant les métis, les amérindiens ainsi que les francophones.

Mentionnons que tenant compte de l’actualité politique des temps actuels, on a intégré des artistes et des acteurs des communautés autochtones canadiennes et québécoises.

Ainsi, au lever de rideau, le propos de Steeve Wadohandik Gros-Louis est un état de fait historique des Wendats en relation avec nous. Également, la présence de la chanteuse folk inuite Élisapie Issac intégrée à l’action de l’opéra est complètement réussie.

La mise en scène est dépouillée mais très efficace. Plusieurs tableaux sont très émouvants et bien imaginatifs.

Soulignons également les bons éclairages et les costumes rappelant les Anglais, les Écossais, les Amérindiens, la Compagnie de la Baie d’Hudson , les communautés religieuses catholiques qui sont fort bien conçus par Gillian Gallow. Seul bémol : le complet en plaid bleu de Sir Georges-Étienne Cartier : un peu cocasse.

Au plan vocal, les choristes dont ceux du Choeur de l’Opéra de Québec nous touchent et nous impressionnent. Dans les rôles importants, il faut relever bien sûr la présence incroyable de Russell Braun qui incarne un Louis Riel émouvant, troublant et tellement crédible. Sa voix et sa présence nous transportent à cette époque déroutante politiquement et bouleversante.

Salutation finale de l'opéra Louis Riel
Salutation finale de l’opéra Louis Riel

Allyson McHardy en mère de Louis Riel est très émouvante; son registre vocal et son timbre sont de toute beauté. Alain Coulombe dans le rôle de Monseigneur Taché avec ses notes graves nous rappelle le ton de voix de Joseph Rouleau qui d’ailleurs avait occupé ce rôle à la création de cet opéra en 1967.

Cet opéra, cette grande fresque historique est à voir évidemment pour ses qualités artistiques mais aussi comme formidable leçon d’histoire qui donne beaucoup à réfléchir.

Soulignons que le programme remis aux représentations est formidable. Il contient des notes et des renseignements riches et pertinents que l’on peut parcourir avec grand intérêt.

Dernier point des plus intéressants, le grand anthropologue Serge Bouchard entretient le public à propos de Louis Riel et du peuple métis lors d’une conférence d’une trentaine de minutes avant chacune des représentations au foyer de la salle Louis-Fréchette à 19 h 00.

Louis Riel est présenté à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec le 1er et 3 août à 20 h 00.

Une partie de la distribution :

Louis Riel, Russell Braun
Sir John A. Macdonald, James Westman
Marguerite Riel, Simone Osborne
Julie Riel, Allyson McHardy
Monseigneur Taché, Alain Coulombe
Chef d’orchestre, Jacques Lacombe

Metteur en scène, Peter Hinton
Décors, Michael Gianfrancesco
Costumes, Gillian Gallow
Éclairages, Bonnie Beecher
Le Chœur de l’Opéra de Québec
L’Orchestre symphonique de Québec

Crédits-photos : Lise Breton, photographe

Galerie de photos de Lise Breton :

https://www.flickr.com/photos/48796411@N07/albums/72157684542279490   

http://festivaloperaquebec.com/calendrier/

http://www.grandtheatre.qc.ca/spectacles/festival-d-opera-de-quebec-louis-riel-2106.html?date=2017-07-30