Tosca ouvre la 38e saison de l’Opéra de Montréal

ope-logononame1

L’Opéra de Montréal ouvre sa 38e saison en grand avec ce qui incarne l’essence de l’opéra : le mélodrame passionnel Tosca de Giacomo Puccini. Amour, jalousie, intrigues politiques et tension constante… tous les éléments d’un opéra-thriller sont présents dans cette nouvelle co-production de l’Opéra de Montréal et du Cincinnati Opera à la facture classique nous faisant revivre le contexte et lieux historiques de l’histoire (Rome de 1800) dans une mise en scène de grande finesse de Andrew Nienaber, étoile montante de la mise en scène aux États-Unis.

Distribution

Après son émouvante Butterfly, la soprano américaine Melody Moore revient à l’Opéra de Montréal pour incarner son rôle signature et intense de Floria Tosca. Moore représente aujourd’hui l’une des meilleures interprètes de Tosca dans le monde. Le ténor chilien Giancarlo Monsalve sera son amant, le peintre Mario Cavaradossi, pour ses débuts à la compagnie. À leurs côtés, le baryton canadien Gregory Dahl (Aida – 2016) incarnera le sinistre Scarpia, le chef de la police, la basse américaine Valerian Ruminsky (Otello – 2016), celui du Sacristain et le baryton canadien Patrick Mallette, le rôle de Cesare Angelotti (Les Feluettes – 2016). Autres rôles : Rocco Rupolo (Spoletta), Nathan Keoughan (Sciarrone), qui chantera d’ailleurs  Pink dans la reprise d’Another Brick in the Wall à Cincinnati en 2018, Max Van Wyck (Un geôlier) et Chelsea Rus (Un pâtre). La production évoluera dans des décors et costumes de Robert Perdziola et des éclairages de Thomas C.  Haze. L’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal (préparé par Claude Webster) seront dirigés par le chef italien Giuseppe Grazioli.

L’histoire : Un baiser mortel…

La cantatrice Floria Tosca est la maîtresse du peintre Mario Cavaradossi, complice du fugitif Angelotti. Le chef de la police, Scarpia, joue sur la jalousie et la passion de Tosca pour piéger Cavaradossi. Suite à l’arrêt de celui-ci, Scarpia exerce un odieux chantage sur Tosca : elle doit céder à ses avances pour sauver l’homme qu’elle aime. Elle accepte et Scarpia donne l’ordre de simuler l’exécution de Cavaradossi, tout en donnant un contrordre discrètement. Une fois signé le sauf-conduit des amants, Scarpia s’approche de Tosca et elle le poignarde – « Voici le baiser de Tosca ! », crie-t-elle. Elle se précipite au château Saint-Ange pour rassurer son amant et l’aider à feindre sa mort. Mais Mario est réellement fusillé et c’est un cadavre criblé de balles que Tosca retrouve…

L’œuvre : Le drame avant tout         

Puccini pense à mettre en musique la pièce La Tosca de Sardou dès 1889, à peine un mois après la première de son premier opéra Edgar. Ce projet sera ensuite mis de côté jusqu’en 1895, lorsqu’il voit une représentation de La Tosca avec la célèbre actrice Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. En 1896, quelques mois après la première de La bohème, Puccini lutte pour obtenir l’autorisation de l’auteur qui avait, entre-temps, donné les droits à un autre compositeur. Lorsqu’il obtient enfin les permissions nécessaires, il doit aussi convaincre le librettiste Giuseppe Giacosa du potentiel opératique de ce sujet.

Pourquoi tant d’obstination et de persévérance à mettre Tosca en musique? Bien que Puccini n’ait jamais été particulièrement intéressé par les intrigues politiques, il a tout de suite ressenti le potentiel dramatique de l’histoire de Tosca. Giacosa et Illica répondent à ce potentiel en concentrant l’action sur l’affrontement entre Tosca, Cavaradossi et Scarpia. La musique de Puccini contribue à mettre le drame au premier plan, allant parfois à l’encontre des désirs de son éditeur Ricordi et des conventions opératiques en vigueur. Il refuse, par exemple, d’écrire un duo d’amour entre Tosca et Cavaradossi, puisque, comme le rapporte le musicologue Julian Budden, Puccini soutenait que Tosca « serait trop préoccupée par l’aboutissement des événements pour pouvoir se livrer à des effusions qui lui feraient perdre du temps ».

La musique

La musique colle aux passions de l’histoire. L’atmosphère est sombre (Puccini choisit des tessitures basses et une seule voix féminine) et oppressante, et sa fine musique ne cède à aucun débordement. Le pivot dramatique de l’œuvre, l’acte II, est l’affrontement à huis clos des trois protagonistes, où Puccini dépeint avec beaucoup d’acuité l’étouffement, le piège qui se referme sur les amants. Avec Tosca, Puccini brille d’efficacité et livre l’émotion, qu’on pense seulement à l’air de lamentation du deuxième acte où Tosca chante sa douleur (Vissi d’arte, vissi d’amore), et celui de désespoir de Cavaradossi au début du troisième acte (E lucevan le stelle).

Parmi les plus célèbres cantatrices qui ont interprété le rôle de Tosca, une place particulière doit être réservée à Maria Callas qui y débuta le 27 août 1942, et acheva sa carrière scénique par ce rôle fétiche, le 5 juin 1965. Elle est considérée comme la « Tosca du siècle ».