Sorti en France en juin dernier, le film Cherchez la femme de Sou Abadi était présenté le 17 septembre dernier à 13h à la Salle d’Youville du Palais Montcalm. Malgré le soleil radieux à l’extérieur, c’est dans une salle comble que nous avons pu assister à cette projection à la fois drôle, charmante et divertissante. Ce film sera à nouveau présenté au FCVQ à 19h au Théâtre Les gros Becs le 23 septembre. Sa sortie en salle au Québec est prévue pour Janvier 2018.
Avant la projection de Cherchez la femme, il y avait deux courts-métrages qui nous ont été présentés.
Cherchez la femme
Parler de l’islamisme radical dans un film, de manière humoristique et réfléchie, c’était tout un défi. Et avec un synopsis peu invitant, on pouvait presque douter de sa réussite. Et pourtant, Sou Abadi a, à mon avis, gagné son pari avec ce petit bijou cinématographique.
Synopsis
Armand et Leila, étudiants à Science Po, forment un jeune couple.
Ils projettent de partir à New York faire leur stage de fin d’études aux Nations Unies. Mais quand Mahmoud, le grand frère de Leila, revient d’un long séjour au Yémen qui l’a radicalement transformé, il s’oppose à la relation amoureuse de sa sœur et décide de l’éloigner à tout prix d’Armand. Pour s’introduire chez Mahmoud et revoir Leila, Armand n’a pas le choix : il doit enfiler le voile intégral ! Le lendemain, une certaine Schéhérazade au visage voilé sonne à la porte de Leila, et elle ne va pas laisser Mahmoud indifférent…
Cherchez la femme est une comédie grinçante qui traite d’un sujet d’actualité, la radicalisation religieuse, l’emprise de la religion sur la vie quotidienne. De manière réfléchie et sensible, la réalisatrice Sou Abadi a su divertir et faire éclater de rire les gens dans la salle, en se moquant de l’intégrisme et de ses clichés, tout en évitant le racisme et l’islamophobie.
Sou Abadi a réussi ce tour de force, probablement parce qu’elle est Iranienne et a vécu la révolution en Iran à l’adolescence, avant de quitter son pays pour la France. Donc, elle est en terrain connu.
Ce que j’aime particulièrement dans ce film, c’est que sous le couvert de l’humour, on nous explique comment un musulman bien intentionné peut se radicaliser et semer la terreur chez les siens. Dès les premières minutes du film, on sent la menace que le frère de Leila peut représenter pour la liberté de la jeune femme et son petit frère. Puis, peu à peu, la comédie embarque, le burlesque et les rires fusent. Mais en même temps, lorsque Armand se met à étudier le Coran et les dogmes de l’Islam, il en vient progressivement à faire réfléchir et douter Mahmoud par ses paroles bienveillantes, sa poésie, qu’il va chercher autant dans les livres religieux que dans les propos de Shakespeare et Victor Hugo. Et c’est là, la force de film. Faire rire tout en étant réfléchi et faire comprendre comment on peut chavirer, lorsque ça va mal dans notre tête et qu’on veut tellement s’accrocher à quelque chose de plus grand que soi, parfois qu’on ne voit pas le mal qu’on fait autour de soi.
Pour bien réussir ce film, il fallait avoir des acteurs formidables. Et c’est le cas entre autres de Félix Moati qui incarne Armand. Il est drôle et sympathique à souhait. Et il sait transformer sa voix pour qu’on y croit à son personnage féminin. Et quels yeux!! Camélia Jordana est juste assez baveuse et fonceuse pour qu’on croit à son personnage. Et en tout temps, malgré ce qu’il lui fait vivre, le personnage de Leila continue d’aimer son frère et espère qu’il entendra raison et redeviendra le grand frère aimant et protecteur qu’il a toujours été pour elle et son jeune frère.
Finalement, William Lebghil est complètement crédible dans son personnage du grand Mahmoud. Il fait peur dès le départ et il nous est extrêmement antipathique. Puis, peu à peu, on le voit douter, se transformer, s’humaniser. Et on comprend un peu mieux ce qui l’a amené dans le radicalisme au moment où il avait besoin d’une puissance plus grande que lui pour continuer dans la vie.
En aucun temps on ne s’ennuie avec ce film, dont le rythme soutenu, les situations imprévues, et les moments émouvants alternent avec les rires à profusion. Un vaudeville politique qui vaut le détour!
Courts-Métrages
Avant la projection de Cherchez la femme, nous avons eu droit à deux courts-métrages d’environ 15 minutes chacun.
Le premier court-métrage [OUT OF FRA]ME est une fiction en Allemand, sous-titré en français et en anglais qui m’a totalement séduite. Une comédie satirique sur l’identité.
Synopsis
Par simple solitude, Paul en vient à tomber de son cadre. Luttant pour être vu à nouveau, il fait la rencontre des Coupures – un groupe de soutien pour les gens victimes d’une défectuosité.
Totalement absurde comme idée, mais tellement ingénieuse également, ce petit bijou de film m’a grandement impressionné. Le petit Paul, dans son enfance, était souvent oublié de ses parents. C’était comme s’il n’existait pas, jusqu’au jour où il disparut complètement du cadre… Et à partir de là, on a cessé de voir Paul dans le cadrage de la caméra. On l’entendait tout au plus.
Puis, un jour il rencontre un homme incompris de tous. Les gens riaient de lui, car il était en manque de synchronisme. Lorsqu’il parlait, ses lèvres bougeaient quelques secondes après qu’il eu parlé. Ensemble, Paul et cet homme ont rejoint un groupe d’aide aux gens hors de l’ordinaire, non conformes.
Ce film est hilarant, ingénieux, complètement loufoque, mais savamment inventé. On se laisse embarquer dans cette histoire et ces personnages qui nous surprennent et on est fasciné par l’esprit inventif du créateur de ce court-métrage. Un petit bijou!!!
Le deuxième court-métrage CRAZY SHEEP est une comédie romantique sur les rapports humains.
Synopsis
Dans l’appartement d’une station balnéaire, Crazy Sheep consume sa vie à jouer sur son ordinateur. Les rayons du soleil soudain l’éblouissent…
Ce court-métrage m’a plutôt laissée indifférente. Je n’ai pas vraiment compris, je crois, ce qu’il voulait nous démontrer. Cela débute dans une séance de jeux vidéos, alors que trois hommes jouent ensemble, en solitaire, sur leurs ordinateurs. Puis, l’un d’eux va quitter leurs jeux, le temps d’aller faire réparer la toile pour cacher le soleil. Il rencontre alors une jeune femme qui lui plait et cela semble réciproque. S’ensuit alors des situations plutôt bizarres, comme ramener une tortue géante à la mer, se chicaner avec l’homme du dépanneur pour la réparation de la toile. Et tout cela se passe sur une plage, où il y a très peu de gens. C’est bien étrange comme film, et bien honnêtement, je n’y ai pas compris grand-chose…
CHERCHEZ LA FEMME
PAR
SOU ABADI
DURÉE
88 MIN
LANGUE
FRANÇAISE
PAYS
France
ANNÉE
2017
RÉALISATION
SOU ABADI
SCÉNARIO
Sou Abadi
PRODUCTEUR
Michael Gentile
INTERPRÉTATION
Félix Moati
Camélia Jordana
William Lebghil
Court-métrage [OUT OF FRA]ME
PAR
SOPHIE LINNENBAUM
DURÉE
18 MIN
LANGUE
ALLEMANDE
SOUS-TITRES
FRANÇAIS/ANGLAIS
PAYS
ALLEMAGNE
ANNÉE
2016
RÉALISATION
SOPHIE LINNENBAUM
CAMÉRA
Janine Pätzold
MONTAGE
Nikoline Løgstrup
MIXAGE
Tobias Festag
PRODUCTEUR
Melanie Schichan
DIRECTION ARTISTIQUE
Fion Jasper Hoppmann
Court-métrage CRAZY SHEEP
PAR
MATHIAS DESMARRES
DURÉE
13 MIN
LANGUE
FRANÇAISE
SOUS-TITRES
ANGLAIS
PAYS
Belgique
ANNÉE
2016
RÉALISATION
MATHIAS DESMARRES
DÉCORS
Emilie Debus
MUSIQUE
Jean-Stéphane Garbe
MONTAGE
Marc Recchia
PHOTOGRAPHIE
Emilie Guéret
SCÉNARIO
Mathias Desmarres
PRODUCTEUR
Marie Besson
INTERPRÉTATION
Aurora Marion
André-Pierre Rego
Réal Siéllez
DIRECTION ARTISTIQUE
Guilhem Donzel