Le roman Borealium Tremens de Mathieu Villeuneve, un roman aux allures de légende, où hallucinations et héritage familial s’entremêlent dans ce troublant retour à la terre.

Borealium Tremens
Borealium Tremens

Avec un titre aussi étrange, Borealium Tremens qui nous est expliqué dans les premières pages du roman(vient de delirium tremens = le délire alcoolique… Borealium = Nord… folie du Nord), et une page couverture très peu descriptive, tout en noir, ce roman peut sembler bien intriguant. Pour son premier roman, Mathieu Villeneuve a choisi de raconter une histoire de retour à la terre, de vengeance et de damnation.

Résumé

David Gagnon veut rénover la Maison brûlée, dont il hérite à la mort de son grand-oncle, une maison-fantôme comme les autres dans le fond d’un rang de Saint-Christophe-de-la-Traverse. Il veut aussi y cultiver la terre et y terminer son roman, malgré les menaces d’expropriation, les voix qui vibrent, les hallucinations, les racines qui gagnent du terrain, les tiques et l’hiver féroce. Engoncé dans son tombeau de bois pourri, dans l’alcool et dans les archives de sa famille, le jeune écrivain est appelé à accomplir la prophétie sauvage, celle qui avait autrefois animé Auguste et plusieurs autres avant lui, et qui animera ceux qui ne sont pas encore nés.

Personnellement, le style légende ou fable n’est pas mon type de roman préféré. Mais comme j’aime bien découvrir de nouveaux auteurs, je me suis laissé tenter.

Je dois dire que la plume de Mathieu Villeneuve est riche et poétique, voire même parfois lyrique. Ses multiples descriptions de paysages, de vie rurale, sont des plus détaillées, colorées et imagées. On a l’impression de voir se défiler sous nos yeux en 3D les images qu’il nous décrit sur plusieurs pages.

En voici un exemple de son écriture si riche et imagée.

«La 169 longeait toujours la rivière. La lisière des bois de la Pointe-Taillon, fausse forêt vierge folle, masse de sapinages mangés par les orignaux, de bouleaux blancs aux troncs tordus, défilait à la manière d’un chapelet de prières gelées, récité par les voix douces et feutrées de mille voix de femmes… »

Avec ce roman, on découvre le Saguenay comme on ne l’a jamais vu et dans le plus fin détail. On en apprend beaucoup autant sur l’histoire de cette région, comme le déluge de 1996,  que des dommages causés par les déversements de l’Alcan, ou encore sur les tiques qui rendent fous les orignaux

Dès les premières pages, ce roman nous intrigue, l’écriture nous séduit, l’histoire semble passionnante. Il y a plusieurs personnages intéressants (dont le triangle amoureux entre David, son frère et Lianah), un notaire ayant passé les 100 ans, un oncle et son fils Tony qui, se disent prêts à aider David avec la reconstruction de son héritage, mais qui dans les faits lui cause plus de soucis et semblent plutôt vouloir lui prendre son héritage.

Mais peu à peu, mon intérêt pour cette histoire et le destin de David diminue, lorsque je comprends qu’il ne fait que boire, et prendre des substances hallucinogènes. Il fabrique même sa vodka artisanale avec les patates qu’il cultive dans sa cour. Puis, on apprend qu’il entend des voix et qu’il devrait être suivi par son médecin. On suppose alors qu’il est un schizophrène qui ne se soigne pas… Bien qu’il dit vouloir rénover sa maison et écrire un roman et découvrir ses ancêtres, il passe bien peu de temps à accomplir ces tâches. Arrive alors la chasse à l’orignal blanc,  les délires dans la forêt, les vieilles légendes, la descente aux enfers, alors que David éloigne de lui tous ceux qui veulent l’aider, sans compter la vieille métisse Marie Bouchard qui semble être « née du viol d’une nymphe autochtone par les dieux d’un Olympe de bois, de pulpe et d’aluminium ».

On a aussi droit à un hommage à Maria Chapdelaine (étrangement il a nommé un de ses personnages en son honneur Lianah de Mirecap), mais ceci n’est pas suffisant pour conserver mon intérêt. À force de voir David dépérir et se tuer à petit feu, cela me déprime, et ce, malgré la belle plume de l’auteur. Bien que ce genre de roman ne soit pas ma tasse de thé, je pense que les amateurs de légendes, d’histoires fantaisistes qui s’enracinent dans la réelle histoire d’une région, ou encore des amants de textes riches et finement bien écrits, ce livre saura leur plaire.

Mathieu Villeneuve est né à Chicoutimi en 1990. Il est diplômé du Baccalauréat en études littéraires de l’Université Laval. Descendant de bûcherons et de paysans, il a grandi entouré par les légendes de bois et les tragédies de campagne. Borealium tremens est son premier roman.

Parution : 29 aout 2017
366 pages

Prix 26,95 $

Édition La peuplade

http://lapeuplade.com/