Entrevue avec les artisans du film Innocent, en salle dès le 13 octobre.

Adrien Bodson, Marc-André Lavoie
Adrien Bodson, Marc-André Lavoie

Après Bluff et Y en aura pas de facile, voici le troisième film choral de Marc-André Lavoie, Innocent, mettant en vedette Emmanuel Bilodeau dans le rôle principal. Une comédie rythmée, rafraichissante, aux rebondissements inattendus, à voir et revoir !

Présenté en première mondiale au Festival du nouveau cinéma de Montréal (FNC) le 9 octobre dernier ainsi qu’en simultané avec une projection spéciale dans 25 communautés de retraités à travers le Québec, le film prend l’affiche le 13 octobre partout dans les salles de cinéma au Québec.

J’ai rencontré Marc-André Lavoie réalisateur et scénariste,  et Adrien Bodson, coscénariste, lorsqu’ils sont venus présenter le film à Lévis le 11 octobre dernier.

Mon appréciation du film est disponible via ce lien :

: https://info-culture.biz/2017/10/12/innocent-de-marc-andre-lavoie-a-voir-et-revoir/#.Wd__ItThDvY

 

Résumé

Dans un bureau anonyme, un enquêteur, policier, avocat, journaliste… peu importe, recueille le témoignage de Francis, un type bien normal à qui il est arrivé plusieurs déboires et rebondissements incongrus. Plongé dans des péripéties extraordinaires, le québécois bonasse se révèle au fond une bien gentille personne.  Comment Francis, un homme doux et généreux finira-t-il derrière les barreaux ? C’est ce que nous découvrirons en nous retrouvant catapultés au cœur d’un tourbillon de malchance et de préjugés.

Comme dans vos films Bluff et Y en aura pas de facile, vous avez à nouveau un film choral, avec plusieurs têtes d’affiches connues, et des petites histoires qui se suivent, ont des liens ensemble, mais on ne sait pas trop lesquels. Pourquoi ce genre de film vous attire?

Marc-André «Innocent est un film choral, comme les 2 autres que tu as mentionnés, mais il est différent aussi. L’arc est beaucoup plus fort et punché en soi. Mais c’est sûr que ce film est la suite logique de Bluff et Y en aura pas de facile. Et ce que j’aime dans ce genre de film, c’est de raconter des histoires, pas une histoire, mais plusieurs. Dans ce film, il y a 6 histoires pour le prix d’une. Et qu’est-ce qu’on retient des meilleurs films qu’on a vus, c’est assurément l’histoire, pas le fait qu’il avait un gros budget ou non, ou de gros déploiements. Aussi, j’aime faire des films qui sortent du carcan habituel. J’aime amener le spectateur dans une direction, puis le surprendre et l’amener ailleurs. J’aime que les gens se questionnent durant le film, qu’il ne comprenne pas trop où on veut l’amener. Je ne prétends pas faire des comédies intelligentes, mais j’essaie de le faire. Et le punch final, est à mon avis très réussi dans Innocent.»

Emmanuel Bilodeau
Emmanuel Bilodeau

D’où est venue l’idée de ce film? Et aviez-vous en tête Emmanuel Bilodeau comme prémisse de départ?

Marc-André « Oui c’était un film écrit pour Emmanuel. S’il ne pouvait pas le faire ou ne voulait pas le faire, alors on ne l’aurait juste pas tourné. J’avais besoin de l’innocence d’Emmanuel. (On traite de l’innocence à deux paliers dans le film). L’innocence ou pas d’un crime, et l’innocence, style inconscience,insouciance et un peu TDAH peut-être (comme moi d’ailleurs je dois l’être si on me diagnostique). » 

Adrien «Le fait qu’il est hyperactif, style TDAH, cela ajoute au charme du personnage joué par Emmanuel. Contrairement au film Y en aura pas de facile, tu apprends à connaitre le personnage principal à travers divers événements, le deuil de sa mère, une rupture amoureuse, le fait qu’il veut aider sa voisine, car il est un bon gars. Et c’est ainsi que tu t’attaches au personnage et tu voudrais qu’il ne soit pas coupable de quoi que ce soit, car il est un bon gars et il a besoin d’un break dans la vie… Et on doit le dire, c’est grâce à Emmanuel si on déclenché le projet en fait. Il a lu le scénario et il était prêt à embarquer dès la fin du mois. Et comme on sait qu’avec la Sodec et téléfilm ça risquait de prendre plusieurs années avant d’avoir du financement, alors aussi bien débuter dès maintenant.»

Justement, faire ce film, qui s’échelonne sur plusieurs saisons, avec des tournages de quelques jours ici là, est-ce difficile de tourner ainsi en décalé de plusieurs semaines?

Adrien «Oui c’est sûr que c’est plus difficile. Mais c’était nécessaire du côté narratif, ça se passait parfois en hiver, en été, etc. donc, il fallait attendre d’avoir les bonnes journées qui allaient avec la température. Pour ne pas se mélanger entre les diverses histoires, il y a eu une grande attention qui a été mise dans la préparation, dans le découpage, et au niveau des couleurs et des accessoires. Donc, les saisons aussi nous aidaient à nous replacer dans les histoires. Par exemple, les téléphones, utilisés par les personnages, ne sont pas les mêmes, selon les histoires, pour bien démontrer que cela ne se passe pas dans les mêmes années. »

Adrien Bodson, Marc-André Lavoie
Adrien Bodson, Marc-André Lavoie

Comment en est venue cette collaboration avec Ian Kelly pour la musique du film? Marc-André «Je suis un fan de Ian Kelly. J’ai ses albums et comme il chante en anglais, j’avais l’impression qu’il venait d’ailleurs qu’au Québec. Et un jour, je suis sur un jury pour des films pour les jeunes au CEGEP, et c’est là que je l’ai rencontré. Il s’appelle Yan Couture et il demeure à 20 minutes de chez moi (je suis de Rosemère). Et j’apprends alors qu’il aime mes films. On est devenus des amis. Et quand je lui ai demandé de faire la musique de mon film, pour un budget minime, non seulement il a accepté, mais il a aussi fait le mixage du film d’une qualité que je n’en ai jamais eue avant! Et il est comme moi, il fait tout. Il a fait les voix et joué de tous les instruments sur la trame, même la batterie.  »

À la fin du film, pour le générique, vous avez choisi de laisser Emmanuel Bilodeau nous lire le générique en improvisant un peu j’imagine?

Adrien «Il y avait des cartons avec la liste des noms effectivement, mais Emmanuel s’est laissé aller à commenter, comme bon lui semble. Par exemple, il y a une voiture qui passe, et il commente. En fait, il avait un canevas très précis, mais une latitude aussi pour ajouter. Et on a fait plusieurs prises aussi. Et on a gardé le meilleur. »

Tous les deux, Marc-André et Andrien, vous avez tout créé et fait de A à Z dans ce film. Du scénario à la réalisation, en passant par le montage et maintenant la distribution!  Pourquoi ?

Marc-André « Pour la distribution, on a décidé qu’on allait le distribuer nous-mêmes pour pouvoir faire la différence, pour que cet argent soit éventuellement redistribué à la relève québécoise, pour d’autres projets de films chorals. J’ai le goût d’aider des jeunes gens talentueux qui sortent des écoles par exemple. Car on ne se le cachera pas, c’est long, complexe, bureaucratique de tenter de faire financer des projets de films au Québec. 80% des projets de films qui ont été travaillés par des scénaristes et des réalisateurs ne se feront jamais… Pour les autres tâches, on est des touche-à-tout et avec peu de budgets on se doit d’être créatifs. Par exemple, on n’avait pas d’argent pour louer un local de répétition, alors on s’est fait prêter un salon funéraire, où on allait pour les lectures du scénario avec les comédiens. Et, on s’est vraiment surpassé sur ce film-ci. Pour Innocent, on avait à nouveau que très peu de budgets, mais contrairement à Bluff, qui était tourné dans un appartement, on a réussi à tourner dans divers lieux, au zoo de Granby, avec des tigres, dans de belles résidences, un garage et surtout, on a tourné sur 4 saisons. En plus, cela a été tourné avec la meilleure caméra au monde en Ultra HD 8K. Et ce film n’aurait pu se faire ainsi, sans Adrien qui a fait de la magie! Ma blonde était enceinte alors je perdais un gros morceau de mon équipe. Mais Adrien est venu remplacer 38 personnes virtuelles dont j’aurais eu besoin. »

Affiche Innocent
Affiche Innocent

La première mondiale a été au FNC du 9 octobre et en simultané avec une projection spéciale dans 26 communautés de retraités à travers le Québec En collaboration avec le Groupe Maurice, cette initiative représente « une belle façon de faire passer nos aînés en premier ». Comment est venue cette idée ? et avez-vous eu vent des réactions des gens ?

Marc-André « J’aimerais ça un jour que je serai dans un centre qu’on pense à moi, pour que je puisse voir des films comme ça. Mais à vrai dire, c’est l’idée d’Adrien tout ça.  »

Adrien « Ma mère est dans un centre et il faut le dire, ils passent toujours en dernier eux. Comme ils ne sont pas tous mobiles, et ils ont souvent peu de chance de sortir, ils risquent de voir le film un an plus tard. On s’est dit qu’on pourrait contacter des résidences et leur proposer de présenter le film, une seule journée, le même jour que la première mondiale au FNC. Un événement gratuit, tapis rouge, avec des affiches, et le film est présenté dans chacune des résidences qui le veulent bien. »

Marc-André « Et la réaction a été très positive. Les gens étaient heureux de voir le film. Emmanuel a même jasé avec un homme de 98 ans qui venait de voir le film. Et ce dernier a dit avoir tout compris de l’histoire, les intrigues étaient vraiment bonnes. Il s’est vraiment fait avoir et il a adoré. » 

Le dénouement du film (dont on ne racontera pas le punch ici bien entendu) est très rapide, et les bouts en suspens des cinq histoires se bouclent assez rapidement, dans les dernières minutes, ce qui fait qu’on a besoin d’être bien concentré.

Marc-André «C’est voulu, c’est un film rythmé et il faut être concentré pour bien comprendre. En fait, c’est un film qui est préférable d’écouter deux fois, si on veut voir toutes les subtilités, les détails même qu’on y a mis. Et vous verrez à la deuxième écoute, lorsque vous savez les punchs, qu’il y a des indices semés un peu partout, des divers punchs, mais vous ne les avez pas vus au départ. »

Innocent prendra l’affiche au partout au Québec le 13 octobre prochain.

Bande annonce : https://youtu.be/fxHcLJUVlJI

Site officiel : www.innocent-lefilm.com

 

Emmanuel Bilodeau (Francis)

Dorothée Berryman (Solange)

Bobby Beshro (Paul, le beauf)

Sandrine Bisson (Mélissa / sa jumelle Sarah)

Shauna Bonaduce (Katou)

Réal Bossé (avocat)

Pascale Bussières (Julie)

David La Haye (Daniel Couture)

Mahée Paiement (Annie)

Nicolas Pinson (gérant)

Stéphane Verdier (garagiste)

Yan Rompré (Mike)

Elizabeth Yale (Cynthia)

 

Genre: comédie dramatique

Origine: Québec, 2017

Durée: 1h28

Langue V.O.: Français

Première: 9 octobre 2017, Cinéma Impérial

Sortie en salles: 13 octobre 2017

Réalisation: Marc-André Lavoie

Scénario: Marc-André Lavoie, Adrien Bodson

Production: Adrien Bodson, Marc-André Lavoie

Producteur exécutif: Pierre Brousseau

Directrice de production: Esther Long

Société de production: Les Productions Orange Films inc. avec la participation financière de Téléfilm Canada, Fonds Québecor, crédits d’impôts fédéraux et provinciaux

Distribution: Orange Medias

Format de tournage : Ultra HD 8K filmé avec la RED Hélium.

Équipe technique

Conception sonore et Mixage: Guy Dubuisson

Coloriste: Thierry Lacombe

Maquillage-coiffure : Marianne Brodeur

Musique: Ian Kelly  (Sunset Hill Music)

Photographie: Mathieu Leblanc

 

Crédit photos : Réjeanne Bouchard