Après avoir suscité l’engouement lors de sa création au printemps 2016, et présenté au Théâtre de la Licorne, en 2016 et tout récemment en 2017, le Théâtre de La Manufacture part en tournée au Québec et au Canada, avec la pièce Des arbres, de Duncan Macmillan, dans une traduction de Benjamin Pradet. Grâce à une codiffusion avec le Théâtre Périscope, la pièce s’arrête à Québec du 31 octobre au 11 novembre 2017, avec Sophie Cadieux et Maxime Denommée pour ensuite continuer la tournée avec Éveline Gélinas et Maxime Denommée. Le tout est dirigé par Benoît Vermeulen. (Voir la fin de cet article pour tous les détails des endroits visités dans cette tournée.)
Résumé
Un couple dans la trentaine fait la file chez IKEA. Puis, soudainement, il aborde l’idée d’avoir un enfant. Entre panique, stupéfaction et hésitation, elle réagit, fort. S’ils sortent finalement les mains vides du magasin, c’est submergés d’envies, de questionnements et d’inquiétudes qu’ils rentreront chez eux. En ces temps d’incertitudes, de changements climatiques et de crise économique, est-ce réellement une bonne idée de mettre un enfant au monde? Alors qu’autrefois il s’agissait de désirs instinctifs, il semble qu’aujourd’hui faire un tel choix a le pouvoir de porter atteinte à la nature. Entre responsabilité sociale et relation amoureuse, comment ces deux êtres imparfaits qui se considèrent comme «de bonnes personnes» arriveront-ils à faire un choix? Et si cet enfant faisait partie de la solution plutôt que du problème?
Puisque les travaux de rénovation du bâtiment du Périscope ne sont pas encore terminés, la pièce Des Arbres est présentée au théâtre du Conservatoire d’art dramatique sur la rue St-Stanislas à Québec. C’est un endroit que je découvrais pour la première fois et je dois dire que j’ai bien apprécié cette salle.
C’est dans une salle épurée de tout décor que Sophie Cadieux et Maxime Denommée sont montés sur scène, avec pour seuls accessoires durant toute la pièce, qu’une bouteille d’eau et des éclairages simples variant d’intensité à l’occasion. Ajoutez à cela un peu de musique occasionnellement pour ajouter aux silences nécessaires parfois, et c’est tout. Une magnifique mise en scène de Benoît Vermeulen de nous présenter cela de manière si épuré, simple et efficace.
L’accent de cette pièce est mis sur le texte et le jeu des acteurs, tout simplement, et magistralement. Car cette pièce, sans artifice, sans décor, sans flafla, est tout sauf ordinaire et banal. C’est une pièce puissante, drôle, touchante et même troublante, qui nous porte à réfléchir sur nos vies, notre environnement, mais surtout sur nos peurs et sur l’amour. Car au final, c’est une histoire d’amour que l’on regarde se dérouler devant nous. Un couple qui se questionne : est-ce une bonne chose de mettre un enfant au monde alors que la planète est en train de se détériorer?
Une des raisons qui fait qu’on est si emporté, si ému, si touché par cette histoire, c’est qu’on y retrouve dans ces personnages et dans ce texte, nos propres questionnements, nos peurs, nos réflexions, nos propres relations amoureuses. Les personnages incarnés par Sophie et Maxime nous sont familiers. On les reconnaît, on se reconnaît en eux.
Quelle performance de jeu qu’ils déploient devant nous pendant 1 h 25 minute, dans un seul et même souffle on dirait! Sophie et Maxime sont en pleine symbiose, du début à la fin. On croit tout de suite à leur couple, à leur amour. Même sans décor, on les imagine au IKEA, puis en auto, ou dans leur chambre à coucher, ou encore au bar du coin. Pas besoin d’accessoires ou de décor, pour tout comprendre.
Et quelle écriture de Duncan Macmillan, un texte percutant et drôle à la fois! Mais aussi quelle belle traduction de Benjamin Pradet qui a permis à Sophie et Maxime de mettre ces mots dans leurs bouches et nous les transmettre de manière rythmée, voire même mélodieuse! Le texte est fort et fragile à la fois. Car on y parle de cet amour si fort qu’on veut tout affronter en couple, tout construire. Mais fragile aussi, car on y parle aussi de nos peurs qui nous font parfois hésiter, douter, nous remettre en question avant d’agir.
Sophie a le tour de débiter ses réflexions, ses peurs, ses questionnements, en un seul souffle, avec une habileté hallucinante. Ses hésitations, ses répétitions, ses ambivalences nous sont jetées au visage avec autant de force que de vulnérabilité. Elle est tout simplement magnifique. Et Maxime, il s’insère dans ses silences, réagit toujours adéquatement au bon moment, avec le bon mot pour faire rire, sourire, ou pour désamorcer, encourager, ou calmer sa partenaire. Il est tout bonnement génial!
Naturellement, après la pièce, on ne peut que se rejouer ce texte si puissant dans notre tête, et se questionner nous-mêmes sur nos besoins personnels d’accomplissements face à notre responsabilité au monde autour de nous, sur notre sentiment d’impuissance face aux enjeux planétaires, sur notre désarroi face à nos peurs pour le futur, sur nos amours qui se doit être plus fort que tout pour survivre.
Pour ceux que ça intéresse, cette pièce est à voir absolument et elle est présentée pour seulement quelques jours à Québec, mais sera en tournée un peu partout dès janvier 2018.
Du 31 octobre au 11 novembre 2017
Lieu : Théâtre du Conservatoire d’art dramatique de Québec (13, rue Saint-Stanislas)
Mardi et mercredi à 19 h
Jeudi et vendredi à 20 h
Samedi à 16 h
+ 2 supplémentaires les samedis à 20h
Texte
Duncan Macmillan
Traduction
Benjamin Pradet
Mise en scène
Benoît Vermeulen
Assistance à la mise en scène
Ariane Lamarre
Lumières
André Rioux
Musique
Guido Del Fabbro
Direction artistique du spectacle
Jean-Denis Leduc
Compagnie
Théâtre de La Manufacture
Distribution
Sophie Cadieux
Maxime Denommée
Billetterie / 418-529-2183, theatreperiscope.qc.ca
HORAIRE DE tournée 2017-2018
Avec Sophie Cadieux et Maxime Denommée au Théâtre Périscope à Québec
Avec Eveline Gélinas et Maxime Denommée en tournée
DATEs VILLEs sALLEs
Du 31 octobre au 11 novembre Québec Théâtre Périscope
17 janvier Jonquière Théâtre La Rubrique
20 janvier Salaberry-de-Valleyfield Cabaret d’Albert
23 janvier Montréal Salle Émile-Legault *arr. Saint-Laurent
27 janvier Montréal L’entrepôt * arr. Lachine
30 janvier Montréal Maison de la culture Maisonneuve * arr. Mercier–Hochelaga-Maisonneuve
1er février Mont-Laurier Espace Théâtre Muni-Spec
2 février Montréal Quai 5160 *arr. de Verdun
3 février Saint-Hyacinthe Salle Desjardins
27 mars Sherbrooke Salle Maurice-O’Bready
28 mars Montréal Salle Jean-Eudes *arr. Rosemont – La Petite-Patrie
31 mars Sainte-Thérèse Cabaret BMO
3 avril Drummondville Maison des arts Desjardins
4 avril Laval Maison des arts de Laval
5 avril Montréal Salle Pauline-Julien *arr. Sainte-Geneviève
6 avril Montréal Théâtre Desjardins *arr. de LaSalle
10 avril Rouyn-Noranda Agora des arts
Du 12 au 14 avril Sudbury, Ont. Théâtre du Nouvel-Ontario
19 avril Moncton, N.-B. Théâtre de l’Escaouette
20 avril Caraquet, N.-B. Centre culturel de Caraquet
23 avril Port-Cartier Café-théâtre Graffiti
24 avril Baie-Comeau Centre des arts de Baie-Comeau
25 avril Sept-Îles Salle Jean-Marc-Dion
27 et 28 avril Rimouski Théâtre du Bic
2 mai Montréal Maison de la culture Pte-aux-Trembles *arr. Riv-des-Prairies – Pte-aux-Trembles
3 et 4 mai Longueuil Théâtre de la Ville
5 mai Montréal Maison de la culture Claude-Léveillée *arr. Villeray–St-Michel–Parc-Extension
Du 8 au 12 mai Vancouver, C.-B. Théâtre La Seizième
* présenté DANS LE CADRE DU CONSEIL DES ARTS DE MONTRÉAL EN TOURNÉE. Arts MontrealTournee.org
https://www.theatreperiscope.qc.ca/
Crédit photos : courtoisie Suzanne O’Neill