« L’Iliade » : Homère mis en musique au Théâtre Denise-Pelletier à Montréal

L’Iliade © Gunther Gamper
L’Iliade © Gunther Gamper

On connait le genre « comédie musicale », pas exactement la même chose que l’opéra mais quand même une histoire mise en musique et en chansons, avec un aspect plus contemporain que l’opéra. L’Iliade d’après Homère, mis en scène par Marc Beaupré pourrait inaugurer un nouveau genre, celui de la « tragédie musicale », le récit d’une guerre sanglante qui se termine par la défaite de l’un des deux camps, mis en musique et en paroles; quelque chose comme un « rap opéra »…

Les grands héros de la guerre de Troie sont bien représentés sur scène : le troyen Pâris qui a enlevé Hélène, la femme du roi de Sparte Ménélas, ce qui a provoqué la guerre entre les Grecs et les Troyens. Mais aussi Hector (frère de Pâris) et sa femme Andromaque, Agamemnon, le frère de Ménélas, Patrocle et son grand ami Achille bien sûr, et même la devineresse Cassandre. Mais des nombreux dieux du panthéon grec, pas la moindre trace. L’Olympe est mis de côté dans cette œuvre qui se focalise sur les combattants mortels. Pas une seule arme non plus entre leurs mains. Seulement une console électronique et quelques instruments de musique pour accompagner les voix des acteurs qui remplacent les actions des personnages centraux.

L’Illiade est ici présenté comme une bataille de voix, au travers des mots et des paroles. Les protagonistes ne s’affrontent pas physiquement mais seulement à coup de mots. Poésie et musique ne sont guère différentes. À la manière du poème homérique, mais bien sûr très raccourci (l’Iliade a quelque 15 000 vers), les personnages décrivent par le menu les gestes qu’ils sont censés faire pour mettre à mal leurs adversaires.

L’Iliade © Gunther Gamper
L’Iliade © Gunther Gamper

C’est un parti pris très intéressant qu’a choisi Marc Beaupré et son équipe pour la représentation de ce monument de la littérature mondiale, l’Iliade d’Homère qu’on fait remonter à quelque sept siècles avant notre ère, pour une guerre sanguinaire qui aurait eu lieu encore peut-être trois ou quatre siècles avant sa narration. Dans un décor dépouillé comme un champ de bataille, agrémenté seulement de dizaines de projecteurs et d’un grand miroir triangulaire qui peut-être symbolise le monde d’en haut, dans des costumes sobres et neutres mais élégants, les artistes sont plus des chanteurs, des conteurs voire des percussionnistes que des acteurs. Le ton est grave. À part la dernière scène, l’humour n’a pas sa place dans ce qui constitue, il est vrai, une tragédie sanglante. Mais de sang, pas de trace non plus. C’est à l’imagination du spectateur de prendre le relais en écoutant les descriptions, et en vibrant au tempo des musiques souvent graves, parfois douces et toujours très belles et émouvantes.

L’Iliade, du 8 novembre au 2 décembre 2017 au théâtre Denise-Pelletier à Montréal

Texte : Homère
Libre adaptation et mise en scène Marc Beaupré
Inspirée de l’œuvre Homère, Iliade d’Alessandro Baricco

Coproduction Théâtre Denise-Pelletier – Terre des hommes

Avec Stéfan Boucher, Maya Kuroki, Olivier Landry-Gagnon, Justin Laramée, Catherine Larochelle, Louis-Olivier Mauffette, Jean-François Nadeau, Emile Schneider, Emmanuel Schwartz, Guillaume Tremblay

Composition/direction musicale Stéfan Boucher assisté de Olivier Landry-Gagnon

Assistance Julien Véronneau

Dramaturgie Marie-Claude Verdier

Scénographie François Blouin

Costumes Sarah Balleux

Lumières Étienne Boucher

Maquillage-coiffure Florence Cornet

Accessoires Julie Measroch

Mouvement Simon-Xavier Lefèbvre

Langage des signes Sarah Turbide

Informations : http://www.denise-pelletier.qc.ca/spectacles/67/