« Would », danse et performance sur le thème du désir, à La chapelle à Montréal

« Would », danse et performance sur le thème du désir, à La chapelle à Montréal
©Mathieu Doyon

Would, verbe vouloir conjugué au conditionnel, un conditionnel qui, on le sait bien, ne se réalise jamais comme on le voudrait, précisément. On passe son temps à vouloir, à rêver, à désirer autre chose, différent, qui nous semble meilleur que ce que l’on a, que ce que l’on est, que ce qu’est le monde. Et puis ça n’arrive pas, ou si rarement, ou si imparfaitement. Et on persiste à vouloir et à vouloir encore et encore. Et puis rien, nothing… car tout est vain finalement…

Would est un spectacle de danse contemporaine et de performance sur le thème du désir. Un homme déclame à voix haute toutes sortes de vouloirs personnels, y compris le désir de désir. « Ce serait là, ici et maintenant; ce serait du nouveau, de l’intention, un peu de lumière, des papillons; ce serait voulu, un big bang à l’envers…; ce serait du désir… ». Pendant ce temps, une femme trace nerveusement sur un paper board des pseudo équations mathématiques : « Here / Now = xy2 / This » et d’autres. Mais de ces vouloirs conditionnels il ne reste rien, Nothing; le mot est lui aussi tracé sur un morceau de papiers jeté au milieu des autres brouillons qui jonchent le sol de la scène.

La pièce est dansée par ce couple qui se touche à peine, mais qui n’en n’est pas moins touchant. Sur une musique sérielle, obsédante par moments, les danseurs semblent se battre chacun de leur côté contre des éléments extérieurs, invisibles, qui les contraignent et les empêchent. De quoi ? Exténués, assis sur le sol, ils se parlent silencieusement, paraissent trouver un répit dans ce rapprochement, puis ils repartent chacun de leur côté; elle, comme un robot mécanique, lui, comme un animal improbable.

Les chorégraphies sont belles et très bien exécutées par Marc Boivin et Kate Holden. Chaque spectateur est sans doute porté à imaginer ses propres interprétations de ce à quoi il assiste, à tenter de comprendre au-delà de l’esthétique et de l’émotion suscitée par les danseurs. Ces interprétations possibles sont-elles en adéquation avec l’intention de Mélanie Demers qui a créé le spectacle et qui en signe les textes, la mise en scène et la chorégraphie ? Impossible de s’en assurer. Toujours est-il que le spectacle est volontairement construit avec un début, un milieu et une fin, ce qui ajoute à son esthétique. Nothing, rien, est retrouvé comme un résultat dans les déchets des autres équations. Mais si Nothing, c’est rien, ce morceau de papier écrit n’est pas rien, c’est bien un fragment, un objet matériel qui en fait état. Paradoxalement, peut-être s’agit-il de comprendre que certes nos désirs ne sont jamais réalisés comme on le voudrait dans la vie, mais sans désir nous ne serions rien, nothing, nous n’existerions pas et ne vivrions peut-être même pas.

Would, du 11 au 15 décembre 2017 à La Chapelle à Montréal

Conception, mise en scène et chorégraphie: Mélanie Demers avec la collaboration des interprètes / with the collaboration of performers

Interprètes: Marc Boivin, Kate Holden

Musique: Joshua Van Tassel

Conception des éclairages: Alexandre Pilon-Guay

Costumes: Mélanie Demers avec la collaboration des interprètes / with the collaboration of performers

Directrice des répétitions: Anne-Marie Jourdenais

Direction technique et régie: Olivier Chopinet

Travail de voix: Sabrina Reeves

Production: MAYDAY et / and firstthingsfirst

 

Informations : http://lachapelle.org/fr/calendrier/would