« Bullshit Threshold » par Marie Davidson au théâtre La Chapelle à Montréal

Bullshit Threshold © D. Kimm
Bullshit Threshold © D. Kimm

Pas de décor sauf des lumières stroboscopiques et un écran qui couvre le fond de la scène, beaucoup d’électronique au centre (où Marie Davidson prendra place) et sur le côté où deux artistes sont aux commandes. Sur un fond de bruitages métalliques qui ressemble à quelque chose comme une usine, l’image de Marie Davidson apparaît parmi les spectateurs sur l’écran qui les reflète en noir et blanc. « What’s wrong with you ? Are you insane ? Est-ce que vous sauriez définir ce qu’est l’identité ?  » demande-t-elle autour d’elle…

Bullshit Threshold © D. Kimm
Bullshit Threshold © D. Kimm

Le ton est donné. L’artiste qui s’exprime autant en français qu’en anglais invective les spectateurs, gentiment, ironiquement, non sans un certain humour mais de manière désabusée. Sa performance mêlera musique, chansons et récits personnels. La musique qu’elle produit sur son synthétiseur est hypnotique. Musique sérielle par moments, techno ou proche de ce que l’on entend dans des boites de nuit, elle l’intercale sa prestation de chansons qu’elle interprète en dansant et en se déplaçant parmi les spectateurs.

Au rythme des musiques qu’elle produit en direct, Marie Davidson se raconte de manière fragmentaire. On devine des épisodes douloureux de sa vie – mauvaises fréquentations, consommation de drogues et d’alcool, univers nocturnes et du show business ou enfants jouant près d’une maison à la campagne, relations à son père – son désir de s’exprimer et de communiquer avec les autres, son admiration pour la littérature et son choix de la musique.

« La pire chose qu’on puisse vous faire, c’est de vous ignorer »… La réflexion lui est venue lors d’une conversation avec un itinérant. A-t-elle vécu la même chose ? Plutôt qu’exprimer verbalement ses émotions, elle les exprime à coup de musique, de danse et de performance où elle prétend se raconter. Mais sa prestation ne serait pas aussi réussie sans l’intervention des deux artistes qui l’accompagnent : Gonzalo Soldi et John Londono projettent sur un écran géant les captations en direct de multiples caméras infrarouges installées un peu partout autour ou au-dessus de Marie Davidson et en direction du public. Le plus souvent dans un beau noir et blanc mais aussi avec des couleurs, les images démultiplient l’artiste, la transforment quelque peu, font voir son instrument et la manière dont elle en joue. Si l’on n’a pas vraiment l’impression d’en savoir très long sur elle, on passe un bon moment quelque peu hypnotique où l’on vibre au rythme de la musique et des images envoutantes.

Une première version de ce spectacle a été présentée au Festival Phénomena à Montréal en 2016 et au Festival SONAR à Barcelone en juin 2017. C’est une nouvelle occasion pour les Montréalais de le voir et de l’entendre au théâtre La Chapelle pour quelques soirs.

Bullshit Threshold, du 14 au 16 février 2018 au théâtre La Chapelle à Montréal

 

Textes, musique et interprétation Marie Davidson

Projections vidéo John Londono et Gonzalo Soldi/Hub Studio

Production Les Filles électriques

Information : https://lachapelle.org/fr/calendrier/bullshit-threshold