La Vieille Fille et le photographe, de Catherine Sylvestre, un polar captivant, rempli d’intrigues et de rebondissements, dans un style humoristique. Rafraichissant!

La Vieille Fille et le photographe

Après avoir publié un premier roman d’enquête, La Vieille Fille et la mort, mettant en vedette Catherine Sylvestre, une commis de bibliothèque un peu trop fouineuse, son auteure éponyme récidive avec La Vieille Fille et le photographe, une autre histoire intrigante autour de la disparition d’un homme et la mort d’un autre, avec un petit détour à l’intérieur du monde de l’édition.

Résumé : Moi, les amis, un an et demi après qu’un meurtrier en cavale m’ait envoyée à l’hôpital avec de multiples fractures, je ne demandais rien de mieux que de me prélasser avec petit Coco, mon cockatiel chéri, dans le nid douillet de mon sergent-détect’Yves adoré. Alors, vous comprendrez que c’est bien malgré moi que je me retrouve mêlée à une nouvelle affaire…
Ça commence à la veille de la rentrée scolaire par la visite de Phil Auclair, un copain éditeur, et de sa consœur Bernadette Vaillancourt… qui me demande de retrouver son 
bon mari, le célèbre photographe Antoine Gélinas. L’ennui, c’est que si je me fie aux témoignages de l’entourage du couple, le mari de la dame n’a pas vraiment disparu : il ne veut tout simplement plus la voir ! Or, ce que j’estime n’être qu’une banale histoire de divorce prend une tournure dramatique quand j’apprends que Brieg Ledet, le coauteur des ouvrages d’Antoine Gélinas, est mort dans un incendie suspect. Bernadette Vaillancourt a beau affirmer que ça n’a rien à voir avec la « disparition » de son mari, faut pas charrier ! Et vous me connaissez : moi, quand je veux connaître la vérité…

Ceux qui ont lu le premier roman de la série, vont retrouver la bibliothécaire Catherine Sylvestre, un an et demi après sa première aventure. Habitant maintenant chez son «chum» le beau sergent-détect’Yves Tremblay, en compagnie de son trop vif et animé Coco, ce gros cockatiel blanc qu’elle a récupéré de sa voisine, Catherine se remet tranquillement de sa précédente aventure, lorsqu’elle est alors propulsée bien malgré elle par son ami d’enfance Phil, dans cette toute nouvelle aventure, entre Montréal et Québec, avec son amie Willie comme assistante et son sergent-détect’Yves, qui tentera de l’éloigner du danger.

D’emblée, je ne suis pas une amatrice du style polar, ni des intrigues policières. J’opte plus pour l’humour et la légèreté pour m’évader. Hors, étonnamment, ce roman qui est d’une grande efficacité en matière d’intrigues et de rebondissements, contient également beaucoup d’humour dans le style d’écriture de l’auteure et une certaine légèreté dans la manière dont elle décrit les situations, qui fait en sorte que j’ai dévoré ce livre en un peu plus d’une journée.

J’aime beaucoup la fluidité de la plume de Catherine Sylvestre et ses descriptions imagées et émotionnelles. Par exemple, elle nous décrit son trajet entre Québec et Lévis, sur le traversier, avec tellement de souvenirs remplis d’émotions et d’images bucoliques qu’on a envie d’aller la rejoindre le temps de la traversée. (Comme j’habite Québec et que je suis totalement en accord avec son amour pour cette ville, je suis peut-être biaisée dans mon commentaire!!). J’aime beaucoup aussi ses métaphores, ses figures de styles et la manière dont elle sort de l’histoire pour parler directement au lecteur : «… je fusille mon ami du regard, je le mets en joue de la pupille, je le fustige des prunelles. (Ben oui, que voulez-vous, quand je suis fâchée, mes années d’études, le temps investi pour une maîtrise en littérature…prend le bord, au rebut la bonne éducation stylistique, à la poubelle la métaphore juteuse, au fond du classeur treize la fierté de ma plume). »

Ou encre «Claudia Ferrier a quelque chose de râpeux comme du papier sablé, mais du papier sablé sympathique. Heu… Est-ce que ça existe, du papier sablé sympathique? Bon, mettons qu’elle est râpeuse comme du sable dans une sandale de plage. Ce n’est pas mieux?Ben coudon, arrangez-vous avec l’image »

Une autre chose que j’aime bien dans ce roman, et ce personnage de Catherine Sylvestre, c’est que celle-ci est habitée par une chorale intérieure,  alors que la majorité des gens ont une petite voix intérieure qui leur parle. Ainsi, à tout moment, des petites voix entament un dialogue dans sa tête, et cela détend l’atmosphère et rend le ton du roman plus léger.

Le seul bémol que j’aurais par rapport à ce livre de plus de 330 pages, c’est qu’il a peut-être trop de références aux agissements de son cockatiel. Autant cela semble rafraichissant et drôle dans les premières pages, et même surprenant (voir la page 15) dans les premiers chapitres, autant cela devient redondant et agaçant par la suite. Il est certain que si j’avais envie d’avoir un tel oiseau chez moi, cette histoire m’en aurait totalement dissuadé.

Au final, je dois dire que cette aventure est des plus captivantes, remplie d’humour, avec un bon mélange d’intrigues et de péripéties. Les personnages sont bien étoffés et comme tout bon polar, l’auteure nous parsème ses indices à travers une panoplie de fausses pistes. Et les mensonges, les oublis, les cachotteries, les semblants de vérité nous donnent du fil à retordre pour venir à bout de découvrir le dénouement avant la fin.

Catherine Sylvestre,

Catherine Sylvestre est née officiellement, selon sa page Facebook, à Montréal le 8 février 1964. Dans la réalité, elle a vu le jour à Lévis, quelque part en 2004, quand l’auteure qui use de ce pseudonyme a découvert le plaisir qu’on ressent à écrire quand on est tout à la fois soi-même et une autre. Catherine a d’abord publié des nouvelles dans la revue Alibis : « Retour au foyer » (#18) et « La Puce à l’oreille » (#37). La Vieille Fille et la mort est son premier roman (polar) pour le public adulte, et La Vieille Fille et le photographe est le second, et assurément pas le dernier.

Parution :2018-02-22
Nombre de page : 334 pages
Prix : 24,95 $ 

Éditions Alire

http://www.alire.com/