Les lettres de ma mère de Serge Giguère, un documentaire touchant et inspirant !

Les lettres de ma mère

Après avoir remporté le Jutra du meilleur film documentaire en 2015 pour Le mystère Macpherson, Serge Giguère revient avec Les lettres de ma mère, une biographie touchante et inspirante sur sa mère (et ses frères et sœurs par le fait même) qui a élevé 16 enfants durant les années 40 et 50. Ce bel hommage à une battante, une travaillante, une femme pleine de vitalité, nous fait revivre également la réalité de la classe ouvrière et rurale de cette époque où l’instruction devait faire place au travail pour survivre dans ces grandes familles.

Le documentaire de Serge Giguère, Les lettres de ma mère sort en salle le 16 mars au Cinéma Beaubien à Montréal et au Cinéma Cartier à Québec*. Une tournée régionale des ciné-clubs est également organisée pour l’hiver/printemps 2018 (dates à confirmer).

*Ciné-rencontre le 16 mars 2018 à 19 h 15 au cinéma Cartier en compagnie du réalisateur Serge Giguère. La projection du film sera suivie d’une période de discussion. Vous aurez aussi la possibilité de poser vos questions et discuter avec le réalisateur. 

Sa mère en 1975, six mois avant sa mort.

Synopsis : Le réalisateur Serge Giguère a mis la main sur une centaine de lettres écrites par sa mère à son frère aîné qui étudiait au loin pour devenir prêtre. Ces lettres constituent la matière première des Lettres de ma mère qui raconte le quotidien difficile, mais souvent cocasse, d’une famille de seize enfants dans un village des Bois-Francs, au tournant des années 1950. Dans ces confidences touchantes, les angoisses et les joies d’une famille ouvrière résonnent encore aujourd’hui. On s’attarde ici aux déchirements du coeur d’une mère qui s’inquiète du cheminement de certains de ses enfants, là aux faits quotidiens dans l’attente d’un jour meilleur. La chronique de ces lettres lègue avec une grande simplicité une page d’une période du Québec à la fois lointaine et proche. Fouillant dans ses propres réminiscences, comme dans un tiroir à malices, Serge Giguère entreprend de bricoler ses souvenirs pour en faire surgir autant de « patentes » hétéroclites, comme un écho à sa mère qui tapisse, coud et invente sa vie au jour le jour. Alors qu’il juxtapose pêle-mêle photos, archives, vieux films et objets de son enfance pour leur redonner vie, la trame visuelle du film entremêle souvenirs bien réels et évocations subjectives en les animant d’une douce folie et d’un humour espiègle. Au fil des confidences à sa fille Katerine, ponctuées d’entretiens en tête-à-tête avec ses frères et soeurs encore vivants, le réalisateur s’interroge sur ce que leur mère leur a légué et ce qu’il reste aujourd’hui de sa mémoire dans un monde qui a profondément changé. Quelle femme cette mère était-elle pour chacun d’eux ? Qu’ont-ils hérité d’elle ? La certitude qu’il voit peut-être ces frères et soeurs pour la dernière fois, vu leur âge avancé, donne à ces rencontres un caractère d’urgence et une rare intensité. Revisitant les évènements marquants de sa vie et de son parcours de cinéaste, Serge Giguère tente enfin de comprendre tout particulièrement ce qu’il est devenu grâce, ou en réaction, à cette mère qui l’a abandonné à l’hôpital à onze ans. Dans ce désir de dialoguer avec les lettres de sa mère, n’y aurait-il pas un besoin d’être enfin reconnu par elle, même et encore au crépuscule de la vie ?

les coulisses du film. Le réalisateur fabriquant ses décors

Raconter la vie de sa mère et nous faire découvrir cette femme ordinaire qui a pourtant élevé une famille de 16 enfants dans une époque difficile où la classe ouvrière devait avoir recours à beaucoup d’imagination pour survivre, cela pourrait sembler ennuyant, mais Serge Giguère a mis plusieurs ingrédients dans son documentaire pour rendre le tout intéressant, touchant et inspirant.

Tout d’abord, au lieu de simplement y avoir une narration du contenu des lettres de sa mère, Serge Giguère a choisi d’animer des saynètes inspirées par ces écrits, avec une silhouette de sa mère, alors qu’elle vaque à ses occupations, son labeur quotidien, que ce soit coudre, repasser, écrire, préparer des poulets, ou encore s’occuper de son magasin de coupons de tissus. Dès lors, on comprend que le courage, le cœur à l’ouvrage et la créativité étaient très présents chez cette femme ordinaire, aux ressources inépuisables.

Les frères et soeurs, photo grandeur nature

De plus, Serge Giguère a choisi de faire intervenir ses frères et sœurs, tous passablement avancés en âge, pour qu’ils racontent leurs souvenirs, leurs relations avec leur mère et leur compréhension de cet amour maternel qu’ils ont tant recherchés et appréciés au fil des ans. C’est très touchant de les entendre se remémorer ces souvenirs avec tendresse.

Également, on nous présente aussi des extraits du premier film que Serge Giguère a réalisé en 1975, sur sa famille, et particulièrement sa mère, alors que sans le savoir, elle allait mourir 6 mois plus tard. Ces bouts de film nous permettent de voir l’énergie de cette femme, sa joie de vivre, sa simplicité, et son regard tendre.

image de la mère qui travaille et écrit, dans l’ombre

Aussi, en plus de nous raconter la vie des Giguère dans les années 40-50, on y découvre tout un pan de mur de l’histoire du Québec à cette époque, avec la grève des usines de meubles, la religion à cette époque, la réalité de la classe ouvrière et la précarité des emplois.

Finalement, ce que qui me plait le plus dans ce documentaire,  c’est que l’on nous présente aussi le processus de création de ce film. On voit Serge bricoler pour rafistoler de vieux objets (comme cet ancien téléphone) qu’il utilise ensuite dans une saynète. Ou encore, on le voit fabriquer des répliques grandeur nature de sa mère, ses frères et sœurs à partir de photos en noir et blanc. Et ensuite, de le voir les animer, c’est vraiment très intéressant et créatif.

Et ce que je retiens à la toute fin de ce film, c’est l’amour d’un fils pour sa mère. La fierté d’un fils qui découvre tout ce que sa mère a accompli et de le voir comprendre que sa mère l’a aimé, lui et tous les autres, du mieux qu’elle a pu. C’est très beau de voir tout ça!

Bande annonce : https://vimeo.com/241209322

Les lettres de ma mère a été produit par Les Films du Rapide-Blanc

SCÉNARIO, DIRECTION PHOTO ET RÉALISATION Serge Giguère

NARRATION Serge Giguère et Muriel Dutil

MONTAGE Catherine Legault

MUSIQUE ORIGINALE Bertrand Chenier

CONCEPTION SONORE Claude Beaugrand

PRODUCTION Les Films du Rapide-Blanc

PRODUIT PAR Sylvie Van Brabant et Amélie Lambert Bouchard

AVEC LA PARTICIPATION FINANCIÈRE DE

DISTRIBUTION SODEC, Crédit d’impôt Québec, Conseil

des Arts du Canada, Conseil des arts et des lettres du Québec, ACIC

Les Productions du Rapide-Blanc

Crédit photos :  Courtoisie des Productions du Rapide-Blanc