La comédie musicale «The Angel and the Sparrow»: deux comédiennes d’exception et mille émotions

«The Angel and the Sparrow»

Le Centre Segal des Arts de la Scène surprend avec la comédie musicale «The Angel and the Sparrow» qui offre un portrait de deux grandes étoiles, Édit Piaf et Marlene Dietrich, et de la relation qui les unissait. Basé sur des faits vécus, le récit est parsemé des plus belles chansons de Piaf et Dietrich, toujours en relation avec l’histoire et les émotions qu’elles vivent. Parlant d’émotion, vous serez comblés par le jeu solide de Louise Pitre (Piaf) et Carly Street (Dietrich) et bouleversés par les personnages qu’elles habitent. Tout en restant sobre, ce spectacle est intense et donne des frissons dans le dos à plusieurs moments, sans compter que le texte a trouvé un bel équilibre entre les moments sérieux et humoristiques. Présenté en supplémentaire jusqu’au 13 mai, «The Angel and the Sparrow» est un petit bijou à voir absolument.

Louise Pitre (Édith Piaf)

Inspiré de l’histoire vraie de Marlene Dietrich et Édith Piaf, ce drame musical débute avant leur première rencontre, alors que chacune admire le talent de l’autre. On assiste au développement d’une belle relation qui dépasse l’amitié, avec ses hauts et ses bas dans le respect de chacunes. Le texte est intelligent et nous apprend que ces femmes étaient bien en avant de leur temps. On les suit jusqu’à la mort prématurée de Piaf, ce qui introduit une des scènes les plus émotives. Chacune des 20 chansons est choisie adroitement parmi leurs succès, ce qui magnifie les moments de leur relation. Ce spectacle a d’abord été présenté en Europe et nous avons droit à la première présentation en anglais de ce côté de l’Atlantique.

Louis Pitre dans le rôle d’Édith Piaf est tout simplement sublime. Elle est crédible à chaque instant autant par ses gestes que ses intonations. Sa voix de poitrine puissante et solide nous bouleverse dans les chansons de Piaf. Son interprétation de «Mon Dieu» à la mort de Marcel est touchante et on est soufflé par son chant du cygne «Non, je ne regrette rien».

Carly Street (Marlene Dietrich)

Carly Street est magnifique en Marlene Dietrich. Elle joue la belle grande star à merveille, totalement différente de la boule d’émotion qu’était Piaf. On ressent l’évolution de son personnage de vedette superficielle au début vers une artiste plus humaine et en contact avec ses émotions à la fin. Sa voix est plus éteinte mais tout aussi solide et puissante. Elle est très touchante et attachante dans «Maybe He Will Come Back» et «I Wish You Love».

Lucinda Davis et Joe Matheson interprètent avec brio tous les autres rôles. Que ce soit serveur, gérant ou compagnon, la transition entre les scènes et leurs personnages est totalement fluide. Un orchestre en arrière dans le décor fait aussi partie de l’histoire. Le spectacle de 2h05 (avec entracte) est captivant du début à la fin par son texte très humain parsemé d’une touche humoristique, des chansons toujours actuelles, de l’interprétation extraordinaire de Piaf et Dietrich et d’une mise en scène qui met en valeur toute l’humanité de ces deux artistes.

Louise Pitre (Piaf) et Carly Street (Dietrich)

Pas besoin de connaître Piaf et Dietrich pour aimer ce spectacle. On s’attache rapidement et on vit avec elles une multitude d’émotions. Les chansons en duo «Hymne à l’amour» et «La vie en rose» à la fin de chaque acte m’ont ému au plus haut point. Elles résument bien la réplique lancée à la fin: «Music speaks to the heart». Je recommande fortement ce spectacle, c’est du théâtre musical à son meilleur et vous serez ému du début à la fin.

Les bons coups: jeu, mise en scène, texte, musique et chansons

Équipe de création
Texte originale: Daniel Große Boymann et Thomas Kahry
Adaptation: Erin Shields d’une traduction de Sam Madwar
Mise en scène: Gordon Greenberg
Direction musicale et orchestrations supplémentaires: Jonathan Monro
Décors: Martin Ferland
Costumes: Louise Bourret
Éclairages: Claude Accolas

Carly Street (Dietrich) et Louise Pitre (Piaf)

Distribution
Louise Pitre (Édith Piaf), Carly Street (Marlene Dietrich), Lucinda Davis, Joe Matheson.

Orchestre
Jonathan Monro, Sergiu Popa, Vanessa Marcoux, Parker Bert.

Présenté en anglais du 15 avril au 13 mai 2018 au Centre Segal des Arts de la Scène (5170 Côte-Ste-Catherine, Montréal).

Billets (52$-66$) disponibles sur http://www.centresegal.org/ ou au 514-739-7944.

Photos: Leslie Schachter