« Amour et information » au théâtre de La Licorne à Montréal

Amour et information © Bruno Guérin
Amour et information © Bruno Guérin

Quel effet produit la soudaine réception d’informations importantes sur nos vies ? D’où, de qui et de quoi recevons-nous nos informations? Pourquoi de simples mots entendus par nos oreilles – ou notre cœur… – peuvent-ils tout à coup bouleverser l’édifice sur lequel nous nous étions construits?

À l’heure où nous sommes bombardés d’informations, mais même sans la technologie qui les accompagne, la question de l’effet de l’information sur nos existences mérite d’être posée. C’est ce à quoi s’adonne Caryl Churchill dans la pièce Love and Information, traduite et mise en scène par Frédéric Blanchette.

Amour et information © Bruno Guérin
Amour et information © Bruno Guérin

Mais alors, quel genre d’informations? La réponse est : toutes les informations possibles, du moment qu’elles exercent une quelconque influence sur nos vies, c’est-à-dire qu’elles engagent le moteur essentiel de nos existences, à savoir l’amour décliné dans tous les sens du terme, du sentiment amoureux dans le couple à l’amour purement narcissique, en passant par l’amour filial, l’amour de Dieu et j’en passe.

Et ainsi les exemples ne manquent pas dans cette œuvre d’une heure trente, interprétée tambour battant par neuf acteurs dans une centaine de rôles différents, qui réalisent devant nous une cinquantaine de scénettes de durées variables présentant autant de situations de réception d’informations transformatrices de vies. Le texte est très fragmenté et les situations s’enchainent sans aucun lien entre elles, produisant l’étonnement mais aussi les sourires, voire la réflexion des spectateurs.

Les informations sont de toutes les catégories imaginables, et elles sont l’occasion de réfléchir sur des questions fondamentales. Qu’est-ce qu’un secret? Sans en connaître la teneur, ne se révèle-t-il pas déjà un peu dès l’instant que l’on sait qu’il existe? Faut-il contribuer sans inquiétude à la collecte d’informations d’un pouvoir central? Un innocent recensement de population par exemple. L’information n’est-elle pas devenue une véritable addiction? Est-on capable aujourd’hui de survivre, même quelques jours, dans un lieu charmant mais où l’information n’arrive pas? La quête d’information ne peut-elle pas produire des excès aberrant en matière de recherche et d’expérimentation? Avoir une idée du temps qui nous reste à vivre, constitue-t-il une information qui aide à mieux vivre ce temps? Est-ce possible, nécessaire ou utile de se souvenir de tout et donc d’être capable de restituer toute l’information du passé? Et que dire de ceux ou de celles qui affirment recevoir des messages du divin, de leurs rêves, voire des objets ordinaires du quotidien? De multiples questions fusent en arrière-plan de chacune des scénettes. Les acteurs et actrices, tous revêtus de complets vestons gris sur des chemises blanches au début de la pièce, se transforment progressivement, peut-être au grès des changements que produisent les informations qu’ils reçoivent. On sort de la salle un peu assommé par toutes les informations reçues… et pour cause, mais en ayant passé un bon moment car l’ambiance est ludique, les situations et le texte plein de légèreté et d’humour, la musique et les décors vidéo très variés et agréablement suggestifs.

Amour et information, du 1er au 22 mai 2018 au théâtre de La Licorne à Montréal

Production La Banquette arrière en codiffusion avec La Manufacture

Texte Caryl Churchill

Traduction et mise en scène Frédéric Blanchette

Avec Amélie Bonenfant, Sébastien Dodge, Rose-Maïté Erkoreka, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Anne-Marie Levasseur, Lise Martin, Éric Paulhus, Simon Rousseau

Assistance à la mise en scène Andrée-Anne Garneau

Décor Elen Ewing

Costumes Marc Senécal

Éclairages André Rioux

Musique Philippe Noireaut

Informations : https://theatrelalicorne.com/lic_pieces/amour-et-information/