L’allégorie des truites arc-en-ciel, un coup de foudre littéraire pour la plume de Marie-Christine Chartier!

L’allégorie des truites arc-en-ciel

Marie-Christine Chartier, nouvelle auteure de Québec, vient de publier son premier roman, L’allégorie des truites arc-en-ciel, aux éditions hurtubise. Avec une page couverture attirante et un titre à la fois poétique et intriguant, je ne pouvais que me laisser tenter par ce roman contemporain à deux voix.

Résumé : Max et Cam sont amis. C’est une de leurs seules certitudes. Sauf que la ligne entre l’amour et l’amitié, c’est comme de la peau : au fil du temps, elle s’amincit. Max a un peu le syndrome de l’enfant-roi, cela dit c’est un gars cool, sociable et insouciant. Sa relation avec ses parents est complexe. Il aime les femmes et les femmes le lui rendent bien. Max aime Cam, surtout, mais il ne sait pas comment s’y prendre avec elle. C’est dur d’aimer quelqu’un quand on a peur de tout gâcher. Cam est brillante, sensible et meurtrie. Son monde est petit, son coeur énorme. Elle termine une maîtrise, ira au doctorat. Elle rêve d’être artiste, sera probablement professeure. Cam aime Max, mais c’est dur d’aimer quand on s’est si souvent fait briser. Que faire quand on aime quelqu’un, mais qu’on ne sait pas si aimer suffit? Un roman à deux voix qui saura séduire les lecteurs par son authenticité et son écriture tout en finesse.  Quand vous lisez un livre et que vous êtes tellement captivé par celui-ci, que vous ne voulez pas le mettre de côté, mais qu’en même temps, vous voulez prendre votre temps pour le lire, car vous savez qu’une fois terminé, vous serez triste que ce soit déjà fini… Eh bien, c’est exactement comme cela que je me sentais à la lecture de ce roman.

Dès les premières pages, j’ai adoré les personnages de Cam et de Max, les deux narrateurs qui s’alternent le récit de leurs aventures tantôt amoureuses, tantôt amicales et leurs réflexions sur le sujet, d’un chapitre à l’autre. L’Histoire de ce roman est très simple. Ce sont deux personnes dans le début de la vingtaine, qui se sont rencontrées alors qu’ils étaient déjà en couple, chacun de leur côté, et qui ont développé une très belle amitié. Au fil du temps, ils auraient peut-être voulu plus que de l’amitié, mais ils ont, tous deux, peur de perdre cette amitié profonde, si l’amour ne fonctionne pas entre eux. Alors, ils hésitent et stagnent dans leur relation.

Bien que l’histoire est simple à raconter, le roman en soi est des plus passionnants à lire. De page en page, de chapitre en chapitre, on apprend à mieux connaître chacun des personnages, en revisitant avec eux divers moments forts de leur relation, ainsi que les moments qui ont façonné leurs personnalités au fil des ans. On fait constamment des retours dans le temps, lors de leur rencontre, lorsque Cam a rompu avec Vic, son amoureux, lors du brunch pour l’anniversaire du père de Max, lorsque Max a perdu sa grand-mère, au party de Noel chez Cam et son père. Bref, des moments charnières nous sont racontés et on explore la relation entre Cam et Max dans ces moments-là. On comprend de mieux en mieux, de quoi est faite cette relation amicalement intime. Et naturellement, on ne peut que souhaiter qu’un jour ils finissent par donner une chance à l’amour, et pas juste à l’amitié.

Ce que j’aime par-dessus tout dans ce roman, c’est la plume de Marie-Christine. Ses dialogues, tout en finesse, en sous-entendu, en petit flirt rigolo, en ironie et sarcasme, bref, c’est jouissif de lire et relire les dialogues. Les deux personnages principaux ont un excellent sens de la répartie, et j’adore ça. En voici un exemple :

«Je l’appelle une fois, deux fois. Elle ne répond pas. Je sais qu’elle m’ignore… À la douzième fois, elle décroche :

-Sérieux ?

-Bonsoir à toi aussi

-Je pensais que tu comprendrais les onze premières fois que j’ai rien à te dire pour l’instant.

-Faque tu comptais, toi aussi ?

-T’as battu un record

-Je sais. À dix, j’ai quand même eu une hésitation, t’allais peut-être jamais décrocher.

-Bon, je t’ai fait douter, c’est au moins ça.»

En plus des dialogues savoureux, les réflexions des personnes font vraiment beaucoup de sens. On sent que c’est authentique, que c’est très réaliste comme approche et la psychologie des personnes est bien développée. J’aime aussi ses comparaisons lors des réflexions des personnages. Cela me surprend et me fait souvent sourire. «Je n’aime pas Tinder. J’ai l’impression que je feuillette un catalogue, que je suis comme dans un buffet de visage. Après une séance de swipage, je me sens exactement comme quand je sors d’un buffet chinois : un peu nauséeuse, lourde et dégoutée de moi-même… J’ouvre Tinder sur mon cell parce que je suis conne de même, parce que c’est plus facile de gérer des inconnus dans un catalogue de faces que de gérer comment je me sens par rapport à Max.» 

Ou encore lors d’une discussion entre Cam et Florence qui ne se sont pas vues depuis 1 an :

«- J’ai vu Vic à l’épicerie, il y a quelques semaines.

Drôle d’entrée en matière. Un bonjour aurait fait l’affaire. Elle avait apparemment décidé de ne pas s’embarrasser de ces formalités…

-Ah oui? Et puis, il allait comment ?

-Comme d’la merde

-Ah

Manifestement, cette conversation serait comparable à de la calvitie : Elle n’irait pas en s’améliorant.»

Donc, tout cela pour dire que j’ai adoré ce roman et que Marie-Christine Chartier s’ajoute à ma liste d’écrivaine, dont je voudrai lire les prochaines œuvres littéraires.

Marie-Christine Chartier

Ancienne athlète de haut niveau en tennis, Marie-Christine Chartier a vécu six ans aux États-Unis à la suite de l’obtention d’une bourse pour étudier à Iowa State University. De retour au Québec, elle entame un doctorat en psychopédagogie à l’Université Laval. L’Allégorie des truites arc-en-ciel est son premier roman.

Genre : Roman

Nombre de pages : 256

Prix : 19,95 $

Parution le : 2018-05-23

Collection : Hors collection

Éditeur : Éditions Hurtubise inc

http://www.editionshurtubise.com/