Les salopes ou le sucre naturel de la peau de Renée Beaulieu un film audacieux et dérangeant! Brigitte Poupart est époustouflante !

Les salopes ou le sucre naturel de la peau

Après le film Le garagiste qui abordait un sujet tabou, soit le choix de mourir, voici que Renée Beaulieu nous présente Les salopes ou le sucre naturel de la peau, un film audacieux et dérangeant sur le désir féminin, avec comme interprète principale, Brigitte Poupart qui se donne complètement pour ce rôle et est absolument époustouflante.

 Mes entrevues avec la réalisatrice et une des actrices du film sont disponibles via ce lien :

https://info-culture.biz/2018/10/31/entrevue-artisans-film-salopes-sucre-naturel-de-peau/

Résumé : Les salopes ou le sucre naturel de la peau – Marie-Claire (Brigitte Poupart), chercheure en dermatologie, entreprend un nouveau projet de recherche scientifique sur les cellules dermiques et la sexualité quand un enchaînement d’évènements vient perturber sa vie professionnelle, familiale et surtout intime.  Les salopes ou le sucre naturel de la peau propose un cinéma différent en faisant d’une femme et sa sexualité le sujet et non l’objet… mettant en scène une sexualité féminine assumée, complexe et subversive… 

  Ayant adoré son long métrage précédent, le garagiste, j’avais le goût de voir ce que Renée Beaulieu allait nous proposer avec son nouveau film Les salopes ou le sucre naturel de la peau, au sujet aussi controversé, le désir féminin, démontré par une femme.

Brigitte Poupart et Romane Denis

Avec un générique sans musique, juste les noms qui apparaissent sur un écran noir, on donne le ton tout de suite que ce sera un film épuré, qui va à l’essentiel. Et l’essentiel, on le voit tout de suite après, alors qu’on assiste à une première scène de baise entre le personnage de Marie-Claire et celui d’un vétérinaire, joué par Hubert Proulx. Et ce qui est intéressant dans ce genre de scène, c’est la manière dont c’est amené, avec pour musique seulement du tam-tam, et des voix d’essoufflements. Donc, pour une rare fois, on voit des gens baiser, sans se cacher, sans romantisme, sans tendresse, mais avec toute l’excitation, et la mécanique du désir sexuel à son état naturel, sans chercher à être beau, et avec ses bruits naturels également. Ce n’est ni esthétique, ni pornographique, c’est juste naturel et vrai. Et ça marche! On ressent ce désir animal. Et surtout, on voit enfin une femme qui n’est pas seulement qu’une amoureuse, elle assume son désir et sa sexualité.

Le personnage de Marie-Claude le dit à un moment donné dans le film « Le sexe lié à l’amour est le seul légitime pour les femmes». Une femme qui baise pour le plaisir de la chose, avec divers partenaires est vue comme une salope. Alors que cela est accepté par les hommes. Donc, j’ai trouvé ça intéressant de voir enfin une femme assumer sa sexualité, car c’est une réalité qui est peu exploitée au cinéma et c’est un sujet qu’on n’aborde pas dans la vie.

Nathalie Cavezzali

Une femme qui a des amants en secret de sa famille, cela surprend, mais cela existe plus que l’on ne pense. Ce n’est juste pas très accepté et donc c’est prévisible que ce film dérangera plusieurs personnes. Pour ma part, je salue l’audace de Renée Beaulieu et le traitement sobre et respectueux qu’elle a fait de ce sujet.

Naturellement, ce qui rend ce film aussi crédible et intéressant, c’est la performance époustouflante de Brigitte Poupart. Elle habite complètement son personnage. Ce n’est surement pas un rôle très facile à jouer, car Brigitte met son corps de l’avant dans ce film, en plus d’avoir des scènes très intimes avec de multiples partenaires. De plus, elle rend très crédible cette femme qui assume pleinement sa sexualité, sans avoir l’air d’une salope justement. On peut la sentir froide et peu empathique envers les femmes qui jouent à la victime ou qui n’assument pas leurs propres désirs, et je trouve qu’elle nous donne un personnage féminin vrai et en harmonie avec ses valeurs et ses actions.

Vincent Leclerc joue le mari qui prend mal la découverte de la double vie de sa femme, alors qu’ils étaient supposément dans un couple ouvert.  Il donne une performance juste et crédible de son personnage. Pour ma part, j’ai adoré aussi le rôle de la copine de Marie-Claude, Mathilde, joué avec brio par Nathalie Cavezzali. Elle est amusante à voir chercher le grand amour, la stabilité, la famille,  alors qu’elle enchaine les aventures au même rythme que ses verres de vin. Et il y a aussi la fille préadolescente de 14 ans, qui aime la sexualité aussi (Romane Denis) ainsi que la mère sensuelle (Louise Portal) de Marie-Claude qui ne donne pas sa place. On le voit bien ici que l’hérédité en matière de désir et pulsions sexuelles ça existe et c’est très bien représenté avec ce film et ces femmes chaudes et aimantes.

Vincent Leclerc

Un des moments forts pour moi, c’est lorsque survient un événement d’accusation d’agression sexuelle qui n’est pas sans rappeler le mouvement #MeToo. Et encore une fois, certains pourront être choqués de voir la position du personnage principal concernant cet événement. Et c’est là que l’on voit qu’il y a des zones grises dans toute situation…

Ce film suscitera bien des réactions et des discussions et c’est très bien comme ça!

Les salopes ou le sucre naturel de la peau de Renée Beaulieu a été présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto, puis au CineFest de Sudbury avant d’être projeté en première au Festival du nouveau cinéma de Montréal. Il prendra l’affiche au Québec le 2 novembre prochain.

LISTE ARTISTIQUE

Brigitte Poupart    Marie-Claire Dubé

Vincent Leclerc  Adam Santerre

Nathalie Cavezzali   Mathilde

Romane Denis    Katou

Pierre Kwenders  Émile

Normand D’amour  Alexandre

Charlotte Aubin  Sofia Bukofski

Paul Ahmarani   Louis

Hubert Proulx  Le vétérinaire

Louise Portal  Margot

Sophie Clément   Juliette

Joseph Delorey  Virgile

Pierre-Yves Cardinal  Mathéo

Guillaume Gauthier  Ludovic

Éliane Gagnon  Étudiante

André-Marie Coudou  Joseph

LISTE TECHNIQUE

Scénario, réalisatrice et productrice  Renée Beaulieu

Producteurs associés   Ian Quenneville et Ian Oliveri

Producteur consultant   Robert Lacerte

Directeur de la photographie  Philippe St-Gelais

Montage    Renée Beaulieu  et Martin Bourgault

Conception sonore   Benoît Dame

Musique  David Thomas

Directrice artistique  Léa Parent-Pothier

Durée :  1h38

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crédit photos : Courtoisie