Le baryton anglais Simon Keenlyside a séduit totalement le public au Club musical de Québec lors d’un concert au Palais Montcalm

Le baryton Simon Keenlyside

En cette soirée bien hivernale du 27 novembre à Québec, un public nombreux, très attentif, sans toux dérangeante, a accueilli le baryton Simon Keenlyside, accompagné par le pianiste écossais Malcom Martineau.

Prenant la parole avant le concert, Marie Fortin, directrice générale du Club musical a annoncé l’inversion des œuvres présentés au programme. Et ce fut le bon choix à faire car les mélodies françaises de Ravel et de Poulenc étaient intéressantes, tout à fait ravissantes et rejoignaient grandement l’auditoire présent par ses textes en français.

Les lieder de Schubert évoquent magnifiquement des sentiments tristes, des allégories utilisant la nature. Ils datent de la dernière période de production de ce compositeur. Or ces chants en allemand sont rendus parfaitement par le baryton. La diction précise génère de l’émotion avec ces poèmes qui nous touchent.

Il en est de même pour les lieder de Brahms. Les amours déçues, tourmentées dans l’esprit romantique de l’époque permettent à Simon Keenlyside de nous démontrer toute la force de son art. Il sait avec tellement de nuances rejoindre le public. Ce chanteur en comparaison avec d’autres artistes lyriques n’est pas statique. Il se déplace amplement sur la scène. Le contact est chaud, intense, très physique. Le visage est bien expressif. Le ton de la voix s’élève fortement, intensément ou en toute douceur et finesse pour notre meilleure compréhension du propos chanté. Une grande musicalité incarnée !

Une bonne partie du récital comporte une belle illustration de la version française du lieder, si l’on veut, soit celle de la mélodie. Avec les compositeurs retenus, Poulenc et Ravel, on aborde la modernité du chant français. Soulignons entre autres « Quatre poèmes de Guillaume Apollinaire » et le « Le travail du peintre : Sept mélodies sur des poèmes de Paul Éluard ». De Maurice Ravel, dans le même esprit, il y aura « Histoires naturelles ». Ces mélodies françaises nous permettent d’admirer la vaste polyvalence de Simon Keenlyside. La prosodie française chantée du baryton est parfaite. Mentionnons le travail tellement utile et impeccable de Hélène Bélanger qui fournit aux spectateurs des surtitres toujours justes et en temps, en accord avec le chanteur constamment.

Le pianiste Malcom Martineau

Enfin, mentionnons la qualité d’accompagnement du pianiste écossais Malcom Martineau, grand complice musical depuis nombre d’années de Keenlyside. Un raffinement musical constant, remarquable. Un des meilleurs pianistes-accompagnateurs entendus à Québec. D’ailleurs, au cours du concert, il a offert seul au piano une magnifique « Pavane », tirée de la Suite française d’après Claude Gervaise de Francis Poulenc.

En fin de concert, le public a été immensément généreux dans ses applaudissements avec ces artistes. À tel point que Simon Keenlyside et Malcom Martineau ont accordé trois rappels.

 

 Le programme du concert :

Johannes BRAHMS

Nachtigallen schwingen lustig [Les rossignols agitent joyeusement (leurs ailes)] op. 6, n6

Verzagen [Abattement], op. 72, n4

Über die Heide [À travers la lande], op. 86, n4

O kühler Wald [Ô fraîche forêt], op. 72, n3

Nachtwandler [Le somnambule], op. 86, n3

Es schauen die Blumen alle [Les fleurs regardent toutes], op. 96, n3

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Francis POULENC

« Paganini », tiré des Métamorphoses, FP 121 (n3)

Quatre poèmes de Guillaume Apollinaire, FP 58

« Pavane », tirée de la Suite française d’après Claude Gervaise, FP 80b – piano solo

Maurice RAVEL, Histoires naturelles
 

 

Francis POULENC, Le travail du peintre : Sept mélodies sur des poèmes de Paul Éluard, FP 161
Franz SCHUBERT

« Liebesbotschaft » [Message d’amour], tirée du Schwanengesang [Le chant du cygne], D. 957, no 1

Alinde [Alinda], D. 904

Ständchen [Sérénade], D. 889 (« Horch, horch! Die Lerch » [Écoute, écoute! L’alouette (chante)])

An die Leier [À la lyre], D. 737

Nachtstück [Nocturne], D. 672

An den Mond in einer Herbstnacht [À la lune, par une nuit d’automne], D. 614

Herbstlied [Chant d’automne], D. 502

« Abschied » [Adieu], tiré du Schwanengesang, D. 957, no 7

 

Crédits-photos : Uwe Arens et courtoisie

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