Nassim, Célébrer en force le pouvoir rassembleur du langage. Authenticité, humanité et tendresse au rendez-vous!

NASSIM

Pour le premier spectacle en salle de sa 20e présentation, le carrefour international de théâtre de Québec frappe fort et tendrement avec la pièce Nassim au théâtre Périscope, présenté le 24 mai dernier. La barre est haute pour le reste des spectacles à venir. S’ils sont tous de cette qualité, on peut s’attendre à un 20e carrefour mémorable! 

Résumé : À chaque représentation, un nouvel acteur ou une nouvelle actrice monte sur scène. Ne connaissant au préalable rien du spectacle, il ou elle découvre en même temps que le public la partition à interpréter. De connivence avec les spectateurs, guidée par l’auteur qui lui transmet des instructions par vidéo, il ou elle éprouve et dévoile simultanément l’expérience qui lui est proposée. Par cette astuce théâtrale savamment construite, NASSIM transgresse les conventions scéniques et établit une délicate et singulière connexion entre l’interprète et l’assistance, redéfinissant tant leurs rôles que celui du metteur en scène.

Yeki Bood, Yeki Nabood, (Il était une fois), un dramaturge iranien, qui, ne pouvant pas sortir de son pays, a créé des pièces qui ont voyagé sans lui. Ses textes étaient toujours interprétés par des acteurs locaux différents chaque soir, partout dans le monde. Maintenant apte à voyager, il accompagne sa nouvelle œuvre NASSIM à la découverte du monde, tout en nous faisant découvrir son monde à lui.

Tel que mentionné dans le résumé de son spectacle, l’actrice de Québec, Valérie Laroche s’est présenté sur scène avec comme seule consigne, de lire, au micro, le texte qui lui est proposé, page par page, sur l’écran géant devant elle, par l’auteur du texte, dont on ne voit que les mains manipuler les feuilles.

Texte à découvrir page par page.

Dès le départ, les spectateurs sont complices de Valérie et vont, tout au long du spectacle, interagir avec elle, pour l’aider à accomplir ce que l’auteur lui demande. Quel beau saut dans le vide pour Valérie, dont on sent la fébrilité dès qu’elle se présente devant nous! Cela prend tout un courage d’offrir sa confiance absolue à cet étranger qui lui présente sa partition, une page à la fois. Et c’est là que l’on voit à l’œuvre les stratégies d’une bonne actrice. Faire confiance aveugle en son metteur en scène et être à l’écoute de son partenaire. Et c’est sous nos yeux qu’opère alors la chimie entre ces deux interprètes, qui, au fil des minutes qui s’écoulent, des pages qui se tournent, tissent des liens, s’apprivoisent et deviennent amis.

Cette pièce est touchante et drôle à la fois. Elle est empreinte d’une belle authenticité, une douce fraicheur et une sublime humanité. Cela nous montre le réel pouvoir du langage. Avec ce spectacle, on va à la rencontre de l’autre, à la découverte d’une autre culture et à l’apprentissage d’une langue étrangère. Cette belle ouverture vers l’autre fait en sorte qu’il y a des rapprochements, et c’est agréable de les voir ainsi s’apprivoiser mutuellement. Cette pièce est magnifiquement bien construite.  Avec ce récit à la fois autobiographique, avec photos personnelles à l’appui, et conte plus philosophique, NASSIM nous fait vivre une expérience humaine inoubliable. Nassim, avec ce spectacle,  rend hommage à ses racines, à sa mère et à sa langue maternelle. Et il nous fait réfléchir sur la richesse des autres cultures, la beauté des relations humaines, l’immigration, l’exil, l’acceptation des différences lorsqu’on est ouvert à l’autre, la découverte de similitudes malgré nos différences. On ressort de la salle avec un sentiment de bien-être, de tendresse et un sérieux goût d’aller serrer notre propre maman dans nos bras.

Entretien avec les artistes le 24 mai après le spectacle

Nassim Soleimanpour

Après le spectacle, le public a été choyé de pouvoir jaser avec le créateur Nassim Soleimanpour, l’actrice Valérie Laroche et la directrice du carrefour, Marie Gignac.

Ainsi, on apprend que Québec est la 30e ville dans laquelle ce spectacle a été joué. De plus, le français est la 12e langue dans laquelle, la pièce a été traduite. Nassim en est à sa 320e représentation, et il arrive récemment de New York où la pièce a été jouée pendant 4 mois. Nassim mentionne qu’il réussit à apprendre de plus en plus de mots dans chacune des langues où il est joué, mais il ne parle couramment que le Farsi, l’allemand et l’anglais. Ne parlant pas assez le français, c’est plutôt en anglais qu’il répond aux questions.

Valérie Laroche dit avoir adoré son expérience et qu’elle n’en dormira probablement pas cette nuit, vu son état d’excitation et d’adrénaline si élevé.

Nassim mentionne également que l’appel qu’il place à sa mère à la fin du spectacle est bel et bien réel. Ce n’est pas un enregistrement. Il en profite tous les soirs de spectacles pour parler à sa maman à chaque représentation.

La pièce sera présentée à nouveau le 25 mai et le 26 mai à 16 h avec deux autres actrices locales.

Artiste local invité :

Valérie Laroche le 24 mai

Érika Gagnon le 25 mai

Anne-Marie Olivier le 26 mai

Texte et Interprétation :   Nassim Soleimanpour

Mise en scène Omar Elerian
Scénographie Rhys Jarman
Conception sonore James Swadlo
Conception d’éclairages Rajiv Pattani
Direction de production Michael Ager
Régie Kacey Gritters
Scriptes Carolina Ortega et Stewart Pringle
Production Bush Theatre
Coproduction
Nassim Soleimanpour Productions

Théâtre Périscope 1h20 (sans entracte) En français et en farsi

Pour le reste de la programmation visitez : https://www.carrefourtheatre.qc.ca/

 Crédit photos : Courtoisie David Monteith Hodge, Studio Doug et le carrefour international de théâtre.