Digressions et autres détours avant de jouer, un programme double cinéma/théâtre fascinant avec buffet à l’entracte, que demande de mieux!

Eve Bonfanti et de Yves Hunstad,

Pour les 20 ans du Carrefour, il était tout naturel d’avoir une œuvre de Eve Bonfanti et de Yves Hunstad, créateurs de la compagnie La Fabrique imaginaire, des collaborateurs de longue date du Carrefour international de théâtre de Québec. Et c’est avec un film et un spectacle, autour des thèmes du processus créatif et de la complexité du cerveau,  qu’ils nous proposent ces deux œuvres en une, «Digressions et autres détours avant de jouer» entrecoupés d’un repas facultatif.

Résumé : Eve Bonfanti et Yves Hunstad proposent un événement cinématographique et théâtral, véritable immersion au cœur de leur processus créatif. Tout d’abord, la projection d’un film : Le plaisir du désordre, documentaire signé Christian Rouaud portant sur les trois premières années de recherche, d’écriture et de répétition de leur spectacle L’heure et la seconde. À l’entracte, un buffet chaud et froid est proposé au Zinc, le bar éphémère du festival, dans une formule 5 à 7. Ensuite, la représentation de la pièce Digressions et autres détours avant de jouer, où les deux protagonistes du film, ici sur scène, poursuivent la création aventureuse de leur spectacle : la première officielle aura lieu dans quelques jours en ouverture d’un important festival de théâtre contemporain. Le défi est de taille et le temps file incroyablement vite…

Le Film documentaire Le plaisir du désordre

documentaire et spectacle

Avec ce film, on nous propose un supposé documentaire sur la création de leur pièce La plaisir du désordre. Mais dans les faits, tout ce qu’on y voit et y entend a été minutieusement écrit à la virgule près. Eve Bonfanti et Yves Hunstad sont passés maitres de l’art de faire semblant d’improviser. Et cela les sert très bien dans cette œuvre à la fois très ingénieuse et fascinante sur le processus de création.

Car au fil de ce documentaire, on apprend et on comprend mieux « l’univers imprévisible de la création ».  On voit comment ça peut se passer lors des répétitions, les essais et erreurs, les discussions, les échanges d’idées. Bref, c’est extrêmement intéressant de voir évoluer un spectacle dès ses premiers balbutiements.

Le point fort de ce film, pour moi, c’est de voir jouer Yves Hunstad, de le voir supposément improviser des scènes, des monologues, un accent québécois même, car il dit que « Prendre un accent ça ouvre son imaginaire d’acteur.» Même si on sait que tout est déjà écrit d’avance, on se laisse prendre au jeu de l’improvisation. Yves Hunstad est un vrai bouffon, qui fait des pitreries et dont les mimes et gestuelles nous font imaginer ce chien qui jappe et court partout, nous fait croire en ce chef de mission québécois qui raconte les péripéties de madame Gendron. Bref, il est un acteur savoureux.

J’adore la manière dont Ève et Yves cassent les conventions. Ils nous proposent de voir un chou-fleur comme étant un cerveau et d’y voir dans ce cerveau, tous les éléments que l’on retrouve dans leur pièce. Le côté rationnel de l’histoire, l’imagination qu’il faut pour croire à ce chien qui n’y est pas vraiment. Le côté émotionnel et la créativité qui est générée aussi par ce cerveau.

Au final, ce film nous fait voir que dans un processus de création,  «On ne va jamais si loin que lorsque qu’on ne sait pas où l’on va.»

Le spectacle Digressions et autres détours avant de jouer

Sur scène

Après un succulent repas, dans un style 5 à 7 au Zinc, le bar éphémère du festival, le public retrouve Ève et Yves, sur scène pour la présentation de leur pièce L’Heure et la seconde. Mais, la pièce ne peut pas y être présentée vraiment, car il manque les autres acteurs de la pièce et les techniciens, qui sont déjà tous en route pour le festival de Whitehorse, qui aura lieu dans 2 jours. Donc, au lieu de nous présenter la pièce, Ève et Yves vont nous donner un avant-goût de la pièce, nous en jouer quelques scènes, avec Fred le régisseur qui va les aider avec les effets d’éclairages.

C’est tellement ludique, excentrique et audacieux comme idée, que le spectateur en est complètement déstabilisé. Ève et Yves sont sur scène et ils parlent au public de cette pièce qu’on est venu voir, mais qu’ils ne feront pas. Ils bafouillent, réfléchissent à voix haute sur ce qu’ils peuvent nous présenter, discutent avec le technicien dans la régie, et Ève va même dans le public distribuer des papiers et crayons aux gens,  pour écrire des questions qu’ils voudraient leur poser, après la pièce lors de l’entretien avec les acteurs. C’est surréaliste. Et pourtant, la pièce est réellement commencée. Car, on semble si bien l’oublier, que tout est écrit ainsi.

Ainsi, après près de 30 minutes à parler au public et entre eux, ils décident de nous présenter un extrait de ladite pièce. C’est donc, un auteur, joué par Yves Hunstad, qui réfléchit à la création d’un spectacle, alors qu’un personnage venu de l’espace va apparaître et va entrer dans le cerveau de l’auteur, pour ainsi imaginer le début de sa pièce.  L’auteur nous raconte une pièce dans une pièce. C’est en fait l’histoire de son histoire. C’est tellement ludique. Et c’est amusant de revoir des extraits de la pièce qu’on a vue se construire dans le documentaire juste avant.

L’auteur dans son fauteuil

Il y a des moments très drôles et d’autres plus poétiques dans ce cafouillis qui se déroule devant nous. Il y a aussi très souvent des jeux de mots, des réflexions très à propos sur le cerveau, la création, l’improvisation, l’imagination. Il faut être très attentif pour tout saisir, dans ces hésitations, ces réflexions à voix hautes qu’ils échangent. On peut dire que la Fabrique imaginaire porte bien son nom. Elle fabrique des idées que le public doit imaginer. Et j’aime bien la fin de la pièce qui nous laisse sur des jeux de mots savoureux, lorsque l’auteur vient d’apprendre que sa maison d’édition ne serait pas intéressée à éditer son livre. Il dit : «Il va falloir méditer là-dessus. Je vais m’éditer moi-même… Écrire c’est une façon de méditer.»

Entracte – Repas

Buffet chaud et froid proposé par Pastissimo, au coût de 15$ (en supplément du prix du billet), que l’on pouvait acheter en même temps que l’achat du billet du spectacle.

Menu

Brochette de légume grillé et polenta frit
(Poivrons, oignon rouge, courgette et cube de polenta au parmesan et origan frais grillé)

 Verrine Ceviche de tilapia aux agrumes
Tilapia cuit à froid, zeste d’orange et de lime, coriandre, poivrons, oignon et piment fort

Tartare de bœuf classique, chips marmite
Ail, Dijon, œufs, câpres, cornichon, huile d’olive, paprika fumé, vinaigre de vin rouge

Humus de betterave, pain libanais à la feta
Tartinade de pois chiche et betterave rouge, pain plat, épice za’taar et feta fraîche

Salade tiède de pomme de terre paysanne (portion sans lardon disponible)
(pomme de terre grelot, lardon grillé, cornichon et oignon mariné, vinaigrette crémeuse au raifort et estragon

Brochette de kefta de bœuf et sauce à la menthe
(Bœuf haché mariné, oignon, coriandre et cumin )

Chili végétarien gratiné
(lentille, mais, feve noir, poivron, oignon, ail cumin piment jalapenos, cheddar fondant)

?Belgique
?Film : 1h45 et spectacle 2h10. Entracte entre les deux.

De et avec Eve Bonfanti et Yves Hunstad (Bruxelles) La Fabrique Imaginaire

CINÉMA + BUFFET + THÉÂTRE

Théâtre La Bordée

6h00 (avec entracte)

Documentaire (1 h 45) suivi d’un buffet (formule 5 à 7) et du spectacle (2 h 10)

Documentaire Christian Rouaud
Conception, texte et interprétation Eve Bonfanti et Yves Hunstad
Chant Lola Bonfanti
Voix de l’enfant Moïno Bonfanti
Lumières et son Léonard Clarys
Direction d’acteurs Monique Cappeau
Participation artistique Gaetan van den Berg
Diffusion Laurence Fabre (Drôles de Dames)
Production La Fabrique Imaginaire
Avec le soutien du CIRCA Auch, de la Villette Résidence d’artistes-Paris, du théâtre des Doms Résidence d’artistes-Avignon, du théâtre Aghja, Résidence d’artistes-Ajaccio.

Remerciements à Simonne Moesen, Etienne Vanderbelen et Madame Gendron.

https://www.carrefourtheatre.qc.ca/

Crédit photos : La Fabrique imaginaire