La Distillerie Stadaconé : Point de jonction entre traditions, cultures et origines

Distillerie Stadaconé

Officiellement ouverte le 27 juin 2019, la Distillerie Stadaconé est en pleine croissance. Elle se distingue par ses produits artisanaux et par l’expérience immersive, riche en histoire et en rencontres, qu’elle nous fait vivre. Portrait de cet endroit unique en Amérique du nord.

 

 

 

On accède à la Distillerie Stadaconé par un étroit passage

Le bâtiment situé au 235, 2e Rue, à Québec, fait partie de notre histoire, m’explique Jean-Pierre Allard, actionnaire principal de l’entreprise. Il se dresse à mi-chemin entre l’endroit où se trouvait le campement de Jacques Cartier en septembre 1535 et le village iroquoien de Stadaconé. C’est ici, aux abords de la rivière Saint-Charles, à Limoilou, que nos spiritueux artisanaux sont distillés, inspirés par cette rencontre historique entre deux peuples distincts.

 

 

 

Jean-Pierre Allard, en conférence de presse lors de l’octroi d’une subvention d’Investissement Québec

Lors de mon arrivée à la distillerie, Jean-Pierre discute avec des visiteurs autour du bar. Il est 19 h 15. Il a le sourire aux lèvres et l’œil vif. D’entrée de jeu, il me raconte comment l’aventure a commencé pour lui et ses associés Jonathan Chrétien et Alexandre Thomas. Je découvre qu’il y a eu plusieurs étincelles…

Le désir d’avoir sa business, comme il dit, a toujours été en lui. Il expérimente sa première fibre entrepreneuriale entre son secondaire 5 et le cégep. Cet été-là, il engage des jeunes, délimite un parcours de vente et gère 5 triporteurs de crème glacée !

Durant son parcours académique à l’Université de Sherbrooke, la Faculté de génie obtient une entente avec le microbrasseur Unibroue (alors que les autres facultés transigent avec Labatt ou Molson), Jean-Pierre s’occupe du contrat et négocie directement avec le président d’Unibroue de l’époque. Il a 20 ans. Il tient si bien les rênes pendant trois ans qu’on le surnomme Monsieur Unibroue à l’université. « J’en garde d’excellents souvenirs, j’organisais des partys, des lancements de nouveaux produits avec Robert Charlebois. Quand j’ai fini mon bac, je me suis acheté 100 actions pour 200 $ pour pouvoir aller l’assemblée des actionnaires à chaque année pour revoir le monde que je connaissais ».

Aux cours des 20 dernières années, Jean-Pierre Allard travaille comme ingénieur au sein d’entreprises qui connaissent de très forte croissance. Chez Optel, par exemple, le nombre d’employés passe de 35 à 1 000 durant son séjour. Il est chargé du produit qui deviendra LE produit récoltant 96 % des ventes. « Je relevais du Président, j’ai ouvert un bureau au Brésil, j’ai développé des affaires en Inde. J’ai eu beaucoup beaucoup de chance, de voyager et de vivre des expériences que je n’aurais jamais eu les moyens de faire par moi-même ». Ses yeux brillent. De toute évidence l’entrepreneur carbure à l’effervescence des grands succès !

Arrive le moment où Jean-Pierre recherche de nouveaux défis. Il vient de franchir le cap de la quarantaine et son désir de lancer son entreprise se fait plus pressant que jamais. « Quand je suis arrivé à 42 ans, je me sentais comme un épais qui reste pareil, alors, bref ».

En octobre 2017, après 8 années de travail super le fun chez Optel, il fait le grand saut, il met en vente son condo et s’en va en appartement. « J’ai pris l’argent que j’avais accumulé depuis 20 ans en achetant et en vendant des maisons et j’ai monté mon plan d’affaires, tranquille ». « J’avais 5 idées, dont une distillerie ».

Alexandre Thomas, Jonathan Chrétien, Jean-Pierre Allard, fondateurs de la Distillerie Stadaconé

Octobre 2018, Alexandre Thomas et Jonathan Chrétien, deux anciens collègues de Jean-Pierre qui caressaient eux aussi le projet de créer leur propre entreprise, sautent dans l’aventure. Jonathan (qui vient tout juste de nous rejoindre) se souvient « On savait que Jean-Pierre partait en affaires. Il nous a présenté deux trois projets et on s’est dit pourquoi pas. Moi, c’est par passion que j’ai embarqué, je suis un collectionneur de gin ! ».

« On n’a pas arrêté, un vrai marathon », poursuit Jean-Pierre. « C’est comme une course contre la montre parce qu’il y a une espèce d’effet domino des choses à faire au niveau réglementaire ».

Et force est de constater que les habiletés professionnelles et la personnalité des co-fondateurs de la Distillerie Stadaconé se complètent très bien. Si bien qu’avec son énergie à revendre, Jean-Pierre fait office de leader officiel, pendant que Jonathan, le créatif, peut sortir en trois secondes des idées qui prendront 300 heures à réaliser, en passant par Alexandre, le cartésien, pilier indispensable dans l’exécution du travail et la promotion.

Beaux moments et anecdotes
La route vers l’ouverture officielle a été parsemée de plusieurs beaux moments et d’anecdotes, comme par exemple, « le jour où l’on a eu notre permis d’utilisation, on tripait » ou « quand la SAQ a décidé de prendre les trois produits et pas juste un comme on nous avait dit au début ou « lors de la dégustation à l’aveugle réalisée auprès de 200 personnes et au cours de laquelle nos gins sont arrivés numéro 1 et numéro 2 » ou encore « le moment où ma fille de 13 ans (de Jean-Pierre) a véritablement pris conscience du fruit de tout ce remue-ménage entrepreneurial », témoignent les associés.

Vue partielle de la boutique

La boutique, le jeu d’évasion et les gins artisanaux

Créer quelque chose d’authentique, laisser sa marque et faire les choses « comme du monde » demeurent les leitmotiv des trois associés. Ils ont créé un endroit unique pour donner l’impression, autant aux connaisseurs qu’aux néophytes, de découvrir une petite perle cachée. Et c’est réussi !

Primo, l’aménagement de la boutique – vous aurez un coup de cœur pour le bar – et la fresque de 15 mètres sur 5 mètres qui orne les murs, donnent un effet WOW, moderne et raffiné. La fresque représente le paysage que Jacques Cartier apu admirer avant d’arriver à Stadaconé.

Logo

Secondo, le logo est également porteur d’histoire. Il a été réalisé par des amis, anciens ébénistes. Il représente un canot, qui fait référence aux Amérindiens, vu de haut avec le banc et le cordage. « Le canot s’en va vers la gauche, donc vers le passé, parce que notre projet fait référence au passé, on veut aussi intéresser les gens à l’histoire dans tout ça », soutient Jean-Pierre Allard. La lune, au centre, est aussi un symbole intéressant pour les Premières Nations tandis que l’œil est celui de l’explorateur qui regarde par sa lunette. Quatre points cardinaux encerclent l’œil. « On décèle aussi le chiffre 22 en chiffre romain qui réfère à la date d’ouverture de la distillerie et le chiffre 11 qui est pour nous un chiffre magique puisque nous nous sommes incorporés le 11ième jour du 11ième mois à 11 heures 11, photos à l’appui », s’enthousiasme l’actionnaire principal.

Vue partielle du jeu d’évasion

Tercio, le jeu d’évasion… nous transporte sur un navire à l’époque des explorateurs. Une expérience immersive – effets olfactifs, sonores et thermiques compris ! – alliant histoire, découvertes et surprises. À vivre absolument.

Par ailleurs, toujours dans le but de bonifier l’aventure, les trois hommes d’affaires travaillent actuellement avec un traiteur pour développer des accords mets-gins. La nouvelle offre corporative sera lancée sous peu. Renseignez-vous ! Vos célébrations pourraient être mémorables !

Espace de fabrication

Quatro, des gins authentiques, faits à partir de canneberges, de productions autochtones, d’épices d’importation privée et… de combinaisons géniales. Pour trouver leur nom, le trio d’entrepreneurs s’est inspiré des labels du whisky Johnnie Walker.

Ainsi le Stadaconé ROUGE et le Stadaconé BLEU font référence à la couleur obtenue lors de la macération de certains ingrédients. « La macération de canneberges donne une couleur légèrement cuivrée, on l’a associé naturellement au ROUGE, on savait aussi que la fleur de pois papillon donnait la couleur bleue, donc le BLEU. Le Stadaconé NOIR, c’est notre primeur, et comme le noir est souvent associé au luxe et à l’élégance, on a opté pour le NOIR ». Simple. Efficace.

L’embouteillage du BLEU

Loin de suivre toujours la même recette avec des aromates coulées dans le béton qui donne finalement un résultat industrialisé « Nous, on est dans la mouvance », « On met beaucoup moins de genévrier alors ils sont beaucoup plus doux, ils se boivent même purs », me dit Jean-Pierre. Et son préféré ? Le NOIR, pour sa complexité ! « Tu le sens, il ne goûte pas du tout ce qu’il sent, et quand tu avales, ce qu’il va te rester sur la langue sont les huiles issues de la macération, ici c’est le goût de la citronnelle, parce qu’on met des feuilles de combava ».

Début septembre 2019, les bouteilles des trois smooth gin doux de la Distillerie Stadaconé du quartier Limoilou à Québec seront sur les tablettes de la Société des Alcools du Québec. Vous ne pourrez pas les manquer : l’étiquette blanche présente un hublot à bordure doré duquel, si l’on regarde à travers, on aperçoit un explorateur avec sa lorgnette. Super idée !Éco-responsable, sachez enfin que la Distillerie Stadaconé remettra 2 $ pour chaque bouteille vide rapportée chez elle.

Alors comme le souhaite Jean-Pierre Allard, « donnez-vous une chance, venez nous voir, même si vous n’aimez pas le gin », « Chaque fois que les gens entrent ici, c’est la surprise », conclut Jonathan.

Trois visiteurs avec Jonathan Chrétien, co-propriétaire

Juste avant que je quitte les lieux, trois personnes se sont pointées à la porte. Est-ce qu’on peut entrer ? C’est tellement mystérieux ici !

Quoi dire de plus….

 

 

Distillerie Stadaconé
235, 2e Rue
418 914-3773
https://stadacone.com

Crédit-photo : Louise Vachon et Courtoisie